vendredi 16 octobre 2015

Israël : jouer avec le feu

Eruptions 
             Tous les observateurs un peu clairvoyants le notent: à force de jouer avec le feu, le gouvernement israëlien actuel prépare des lendemains qui risquent de déchanter.
  ...A force de politique à courte vue et suicidaire, notamment depuis le fin tragique de Rabin, de la montée des extrémismes, de la droitisation de la société, de la colonisation redoublée ne laissant plus aucune issue aux perspectives d'une Palestine indépendante.
     Il y a des éruptions qui s'expliquent (*)
Le plus surprenant est que l'on soit aussi surpris, ou qu'on feigne de l'être. Ceux qui s'étonnent de cette nouvelle flambée de colère n'ont pas pris en compte la mesure de la violence quotidienne vécue en silence par les habitants de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, confinés dans un espace de plus en plus réduit, dans des conditions de plus en plus précaires. Tel-Aviv lutte contre un feu qu'il a lui-même contribué à allumer.
    Les peurs et le mépris prennent le dessus, jusqu' au  centre d'Israël.
On ne parle plus de tournant. C'est la désespérance ou le fatalisme explosif.
Oslo a montré ses limites.
  L'extrême droite israëlienne tient le pays tout entier en otage ainsi que son leader, qui laisse faire.
   Ce sont des Israëliens qui le disent (**) et des journaux comme Haaretz qui l'affirment: la jeunesse palestinienne est poussée à bout. 
Les Palestiniens se battent pour leur vie, Israël se bat pour l'occupation
L'escalade devient incontrôlée. Les exactions se multiplient.
Carte blanche est donnée aux colons violents.
     On ne peut comprendre la situation qu'à la lumière de l'histoire réelle et mythique, proche et plus lointaine (***)
  «Plus ils grattent la terre, plus recule les espoirs de paix»
L'horizon d'un compromis enfin acceptable, d'une paix  éventuelle s'éloigne. toujours un peu plus, tandis que les USA et l'Europe regardent ailleurs...
      Les larmes communes ne tariront pas les sources du conflit et la volonté de Jérusalem de créer une situation irréversible.
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  ___(*) «Nétanyahou prétend que les Arabes sont violents parce que des ados lancent des pierres ? Mais la vraie violence, c’est celle de cette occupation des Territoires palestiniens qui dure depuis quarante-huit ans. La vraie violence, c’est également celle du Shabak [la Sûreté générale] qui arrive à retrouver en deux jours des Palestiniens recherchés pour "terrorisme" mais se montre incapable d’arrêter les extrémistes juifs soupçonnés des mêmes faits», assène le cheikh d’une voix calme. «Les Arabes sont méprisés dans ce pays... On les considère, au pire, comme des moins que rien et au mieux, comme les membres d’une cinquième colonne ennemie. En fait, c’est quand ils se révoltent qu’on les prend au sérieux. A ce moment-là, ils obtiennent enfin un statut : on les prend pour des terroristes.»
 ___(**) ...Après la victoire et l’ouverture du pays à une immigration massive, une nouvelle ère devait commencer. Son symbole le plus saillant aurait du être une constitution, ainsi que le promettait la déclaration d’indépendance : une constitution démocratique, fondée sur les droits de l’homme et plaçant en son cœur la vie politique et sociale du corps des citoyens, et non pas d’une communauté religieuse ou ethnique particulière...Israël n’a pas de frontières permanentes ni de constitution, parce que les pères fondateurs l’ont voulu ainsi : toutes les options devaient demeurer ouvertes, y compris celles qui s’ouvrirent en juin 1967...
___(***)_Avant même le premier congrès sioniste à Bâle en Suisse en 1897, la plupart des rabbins condamnaient sans ambiguïté le sionisme. Voici la résolution adoptée à la conférence des rabbins américains en 1869 :
Le but messianique d’Israël n’est pas la restauration de l’ancien Etat juif(...), ce qui impliquerait une deuxième séparation d’avec les autres nations mais l’union de tous les enfants de Dieu qui confessent le Dieu unique, afin que soit réalisée l’unité de toutes les créature douées de raison, et leurs aspirations à la sanctification morale.
De même en 1885 lors de la conférence de Pittsburg aux USA :
Nous ne nous considérons plus comme une nation, mais comme une communauté religieuse. Nous ne sommes donc pas dans l’attente ni d’un retour en Palestine, ni d’un culte sacrificatoire sous l’administration des fils d’Aaron, ni d’une restauration d’aucune des lois concernant un Etat juif.
Malgré de nombreuses voix dissidentes, les pionniers du sionisme continuaient à diffuser leur idéologie.
S’adressant à son modèle Cecil Rhodes, fondateur de la Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe), Theodor Herzl déclara :
Mon programme est une programme colonial.
En 1930, Sigmund Freud refusait de signer l’appel de l’association sioniste de Jerusalem Keren Hajessod, contre les entraves faîtes par les Arabes de Palestine à l’exercice du culte juif dans la ViIle sainte. Freud lui répondit :
Je ne pense pas que la Palestine pourra jamais devenir un Etat juif et que les mondes chrétien et islamique seront jamais disposés à voir leurs lieux sacrés sous le contrôle juif. J’aurais trouvé plus sensé de fonder une partie juive sur une terre moins grevée d’histoire. Mais je reconnais qu’un point de vue aussi rationnel aurait peu de chances d’obtenir l’enthousiasme des gens et le soutien financier des riches
Freud mettait en plus le doigt sur l’apport financier de l’oligarchie bancaire à l’aide à la création de l’Etat d’Israël.
De même Albert Einstein cosigna avec la philosophe Hannah Arendt et 26 autres personnalités juives une lettre envoyée au rédacteur en chef du New York Times publiée le 4 décembre 1948.
Il est inconcevable que ceux qui s’opposent au fascisme à travers le monde, s’ils sont bien informés des actes et des projets de [Menahem] Begin, puissent soutenir avec tout le poids de leur noms le mouvement qu’il représente. Le public américain doit être informé des actes et des projets de Begin avant que l’irréparable ne soit commis au moyen de contributions financières, de manifestations publiques en sa faveur, et la création en Palestine de l’impression qu’un large secteur de l’Amérique soutient les élément fascistes en Israël. Les déclarations publiques de du parti de Begin ne sauraient nous renseigner sur sa véritable nature. Aujourd’hui, ils parlent de liberté, de démocratie et d’anti-impérialisme, alors que naguère ils prêchaient ouvertement la doctrine de l’Etat fasciste. C’est à travers ses actes que le parti terroriste trahit sa vraie nature. C’est à travers ses actions passées que nous pouvons juger de ce qui va se produire dans l’avenir.
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La France pourrait faire beaucoup..
-  Point de vue de Shlomo Sand
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