Impasse et caricature
Dans la quasi-l'indifférence générale, alors que le problème est d'une
gravité exceptionnelle, quel que soit le jugement que l'on porte sur les
origines du problème et la question des responsabilités mutuelles, les incertitudes demeurent.
___Des incertitudes favorables à tous les bruits, toutes les hypothèses
On souffle de part et d'autre le chaud et le froid.
__ Le bras de fer continue et le surplace se poursuit.
Athènes semble acculée à céder davantage et le "noeud coulant". semble toujours plus serré, ...malgré un plan Juncker, qui reporte les solutions aux ...calendes grecques. Sans grande considération pour le verdict des urnes, les engagements de Syrisa, et le long travail de reconstruction en cours.
__Mais l'étranglement serait catastrophique pour toutes les parties.
Les
querelles de personnes, la psychologie de bazar visant à déconsidérer
les personnes jouent parfois un rôle dans les négociations.
____________Comme avec Yanis Varoufakis, qui fut très vite montré du doigt pour son ton direct, non diplomatique, loin de la langue de bois bruxelloise, ses tenues non conventionnelles, ses propos direct à l'égard de la Troïka, dont les mesures affaiblissaient un peu plus l'économie et creusaient la dette. (« Nous n’avons
aucune intention de coopérer avec un comité tripartite dont l’objectif
est d’imposer un programme que nous considérons anti-européen dans sa
démarche »)
__Il a le don d'irriter l'Eurogroupe. Il est une tête de turc facile dans le psychodrame qui se joue.
_______ Le Monde titre, avec appel de une, sur « l'exaspérant Monsieur Varoufakis. »
Une image construite, selon la Tribune:
Cette image a été construite soigneusement par l'Eurogroupe et la
Commission depuis les premiers jours du gouvernement Tsipras. Le
président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem n'a jamais caché qu'il
n'avait pas digéré « l'humiliation » du 30 janvier, lorsqu'un Yanis
Varoufakis, très à l'aise, l'avait surpris en proclamant la fin de la
troïka.
L'acmé de ce storytelling a été la réunion de
Riga du 25 avril, lorsque le ministre grec a été accusé par ses dix-huit
collègues d'être à l'origine du blocage. Ce même storytelling,
tissé avec soin par Jeroen Dijsselbloem le soir du 11 mai, a enfoncé le
clou en notant les « progrès » des négociations une fois la « rock
star » disparue.
Mais tout ceci n'est qu'un écran de fumée.
Alexis Tsipras a été soucieux d'ôter rapidement un argument aux
créanciers. Depuis, les négociations n'ont en réalité pas véritablement
avancé. La situation reste la même : les négociations n'avancent que
parce que la Grèce fait des concessions. Yanis Varoufakis ou pas, les
blocages demeurent : la Grèce refuse toujours les « réformes » des
retraites et du marché du travail que lui réclament ses créanciers.
Yanis
Varoufakis n'était, en réalité, pas le problème. Son rejet était le
symptôme d'un rejet politique du nouveau gouvernement grec...
... En 2010, Yanis Varoufakis s'était opposé aux
« plans de sauvetage », jugeant, non sans raison, comme il le soulignait
dans son ouvrage Le Minotaure Planétaire*, que "les remèdes que l'Europe applique sont pires que le mal". Pour
lui, il était donc urgent - et c'était la tâche à lui assignée par
Alexis Tsipras - de rompre avec la logique du « programme » qui a
conduit la Grèce dans une spirale déflationniste et a détruit une grande
part de sa capacité productive. D'où les coups de boutoir assénés à ce
système lors des premiers jours du gouvernement : le refus de discuter
avec la troïka, les demandes de restructuration de la dette, le blocage
de l'Eurogroupe sur la question du "programme existant".
Pour les
collègues de Yanis Varoufakis, cette remise en cause de la logique en
place depuis 2010 est inacceptable. D'abord parce que cette logique est
le ciment de l'Eurogroupe, lequel n'a jamais fait de mea culpa sur cette
politique. Mais surtout parce que cette politique remettait en cause un
autre storytelling européen : celui de la reprise de l'économie grecque
grâce aux "réformes qui portent enfin leurs fruits". Or, Yanis
Varoufakis, en bon économiste, sait parfaitement que cette « reprise »
est à la fois de façade et fragile. Après un effondrement économique
inédit en temps de paix, seul un effort d'investissement massif au
niveau européen allié à une restructuration de grande ampleur de la
dette peut réellement contribuer à redresser le pays. Mais cette vision
s'oppose à la pensée dominante de l'Eurogroupe: la purge est nécessaire
et doit être menée jusqu'au bout pour qu'advienne "la croissance saine".
Yanis
Varoufakis est donc, dans l'Eurogroupe, un corps idéologique étranger
qui leur tendrait le miroir hideux des erreurs de l'Europe depuis 2010.
En réclamant un changement de politique envers la Grèce, le ministre
hellénique prend des allures de mauvaise conscience insupportable venant
briser le mythe de la reprise radieuse qui succède à l'austérité.
Et
pire, il s'entête. Et c'est là tout le sens de la déploration de la
"source européenne" citée par "Le Monde" : en 2011 aussi, Evangelos
Venizelos avait tenté de mettre en garde contre ces erreurs. Mais,
heureusement, il était rentré dans le rang. Et l'on avait pu continuer
cette politique insensée qui a ruiné la Grèce...
En réalité, derrière ce durcissement, la position de Yanis Varoufakis
était une des plus modérée au sein de Syriza. Le ministre grec a
toujours été défavorable à la sortie de la zone euro, il a toujours
proposé une solution européenne au problème grec.
Alexis Tsipras
aurait pu nommer Costas Lapavitsas, par exemple, un économiste de Syriza
clairement partisan de l'annulation de la dette et de la sortie de
l'euro. Les créanciers auraient alors pu paniquer.
En détruisant
Yanis Varoufakis, les Européens ont dévoilé leur but: non pas trouver un
« compromis » raisonnable, mais mettre au pas un gouvernement qui ne
leur convient pas. Comme le souligne dans la préface à l'édition
française du Minotaure Planétaire, Yanis Varoufakis, "l'Union européenne
a, de longue date, pris l'habitude de considérer la démocratie comme un
luxe et un désagrément".
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- A quoi joue Wolfgang Schäuble ?
- Un moment de vérité pour l’Europe
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