[ Notes sur un problème sans fin assignable]
Les Japonais se souviennent, quatre ans après
Certes un danger extrême est écarté: Le coeur du réacteur 4, vide au moment du tsunami,
n'a pas fondu. Toutefois, sa piscine de désactivation, pleine et
fragilisée, représentait un important danger qui a été supprimé par le
retrait, achevé en décembre dernier, des 1.533 assemblages de
combustible qui s'y trouvaient (à peu près autant que ce qu'il reste
dans les réacteurs 1, 2 et 3).
Une opération complexe qui s'est heureusement déroulée sans incident, souligne "Le Figaro".
"C'est un progrès important pour Tepco, car la piscine du réacteur 4
était celle qui contenait à la fois le plus de combustible et celui qui
était le plus chaud", précise Thierry Charles, directeur général
adjoint, chargé de la sûreté nucléaire à l'Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN), cité par le quotidien..."
Mais, mais on a trop longtemps minimisé des faits, par peur et par intérêt. Fukushima reste un paradoxe.
La bataille de la décontamination ne fait que commencer
Plusieurs dizaine d'années de travaux seront nécessaires pour aboutir à une solution encore difficile à entrevoir. Aucune avancée notable n'a été réalisée sur la tâche majeure : la
localisation et les moyens à mettre en oeuvre pour récupérer les
"débris", à savoir le combustible fondu qui a pu transpercer la cuve
sous pression et l'enceinte de confinement de ces trois réacteurs....S'ajoutent à cela de multiples imprévus, comme un large trou qui s'est formé dans la couverture protégeant le réacteur 1,
à la suite d'une rafale de vent, mais surtout le problème récurrent des
fuites radioactives. Ainsi, fin février, des capteurs fixés sur une
conduite d'évacuation d'eaux de pluie et souterraines ont par exemple
mesuré des taux de radioactivité jusqu'à 70 fois supérieurs aux valeurs déjà très élevées enregistrées sur le site.."
Le problème de l'eau contaminée et des déchets est extrêmement préoccupant et on continue à ne pas faire confiance aux communiqués de Tepco.
Une situation inextricable pour une population désemparée.
Malgré l'hostilité de l'opinion japonaise, la relance du nucléaire est programmée.
______En Europe et même dans le monde, la France reste l'exception.
L'improbable est pourtant possible...
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-Malgré les risques, le Japon s’obstine à vouloir rebrancher ses réacteurs nucléaires:
"...Le 22 février 2015, une nouvelle fuite hautement radioactive est
détectée sur la centrale dévastée de Fukushima. Une eau 70 fois plus
radioactive que le reste du site se déverse dans l’océan. Une
défaillance de plus sur ce champ de ruines nucléaires, théâtre d’un
cauchemar qui n’en finit pas : 6 000 ouvriers soumis à de fortes
radiations quotidiennes, un démantèlement dangereux qui devrait prendre
40 ans, et, selon Greenpeace Japon, 120 000 « réfugiés nucléaires » qui
ne peuvent toujours pas rentrer chez eux.
L’opérateur Tepco (Tokyo Electric Power Company) utilise chaque jour
300 tonnes d’eau pour refroidir ce qui reste du cœur et des barres de
combustibles fondues des trois réacteurs. 370 000 tonnes de ces eaux
hautement contaminées sont entreposées dans plus d’un millier de
citernes gigantesques, dont la fiabilité inquiète l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA). Chaque mois, des dizaines
de nouveaux réservoirs sont construits. Les estimations du coût total de
la catastrophe du 11 mars 2011 varient. En 2011, le gouvernement a
avancé le chiffre de 257 milliards de dollars.___Ce tableau apocalyptique ne semble pourtant pas dissuader le
gouvernement du conservateur Shinzo Abe de vouloir reprendre dès cette
année le chemin de l’atome. Depuis septembre 2013, le Japon est de facto
non nucléaire : la totalité de ses 48 réacteurs en état de
fonctionnement est à l’arrêt. Mais depuis fin 2014, les autorités de
sûreté nucléaire ont donné leurs premiers feux verts pour la relance de
quatre réacteurs : deux réacteurs de la centrale de Sendai, située sur
l’île de Kyushu – dans le voisinage d’un volcan toujours actif – et deux
réacteurs de la centrale de Takahama, dans la préfecture de Fukui.______
Les sondages montrent pourtant de façon consistante qu’une majorité
de Japonais s’opposent à une reprise du nucléaire. Plusieurs anciens
premiers ministres ont tiré à boulets rouges sur l’entêtement atomique
de Shinzo Abe. « Les centrales nucléaires sont des bombes à retardement », accuse par exemple Junichiro Koizumi (en fonction de 2001 à 2006). Dans un Japon soumis à de fréquents séismes et aux nombreux volcans actifs, « elles ne peuvent jamais être sûres ».
