mardi 15 mars 2016

Fukushima: amnésie

 On n'a pas fini d'en parler
                                    Le passé n'est pas mort, il n'est même pas passé
       On se rappelle et on oublie...
  Il faudra au moins une quarantaine d'années pour résoudre le plus gros des problèmes liées à une catastrophe que certains estimaient probables étant données la haute sismicité des lieux et la gestion aventureuse du groupe Tepco. (*)

   Malgré un retour au nucléaire contesté, l'exploitant Tepco, souvent critiqué après tant de dénis, se trouve aujourd'hui dans le viseur  de la justice:
  ...rattrapé par sa culture de la dissimulation. La compagnie a un passif documenté d’omissions, de falsifications et de graves violations des règles de sécurité depuis les années 70. Le dernier mea culpa en date vient illustrer les méfaits de la compagnie électrique. Mercredi, elle a avoué avoir minimisé la gravité des réacteurs de la centrale au pire de la crise nucléaire de mars-avril 2011. Elle aurait dû reconnaître dans les heures qui ont suivi le début de l’accident nucléaire, dès le 11 mars, qu’une fusion du cœur des réacteurs était en cours...
      Des omissions graves dans lesquelles l'Etat fut complice.
   L'ancien premier ministre a reconnu la très grande gravité des faits. On est passé à deux doigts d'un désastre majeur. Le plus sérieux aurait pu se produire et 50millions d’habitants ont failli être évacués.
  Les opérations sur la piscine n°4 furent aussi une opération hautement risquée.
 La fusion du coeur de trois réacteurs n'est plus déniée et Tepco n'est pas en mesure de dire ce qui se passe exactement et comment les choses vont évoluer.
  On bricole sans vision d'avenir, des millions de sacs de déchets s'entassent à l'infini. Une décontamination qui paraît sans fin..
 Le problème de l'eau contaminée est extrêmement préoccupant.
Les populations concernées, souvent oubliées, restent toujours marquées, voire désespérées
   On est encore trop près de l'événement pour anticiper l'avenir. Mais il doit rester dans les mémoires.
    Le paradoxe de Fukushima n'en finit pas d'interroger.
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(*)- Le rapport de la commission nommée par la Diète avait souligné très lucidement que "La direction de Tepco était consciente des retards dans les travaux antisismiques et des mesures contre les tsunami et savait que Fukushima Daiichi était vulnérable", ce qui invalidait toutes les déclarations officielles précédentes de la firme.
     Les conclusions partielles de ce rapport n'ont pas étonné certains spécialistes japonais avertis, notamment  le sismologue Ishibashi Katsuhiko, professeur à l'université de Kobe, qui faisait partie du comité d'experts chargé d'établir les normes sismiques des centrales nucléaires japonaise et en avait démissionné pour protester contre la position du comité, estimant que ses recommandations étaient beaucoup trop laxistes. Il écrivait le 11 août 2007 dans le quotidien International Herald Tribune (L'article complet est à lire ici): " A moins que des mesures radicales ne soient prises pour réduire la vulnérabilité des centrales aux tremblements de terre, le Japon pourrait vivre une vraie catastrophe nucléaire dans un futur proche."
   "Il avait prévenu les autorités de son pays que les centrales japonaises souffraient d'une « vulnérabilité fondamentale » aux séismes. Mais ses avertissements ont été ignorés tant par le gouvernement que par Tepco.
    Katsuhiko a lancé son alerte en 2006. Les faits lui ont donné raison dès l'année suivante. Le 16 juillet 2007, un séisme de magnitude 6,8 a provoqué des incidents sérieux à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, la plus importante unité de production d'électricité nucléaire au monde..
 __D'autres ont suivi. et de nombreux et graves dysfonctionnement techniques avaient été notés mais tus dans plusieurs autres centrales.....Les risques des tremblements de terre étaient connus et signalés avant la catastrophe historique...

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