Pour paraphraser les propos de DSK
... cherchant surtout à retrouver une certaine notoriété.
Mais qu'a-t-il fait quand il était au FMI?
Après la lettre à Angela,
les propos s'adressent à tous les citoyens allemands qui croient encore
à une Europe solidaire, différente de celle qui agit sous nos yeux,
sans notre consentement et contre tout bon sens et vision d'avenir.
Ce n'est pas tant la Grèce qui est un problème pour l'Europe, même si
on sait qu'elle ne devait pas être raisonnablement intégrée à l' Union
européenne et si tout le monde savait quelles dérives s'y produisaient, mais le leadership allemand de fait, effet d'une certaine politique de l'euro
par la droite conservatrice allemande, qui a boosté son économie
essentiellement exportatrice et mercantiliste, dans le cadre d'un ordolibéralisme rigide, mâtiné de libéralisme plus classique.
Comme le rappelait un certain nombre de personnalités allemandes et étrangères. (*)
"...Derrière un habillage économiste et technicien (le respect des
règles de la zone euro), c'est bien à une bataille de projets politiques
que l'on assiste. Et la monnaie, en l'occurence l'euro, est la première
de ces armes politiques. Au moment de la réunification allemande, tant
Helmut Kohl que François Mitterrand en firent la démonstration. Kohl, en
décidant, contre toute rationnalité économique, de la parité 1 pour 1
entre « ouest-mark » et « est-mark ». Mitterrand, en conditionnant,
malgré réserves et inquiétudes, son acceptation de la réunification à un
engagement irrévocable des Allemands à s'inscrire dans le processus de
création de la monnaie unique (lire ici cette étude sur les relations Mitterrand-Kohl).
L'intransigeance aujourd'hui affichée par Berlin est en droite ligne
avec le projet politique porté depuis des années par la droite
conservatrice allemande. En résumé : une zone euro limitée donc plus
cohérente, plus fortement intégrée et conduisant une seule et même
politique économique, un néolibéralisme débridé s'appuyant sur une
thérapie de choc austéritaire dans les pays de cette zone. Plus question
donc de politiques alternatives dans un tel ensemble où s'appliquerait
pleinement cette phrase de Jean-Claude Juncker, actuel président de la
Commission européenne : « Il ne peut y avoir un vote démocratique dans un pays qui s'inscrive contre les traités. »
Pour Emmanuel Todd, on assiste à un suicide de l'Europe sous direction allemande.
Nouvelle puissance du Centre, fragile plus qu'on ne le croit, celle-ci exporte son chômage et freine objectivement la solidarité européenne.
Que veut l'Allemagne ? ". Il s'agit de montrer aux électeurs des pays européens qu'il est
impossible de disposer de l'euro et de mener des politiques de relance
ou des politiques économiques alternatives à celles promues désormais
par les structures de la zone euro..".
Malgré les dettes des Länder et son passé de dettes supprimées, Merkel fait la morale, malgré les rappels qui lui sont faits, les pratiques discutables des banques et des grands groupes industriels en Grèce. Ben Bernanke souligne l'irrationalité de la ligne allemande, indifférente au drame grec..
"...La crise grecque, devenue crise européenne, constitue bel
et bien un moment charnière dans l'histoire européenne, d'une puissance
d'impact équivalente à la chute du Mur ou à la réunification allemande.
Une Allemagne nouvelle se révèle, prête à passer par-dessus bord la
sacro-sainte entente franco-allemande (d'où les tensions très fortes de
ces derniers jours), prompte à mettre en scène ses soutiens en Europe
centrale (Pays baltes, Slovaquie, Pologne) et en Europe du Nord
(Pays-Bas, Finlande) pour s'imposer à tous.
Cette soudaine affirmation de puissance est du jamais vu depuis le
début de la construction européenne. Et ce moment de rupture a bel et
bien été souligné par plusieurs chefs d'État ou de gouvernement.
L'Italien Mattéo Renzi l'a expliqué au journal Il Messaggero : « Nous
devons parvenir à un accord, la Grèce doit rester dans la zone euro et
je l'ai dit à l'Allemagne : trop c'est trop. Humilier ainsi un
partenaire européen, alors que la Grèce a cédé sur presque tous les
points, est impensable. »
Cette tempête sur l'Europe n'a pas fini de faire sentir ses conséquences. Le problème grec n'est que repoussé.
Le philosophe allemand Jürgen Habermas juge l'accord grec toxique.
La Grèce a révélé l'épuisement d'une Europe en fin de course, telle qu'elle est. Remettre tout en chantier paraît une nécessité.
Ce n'est plus à Bruxelles, mais à Berlin que se règle l'essentiel.
Pour les peuples européens, de quel espoir est porteur aujourd’hui l’Europe telle que les technocrates nous l’ont bâtie ?
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- ( *)Le vieux Helmut Schmidt ne s'est pas privé de critiquer l'entêtement de la chancelière et son manque de vision, comme certains économistes européens et américains. Même son mentor ne la comprend plus...
Le député écologiste Jürgen Trittin ne mâche pas ses mots : « Nous
sommes dans une situation dramatique et madame Merkel, assise sur sa
chaise, se demande quand elle va sortir du placard ses chaussures du
jogging ». Dans la même veine, le chef des députés du SPD Frank-Walter Steinmeier s’est exclamé : « la maison brule et madame Merkel a peur de se bruler les doigts ».
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