Naoto Kan, premier ministre lors de l’accident de Fukushima, a déclaré
lors d’une audition parlementaire en 2012 que le désastre avait failli
provoquer l’évacuation de la capitale Tokyo et de ses 30 millions
d’habitants, ce qui aurait provoqué « l’effondrement » de la nation. Naoto Kan en conclut que les conséquences d’un accident nucléaire sont « trop importantes » pour en accepter le risque.
« Ni le gouvernement, ni les compagnies d’électricité, n’ont tiré la moindre leçon de Fukushima », martèle Kazue Suzuki, de Greenpeace Japon. Une accusation reprise par bon nombre de gouverneurs locaux, opposés à la relance des centrales
situées dans leur préfecture. Mais Shinzo Abe cherche à dédramatiser.
En octobre dernier, pour dissiper les peurs et rassurer les
consommateurs, il convoque les caméras pour déguster une tranche de poulpe pêché au large de Fukushima.
Sa réélection sans réelle opposition le 14 décembre le conforte dans
ses ambitions… soutenu par le très puissant lobby pro-atome, surnommé le
« village nucléaire » (genshiryoku mura), constitué
d’industriels, de politiciens, de bureaucrates et des dix puissantes
compagnies d’électricité détentrices, chacune, d’un monopole régional.
Pourquoi une telle obstination ? Le premier argument avancé est économique. Avant la catastrophe de mars 2011, 28 %
de l’électricité japonaise était nucléaire. Depuis l’arrêt des
réacteurs, selon le ministère de l’économie, du commerce et de
l’industrie (METI), les factures d’électricité des particuliers ont
bondi de 20 %. Celles des entreprises, de 30 %. « Le
Japon gaspille 40 milliards de dollars par an pour importer du gaz, du
charbon et de l’essence destinés à pallier l’arrêt du nucléaire. Cela
représente 100 millions de dollars par jour ! » explique à
Mediapart Nobua Tanaka, ancien directeur exécutif de l’Agence
internationale de l’énergie (AIE) et professeur à l’université de Tokyo.
« Pour la réussite des Abenomics (la politique économique de Shinzo Abe - ndlr), il est urgent de mettre fin à ce gaspillage. »
Le Japon possède déjà une dette publique colossale, estimée à 230 %
du PIB. Malgré la chute des prix du pétrole, l’archipel a affiché un
déficit commercial record en 2014 : 97 milliards d’euros. Un déficit en
hausse de 11,4 %, aggravé par l’augmentation des importations de
gaz et de pétrole. Le Japon ne possède aucune ressource naturelle et ses
importations d’énergie constituent un problème stratégique vital.
Relancer le nucléaire représente donc une solution très avantageuse
et peu coûteuse à court terme. Les centrales sont déjà construites et
déjà amorties. Leur personnel est qualifié et sait les exploiter. Un
redémarrage (probable) des réacteurs les plus sûrs (la moitié environ)
permettrait de retrouver les deux tiers de la production nucléaire
pré-Fukushima..."
-Nouvelle fuite d'eau dans le site de la centrale de Fukushima
-De Tchernobyl à Fukushima
-Comprendre la situation à Fukushima en deux minutes
-A Fukushima, l’interminable décontamination
-Le Japon reprend le chemin du nucléaire
_Fukushima : cogérer l’agonie
- Points de vue sur Fukushima
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