vendredi 27 novembre 2015

Daesh: graine de haine

Daesh au coeur               [notes de lectures]

                                    L'organisation ne tient que par le ciment de la haine sur la base d'un intégrisme où la religion est instrumentalisée: celle de la culture, des livres, des libertés individuelles, de la laïcité, des différences. Le Livre, lu au delà de la lettre, s'est substitué aux livres.
   Elle frappe là où cela lui semble le plus facile et le plus opportun, conformément à ses intérêts du moment, à la terreur recherchée..Le sommeil de la raison engendre des monstres...Mais il s'agit de haine.
  ______ Grâce à l'excellente émission de France Inter, on comprend mieux comment le  monstre est né (*)
       Nous assistons à un retour de boomerang, lancé depuis des années, dans les think tanks néoconservateurs autour de G.Bush, qui voulaient ramener l'Irak à l'age de pierre.
    Comme le souligne M. Rocard: au départ, il y a une erreur américaine monstrueuse
       Quand on ajoute à cela les problèmes propres au monde arabe en crise, nos alliances avec les pétromonarchies, soufflant sur les braises.
                    Qui sème des graines de haine récolte la haine.
     L'organisation est à la tête d'une fortune considérable et est financée directement ou non par 40 pays, y compris par des pays-membres du G20.
      Détruire l’Etat islamique  demandera d'autres moyens... (**)
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  (*) ...De la chute de Saddam Hussein parce que lorsqu’ils le renversent, les Américains commettent deux erreurs. D’abord, ils mentent sur les armes de destruction massive et sur les liens supposés entre Saddam Hussein et al-Qaïda. Mais surtout ils marginalisent les Sunnites pour mettre les Chiites au pouvoir et Paul Bremer, qui est alors le gouverneur américain à Bagdad, commet une faute qui va jeter des dizaines de milliers de soldats aguerris dans les bras du futur EI. Cette faute, un des hommes les mieux informés de France, Alain Juillet, l’ex-patron du renseignement de la DGSE, nous la raconte._______extrait Alain Juillet : “Bremer a fait une erreur colossale. C’est qu’il donne l’ordre de licencier tous les militaires de l’armée irakienne. On envoie, je ne sais plus combien ils étaient, 200 000 ou 300 000 gens, qui vivaient avec une solde de l’armée. Ils partent avec leurs armes, ils n’ont plus rien. Et comme ils sont Sunnites et qu’on fait la chasse aux Sunnites, il va y avoir impossibilité pour eux de retrouver des emplois et autres. Donc ça va créer un ressentiment, une frustration, une haine terrible envers l’occupant et envers les Occidentaux.”
Matthieu Aron : Les Américains produisent donc un terrain de haine et un terreau sur lequel va se développer l’EI.
Jacques Monin : Oui. D’autant plus facilement qu’il n’y a plus de véritable État, les services publics n’existent plus, l’économie est moribonde, la corruption est devenue la norme. C’est donc effectivement sur ces cendres que le groupe EI va prendre racine et pour Myriam Benraad, qui est docteur en science politique et spécialiste de l’Irak, c’est un peu comme dans la jungle, ce sont les plus forts qui émergent dans ce chaos._____extrait Myriam Benraad : “Il y aura un certain nombre de groupes qui vont pulluler, les milices, les djihadistes, la tendance al-Qaïda, c’est une nébuleuse d’acteurs mais le fait est que les combattants d’al-Qaïda Irak qui deviendra l’EI sont les plus zélés, les plus déterminés. Donc l’État Islamique va faire le vide, va coopter un certain nombre de chefs de tribus, qui de fait parfois même quittent leur tribu pour rejoindre l’organisation. Donc d’une mouvance hétéroclite on a un processus d’unification et ils ont fait à mon avis fortune, bâti beaucoup de leur succès, sur cette unité qu’ils ont su construire dans un terrain qui était par ailleurs très divisé, très morcelé.”
Jacques Monin : Et sur ce terrain, une personnalité va émerger, c’est Abou Bakr al-Baghdadi qui règne toujours d’ailleurs aujourd’hui en maitre sur Daesh. L’autre groupe djihadiste dominant dans la région, c’est al-Nosra, qui est plus proche d’al-Qaïda....
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(**)  ... Nous avons (aussi aidé) à financer ce noyau d’al-Qaïda qui a engendré ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’Etat islamique. A quel moment cela a commencé, ce n’est pas clair. Cependant, en 2007, la preuve avait émergé de plusieurs sources du renseignement américain que les Etats-Unis coordonnaient le financement secret, sous contrôle saoudien, de groupes affiliés à al-Qaïda dans la région dans l’effort de contrer l’influence géopolitique iranienne et syrienne. Une grande partie de ce financement était mobilisée en Irak. Lorsque le soulèvement populaire a éclaté en Syrie, les rebelles formés et armés par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne étaient déjà actifs dans le pays. Dans les années qui ont suivi, les services de renseignement américains, britanniques, français et israéliens établirent une structure de commande confidentielle visant à coordonner le financement et l’entraînement par les Etats du Golfe des rebelles anti-Assad dans des camps de Jordanie et de Turquie, et dont une grande partie a bénéficié à des extrémistes islamistes affiliés à al-Qaïda et à l’Etat islamique.
    Même l'aide qui, à l’origine, était destinée aux rebelles dits « modérés » avait fini dans les poches de l’Etat islamique après que des groupes désillusionnés avaient fait défection pour rejoindre les rangs des extrémistes, convaincus que l’Etat islamique était le seul capable de gagner la guerre. Nous avons même acheté du pétrole provenant des raffineries de l’Etat islamique en Syrie parce qu'à l'époque cela nous arrangeait.
    En octobre de l'année dernière, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, le vice-président américain Joe Biden faisait savoir que l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Qatar et la Turquie, entre autres, versaient « des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d'armes » à « al-Nusra et al-Qaïda et aux éléments extrémistes des djihadistes », « dans le cadre d'une guerre par procuration entre sunnites et chiites ». Pourtant, cet entonnoir djihadiste avait été aménagé et surveillé précisément par des officiers du renseignement américain et britannique travaillant sur le terrain en Turquie et en Jordanie, assurant la coordination des ponts aériens et la sélection des recrues. Joe Biden a même admis qu’il était impossible concrètement d'identifier les rebelles « modérés » en Syrie..."
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-Points de vue: Etats de terreur
-   Comment l’argent de l’Arabie saoudite et du Golfe alimente la terreur
- Une génération non spontanée
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