Potion mortelle
Le malade mourra sans doute guéri.
Comme le suggère Jean-Pierre Chevénement, dont le diagnostic dépasse la seule Grèce:
« De toute évidence, ces 177 % (dette grecque par rapport au PIB), c’est le résultat d’une chute de son PIB de 25 % depuis qu’on a appliqué ces remèdes depuis 2010, et de pointer du doigt les choix des dirigeants européens dans leur gestion de la crise,
je vous rappelle que les états se sont substitués aux banques,
françaises ou allemandes, qui s’étaient engagées en Grèce. On leur a
permis de se dégager et ce sont les contribuables qui ont pris le
relais. Mais la médecine administrée à la Grèce a échoué. Donc ils ne
pourront pas rembourser. Il faudrait se mettre autour d’une table et
définir un sentier de croissance possible. » Mais, l'ancien
Ministre de l'Intérieur ne s’arrête pas en si bon chemin et fait part de
ses doutes sur la "résolution" du cas grec : « Je crains cependant
que l’arbre grec nous cache la forêt de l’Euro. L’Euro est une mauvaise
monnaie, mal conçue qui juxtapose des pays très différents. Les riches
s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Il faudrait revoir les
règles monétaires européennes. Il faut passer de la monnaie unique à une
monnaie commune, c’est à dire une devise que nous aurions en commun qui
servirait aux échanges internationaux mais réintroduire des éléments de
flexibilité à l’intérieur de l’Europe. »
Le nouveau plan d'aide est déjà un échec.
D'ailleurs, qui croyait vraiment à sa réussite, étant donné qu'ilétait un défi au bon sens économique? La pompe à finances fonctionne dans le vide. Certains osent le dire, même en Allemagne, comme cet économiste de la Commerzbank qui déclare: "Sans une forme ou une autre de
restructuration de la dette, le paquet ne sera jamais assez grand », dit
Peter Dixon, économiste de la Commerzbank à Londres. « Empiler les
prêts supplémentaires sur un pays qui n’est pas capable de les
rembourser correspond à la définition de la folie selon Einstein:
répéter encore et encore la même erreur dans l’espoir d’un résultat
nouveau. »
Pure folie en effet: Athènes obtient un prêt de 7 milliards pour rembourser...d’autres prêts.
On marche sur la tête: la Troïka restaurée joue au pompier pyromane frappée de myopie: les retraites sont encore érodées, alors que les millionnaires sont épargnés. Le pouvoir d'achat ne peut que s'effondrer un peu plus et les fortunes aller trouver un peu de fraîcheur en Suisse. La réforme de fond annoncée par Tsipras, contre les féodalités, sont renvoyées aux...calendes grecques.
Alors que toutes les capacités de reconstruction du pays sont compromises et que l'on assiste à une véritable dévastation économique.
Nul besoin d'être Prix Nobel d'économie pour faire le constat: Le nouveau plan de sauvetage de la Grèce n’a aucun sens.
Le pire est qu'il n'était guère question d'économique dans cette affaire. Il fallait faire un exemple (*):
L’objectif unanime des dirigeants européens était d’empêcher un succès
du gouvernement Syriza. Il fallait montrer qu’il était impossible de
mener une politique alternative en Europe. Les institutions et les
gouvernements européens avaient ainsi parfaitement compris l’enjeu de la
situation : un succès de Syriza remettrait en cause trente ans de
néolibéralisme en Europe et risquerait d’entraîner une contagion dans
tout le continent....
Cet objectif inavoué risque seulement de produire les conditions d'un affrontement qui ne sera plus maîtrisable par les fonctionnaires bruxellois, obnubilés par leurs graphiques d'inspiration tatcherienne, soucieux d'abord de brader les biens publics aux moins disant.
Un "...« hold-up » à l’échelle d’un pays tout entier. Alexis Tsipras parlera
quelques jours plus tard de « braqueurs » pour désigner les institutions
de la Troïka. Bien sûr, rien ne s’était passé comme prévu. Le braquage initial prévoyait de s’emparer avec la complicité des élites grecques des biens publics de la Grèce,
ses routes et ses autoroutes, ses ports et ses aéroports, la compagnie
de distribution d'eau d'Athènes, celle de Thessalonique, l'exploitation
des chemins de fer, les aéroports régionaux, les compagnies de gaz et
d'électricité, des sites fonciers, de nombreux bâtiments ministériels et
bien d’autres choses encore pour un montant total estimé à 50
milliards… Et ce plan de privatisation forcée avait connu un début de
réalisation sous les divers gouvernements (Panpandreou, Samaras…)…
______
-(*) Le ministre slovaque des finances, Peter Kažimír a imprudemment vendu la mèche sur Twitter en
avouant - avant d'effacer son tweet - que si l'accord obtenu était
particulièrement dur pour Athènes, c'était parce qu'il venait
sanctionner le «Printemps grec». Pas d'accord donc, mais un châtiment.
Une expédition punitive conduite par des idéologues violents. Par des «terroristes» avait lancé Yanis Varoufakis. Cela avait provoqué un tollé. On sait désormais qu'il exagérait à peine...
_________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire