H.Schmidt vient de tirer sa révérence.
Malgré son addiction au tabac il avait atteint un âge respectable.
Un sage aux yeux de beaucoup d'Allemands, qui a su mener habilement la barque dans une période transitoire et difficile.
Socialiste à l'allemande, démocrate, il était d'un pragmatisme critique, oeuvrant aux fondements de l'Europe avec Giscard.
Il a gardé un jugement critique sur la situation de son pays après son mandat.
Helmut Schmidt avait une certaine ambition pour une Europe en gestation dont il déplora les développements récents:
Fidèle à sa réputation de pragmatisme, il explique que les pionniers de
l’intégration européenne n’ont pas agi par idéalisme mais par «connaissance de l’histoire de l’Europe», par souci d’intégrer l’Allemagne dans un ensemble plus large pour lui éviter les tentations de la puissance, «pour nous protéger de nous-mêmes».
Les générations nées après la Deuxième guerre mondiales doivent vivre
avec le fardeau historique du IIIème Reich, a-t-il poursuivi: «Celui
qui ne comprend pas cette raison originelle de l’intégration européenne
[…] passe à côté d’une condition essentielle pour résoudre la crise
européenne actuelle».
Cette situation exige la solidarité de l’Allemagne avec ses partenaires qui «ne doit pas se limiter à des slogans».
Helmut Schmidt était contre le «Grexit», la sortie de la Grèce de la
zone euro, tout en étant conscient des erreurs qui avaient été commises
au moment du traité de Maastricht qui a institué la monnaie unique. Pour
une raison fondamentale qui touche une «tendance désastreuse» de la politique économique allemande: «des
excédents à la fois énormes et durables de notre balance commerciale
[…] Tous nos excédents sont en réalité les déficits des autres.» Et de mettre en garde une politique «de déflation extrême en Europe» qui pourrait conduire aux mêmes conséquences dramatiques que dans les années 1930.
L'ancien chancelier, celui des années de plomb, à 80 ans, en pleine création de l’euro, attaquait (ainsi) frontalement
les banquiers centraux allemands, gardiens du deutschemark, les traitant
comme de sales gamins égoïstes : « Au plus profond de leur cœur, les
patrons de la Bundesbank sont réactionnaires. Ils sont contre
l’intégration européenne… Ils ont une tendance à trop agir et réagir en
fonction d’intérêts nationaux et ils n’ont pas compris la nécessité
stratégique de l’intégration européenne. » Plus tard, à 90 ans, en
pleine crise de l’euro, c’était au tour de Wolfgang Schäuble et Angela
Merkel de se faire traiter de débutants : « Il comprend bien les
problèmes fiscaux et budgétaires. Mais les questions de marchés
financiers et monétaires internationaux, des systèmes bancaires et du
contrôle des banques sont nouvelles pour lui », disait-il de Schäuble : « Et
c’est la même chose pour Merkel… Or, aux meilleurs postes, nous avons
besoin de personnes qui comprennent l’économie d’aujourd’hui », déclarait-il dans une interview accordée en 2010 au quotidien berlinois Der Tagesspiegel.
______Angela Merkel ne fut pas écartée de ses critiques, comme les dérives bancaires depuis trente ans et, comme Delors, déplorait une mise en danger de l'euro, mais sans aller au bout de ses critiques.
Il a (également) critiqué la chancelière Angela Merkel qui "n'est pas
une Européenne née", contrairement à son ministre des Finances Wolfgang
Schäuble, selon lui. "Elle a un sens tactique certain, mais la vue
d'ensemble, c'est une autre chose", a-t-il commenté, alors que Mme
Merkel a subi des critiques parfois violentes ces derniers mois dans la
presse européenne.
Il s'est par ailleurs dit favorable à l'idée
de mutualiser une partie de la dette européenne, conformément à la
position des sociaux-démocrates allemands, et a estimé qu'accepter la
Grèce dans l'euro avait été une erreur. "C'était une erreur d'accepter
la Grèce, mais on l'a fait et on doit maintenant en assumer les
conséquences", a-t-il dit.
Très réticent vis à vis de l'esprit sécuritaire, Helmut Schmidt restait vigilant sur les valeurs à préserver à tout prix.
Face aux enlèvements et aux attentats, Helmut Schmidt refuse l’abandon
de certaines règles démocratiques au nom de la lutte antiterroriste. «L’épreuve
consiste à ne pas laisser la sécurité l’emporter sur la liberté. Nous
nous élevons contre une vague d’intolérance que certains veulent
propager dans le pays», déclare-t-il.
C'est toute l'ambigüité de la politique allemande depuis Schröder qui suscitait ses critiques, sans aller jusqu'aux positions de Ulrich Beck.ou celles de Wolfgang Münchau, journaliste au Spiegel, très pessimiste sur l'avenir de l'Union européenne, estimant que "La réunification allemande est notre péché originel".
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