Revenir à la chronologie....
...Est-il (encore) demandé dans les nouveaux futurs programmes.
Comme si on l'avait un jour abandonnée.
Tout est question d'équilibre. Sans repères chronologiques, sans datation, l'histoire n'a guère de sens, même si on lui donne un rôle secondaire.
Au bon vieux temps du certif' d'autrefois, encore largement inspiré de l'histoire de Lavisse, la mémorisation des sacro-saintes dates étaient fondamentale, parfois presque exclusive.
Apprendre les dates semblait être le summum de la culture historique, surtout dans l'école primaire, une sorte de sport intellectuel, qui fait encore aujourd'hui l'objet de quiz,
Apprendre des dates par coeur a-t-il un intérêt? Connaître 804, sans s'interroger sur l'homme et l'oeuvre réelle de la personne de Charlemagne est-il sensé?
L’enseignement de l’histoire en France s’est toujours fait dans l’ordre chronologique, du plus ancien au plus récent, même si l'histoire de la longue durée, du temps long, inaugurée par Braudel, l'a plutôt placé à un rang secondaire.
Bien sûr, se passer de chronologie est un non sens, mais la datation seule est purement formelle, parfois un peu vaine. Les dates ne sont que des repères, des balises.
L’histoire s’écrit à partir de faits datés, repérables
dans le temps, la question n’est pas de savoir si son enseignement doit
se faire dans un ordre chronologique ou non mais de dire quels faits,
précisément, doivent être privilégiés et au détriment de quels autres.
Les dates ne sont pas neutres. Elles doivent être représentatives d'événements majeurs, de tournants significatifs, et non de faits parfois mythifiés. ou instrumentalisés, dans un roman national naîf ou partisan.
, « Les grandes dates de l’histoire économique et sociale de la France »,
publié par la revue Alternatives économiques, s’articule sur les
mutations profondes de la société française au cours des mille dernières
années.
Si, en collège, l’enseignement de l’histoire a pu, au fil des
décennies, s’ouvrir davantage au monde et à des problématiques
historiques plus larges, il n’en demeure pas moins que les approches
purement politiques et même étroitement institutionnelles dominent
toujours largement les programmes, au détriment, entre autres, de
l’histoire sociale, notoirement négligée, ce que confirme la liste des
« repères historiques » dont la connaissance est exigée en fin de
collège : sur 43 dates, 35 relèvent de l’histoire politique, très
majoritairement nationale.
Il faudrait donc « rétablir la chronologie », alors que celle-ci n’a
jamais cessé de constituer la trame des programmes scolaires ? Le
matraquage de la formule dans le débat public cache mal son ambigüité.
Si l’on veut bien convenir que le choix des dates et des faits retenus
dans les programmes n’est pas neutre, il est alors tout à fait légitime
de se demander à quelles préoccupations il obéit. Les thuriféraires de
la chronologie perdue – ils n’en font pas mystère – font de l’histoire
enseignée, celle du « roman national »,
le support privilégié d’une morale patriotique, d’une identité
collective très artificielle et jamais définie, fondée sur la sujétion
des individus à un régime politique paré de toutes les vertus malgré ses
tares évidentes. Ici, une chronologie étroitement sélective, loin de la
rigueur scientifique qu’elle affiche, fait plutôt obstacle à la
connaissance historique, à la compréhension du passé par les élèves.
Il y a chronologie et chronologie..Eclairante ou aveuglante. L'étude des structures et des temps longs a encore besoin de périodisation, de datation.
Toute histoire est interprétation et choix, étude sans cesse remise sur le chantier, avec méthode et travail collectif.
Se passer de chronologie est un non sens, mais la chronologie seule est un squelette, parfois un exercice de vaine érudition..
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