A armes égales?
Il n'y a pas de mystère...
Au sein des échanges commerciaux avec une monnaie unique (non pas commune), le bonheur de l'un entraîne le malheur de l'autre.
Ou plutôt de la prospérité de l'un entraîne la stagnation ou la régression de l'autre.
Sans relative liberté monétaire, sans ajustement potentiel, sans inflation contrôlée occasionnelle, aucune marge de manoeuvre ou d'adaptation n'est possible....Ce qui suppose la maîtrise du système bancaire, avec droit de regard politique.
Dans une Europe en mode libéral concurrentiel et financiarisée, la sacro-sainte convergence ne peut s'opérer, bien au contraire. L'harmonisation n'est qu'une incantation, ou ne se réduit qu'à des normes juridiques et réglementaires.
C'est ce que reconnaît même l'OFCE (*)
Une Europe victime de la baisse des importations;
La locomotive allemande ne joue pas son rôle. Les excédents allemands inquiètent même la Commission européenne.
Le problème n'est pas nouveau. Guillaume Duval avait analysé le phénomène très pertinemment dans son étude sur le système très particulier de la production allemande, Made in Germany, étude jamais contestée.
Les intérêts allemands ont changé depuis l'époque Schröder, qui a vu l'émergence d'une patronat à la mode anglo-saxone, moins soucieux de l'intérêt global de l' Union, jouant à fond l'exportation mercantiliste, avec un euro-mark taillé à la mesure de ses intérêts, comme une camisole de force.
Elle devient un problème pour ses partenaires, ne jouant plus dans la même cour.
Les banques allemandes sont au centre du jeu. _On peut affirmer que la zone euro marche sur la tête.
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...Le commission européenne considère que des excédents commerciaux régulièrement supérieurs à 6% du PIB sont
dangereux pour la stabilité et a exhorté Berlin à favoriser les
investissements pour doper les importations....
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(*)Analyse de l'OFCE":
"...La monnaie unique aboutit à ce que la situation et la politique
économiques de chaque pays puissent avoir des conséquences sur ses
partenaires. Ainsi, un pays dont la demande est excessive (du fait de sa
politique budgétaire ou d’une exubérance financière aboutissant à un
excès de crédit privé) connaît de l’inflation (ce qui peut induire une
hausse du taux d’intérêt de la BCE), creuse le déficit extérieur de la
zone (ce qui peut contribuer à la baisse de l’euro), oblige ses
partenaires à le refinancer plus ou moins automatiquement (en
particulier via Target 2, le système de transfert automatique
entre les banques centrales de la zone euro) ; son endettement peut
alors devenir problématique.
Ceci amène à deux réflexions :
1. Plus un pays est grand, plus il peut avoir un impact nuisible sur
l’ensemble de la zone mais plus il est aussi davantage en mesure de
résister aux pressions de la Commission et de ses partenaires.
2. La nuisance doit être effective. Ainsi, un pays qui a un déficit
public important ne nuira pas à ses partenaires, bien au contraire, si
ce déficit compense une défaillance de sa demande privée.
Imaginons qu’un pays de la zone euro (mettons, l’Allemagne) se lance
dans une politique de recherche de compétitivité en bloquant ses
salaires ou en les faisant progresser nettement moins vite que la
productivité du travail ; il gagne des parts de marché qui lui
permettent d’impulser sa croissance grâce à sa balance extérieure tout
en bridant sa demande intérieure, ceci au détriment de ses partenaires
de la zone euro. Ceux-ci voient leur compétitivité se dégrader, leur
déficit extérieur se creuser, leur PIB se réduire. Ils ont alors le
choix entre deux stratégies : imiter l’Allemagne, ce qui plonge l’Europe
en dépression par un déficit de demande ; soutenir leur demande, ce qui
aboutit à creuser un fort déficit extérieur. Plus un pays réussit à
brider ses salaires, plus il apparaît gagnant. Ainsi, le pays trop
excédentaire peut-il se vanter d’obtenir des très bonnes performances
économiques sur le plan de l’emploi, des soldes public et extérieur.
Comme il prête aux autres pays membres, il est en position de force pour
imposer ses choix à l’Europe. Un pays qui accumule les déficits se
heurte tôt ou tard à la méfiance des marchés financiers, qui lui
imposent des taux d’intérêt élevés ; ses partenaires peuvent refuser de
lui prêter. Mais rien ne fait obstacle à un pays qui accumule les
excédents. En monnaie unique, il n’a pas à craindre une appréciation de
sa monnaie ; ce mécanisme correctif est bloqué.
Ainsi, l’Allemagne peut jouer un rôle dominant en Europe sans avoir
la politique économique qui corresponde à ce rôle. Les Etats-Unis ont
joué un rôle hégémonique à l’échelle mondiale en ayant un fort déficit
courant qui compensait les déficits des pays exportateurs de pétrole et
des pays d’Asie à croissance rapide, en particulier la Chine ; ils
équilibraient la croissance mondiale en jouant le rôle de « consommateur
en dernier ressort ». L’Allemagne fait l’inverse, ce qui déstabilise la
zone euro. Elle devient automatiquement le « prêteur en dernier
ressort ». Le fait est que l’accumulation d’excédents allemands doit se
traduire ailleurs par l’accumulation de dettes ; elle est donc
insoutenable.
Pire, l’Allemagne veut continuer à être excédentaire tout en
demandant aux pays du Sud de rembourser leurs dettes. Cela est
logiquement impossible. Les pays du Sud ne peuvent rembourser leurs
dettes que s’ils deviennent excédentaires, que si l’Allemagne accepte
d’être remboursée, donc devenir déficitaire, ce qu’elle refuse
aujourd’hui. Voilà pourquoi il est légitime que l’Allemagne soit soumise
à une PDM. Et cette PDM doit être contraignante..."
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