__Loi Travail : la flexibilité marche-t-elle ailleurs en Europe ?
Une expérience contrastée.
Aucun pays n'est vraiment comparable à un autre.
Pour l'Espagne, les chiffres sont à prendre avec prudence.
En Allemagne, où la flexibilité est moins grande qu'on ne le pense, du moins dans certains secteurs, le chômage, de 12% dans les années 2000, est de moins de 5%
aujourd'hui. Mais là encore, le bilan est beaucoup moins rose qu'il n'y
paraît. "La quasi-totalité des emplois créés ont été à temps partiel", explique l'économiste Daniel Cohen, qui attribue davantage la réussite de l'Allemagne à sa proximité avec les pays de l'Est qu'à sa réforme du marché du travail.
De plus, la réduction du chômage n'a pas empêché la hausse de la pauvreté, bien au contraire, comme le montre très bien ce graphique du "Monde diplomatique"...La différence de taux de chômage entre la France et l'Allemagne ne s'explique pas par le fait que l'Allemagne crée davantage d'emplois, mais par le fait qu'elle en a eu jusqu'ici beaucoup moins à créer, car beaucoup moins de jeunes arrivent chaque année sur le marché de l'emploi allemand, pour des raisons démographiques
En Angleterre, le marché de l'emploi est flexible depuis des dizaines
d'années. Le licenciement peut se faire sans presque aucune
justification. Depuis la fin des années 90, les petits salaires sont
subventionnés. Le gouvernement Cameron est allé un peu plus loin,
notamment avec la création de contrats de moins d'une heure. Il tente
néanmoins de faire monter le salaire minimum, mais c'est avant tout pour
pouvoir supprimer un crédit d'impôt aidant les petits salaires, et qui
commencent à coûter trop cher pour les finances publiques, tellement ils
sont nombreux !
Avec ce
système, le chômage a eu tendance à augmenter plus vite et plus
fortement en temps de crise, et a réduire plus rapidement depuis la
reprise. Il est de 5,2% aujourd'hui. Toutefois, l'emploi est beaucoup plus précaire. Et peu envié
___Paradis fiscaux: le jackpot des banques françaises
Découvrez le casier judiciaire de votre banque.
... Aux Bermudes, aux îles Caïmans, mais aussi au Luxembourg ou en Irlande,
BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole, Crédit mutuel-CIC et Société
générale ont bien fait leur nid. Un rapport établit que leurs salariés,
peu nombreux, y sont étonnamment productifs et amassent des millions
d'euros. Qui sont en général peu taxés....
Le rapport publié aujourd’hui analyse les chiffres 2015 fournis par les
cinq plus grandes banques françaises : BNP Paribas, BPCE, Crédit
agricole, Crédit mutuel-CIC, Société générale. Et les conclusions sont
sans appel : un quart de l’activité internationale des banques
françaises (13,5 milliards d’euros sur 53 milliards) est réalisé depuis
des pays considérés comme des paradis fiscaux, réglementaires et
judiciaires, et un tiers de l’ensemble de leurs filiales à l’étranger
s’y trouvent (641 filiales sur 1 854). Pour cette étude, les ONG ont
utilisé la liste des « paradis » établie tous les deux ans par le Tax Justice Network,
tout en retirant les États-Unis et le Royaume-Uni, qui concentrent une
grande partie de l’activité financière mondiale. Ce choix est offensif,
et loin des listes établies officiellement par la France et l’Union
européenne : quatre des dix territoires où les banques françaises
déclarent le plus de bénéfices sont des États membres de l’UE…
Le complexe sécuritaro-numérique menace de prendre le contrôle
Les risques de l'emprise numérique
.. Le contrôle de la société – savoir qui est qui, qu’est-ce qu’il fait,
où il est, qui il fréquente… – est une des obsessions permanentes des
gouvernants, de tous les gouvernants. C’est pour cela qu’on a inventé
les statistiques, la sociologie… et les services de renseignements. Le
prétexte de cette volonté de savoir, bien entendu, c’est de mieux
connaître la société pour mieux la servir, mieux répondre à ses
besoins, à ses carences… Mais, à l’inverse des dictatures, un pouvoir
démocratique ne peut pas aller trop loin dans ce contrôle inquisiteur
sans empiéter sur le périmètre des libertés individuelles. Il a donc
besoin, objectivement, de « secousses de frayeur collective », comme
celles que provoque le terrorisme, pour renforcer au maximum son
contrôle des populations. Constitutionnaliser l’état d’urgence est une
façon, dans l’arsenal des mesures sécuritaires possibles, de pérenniser
l’avancée en matière de contrôle que permettent les récents actes
terroristes....
Dans votre récent ouvrage, l’Empire de la surveillance ,
vous publiez un entretien avec Noam Chomsky dans lequel l’intellectuel
étasunien réaffirme que « l’ennemi principal de tout gouvernement est
son propre peuple ». Les démocraties changent-elles de nature ?
Ignacio Ramonet : Ce que dit Chomsky est une évidence lorsqu’il
s’agit de dictatures. Mais ce qui change, avec la mise en place des
« sociétés de contrôle et de surveillance », c’est que désormais ce sont
les démocraties qui regardent avec méfiance et appréhension leur propre
société. Tous les dispositifs répressifs dont on parle – Patriot Act,
loi sur le renseignement, etc. – visent à contrôler, voire à châtier le
peuple, tout le peuple, au prétexte que pourraient se nicher en son sein
quelques terroristes. On ne peut donc plus parler de démocraties tout
court, mais de « démocraties sécuritaires » ou d’« États de contrôle ».
L'Etat mis en danger de la justice
L'injustice faite à la justice
L’accusation est lourde : non-assistance à justice en danger et
mise en danger de la justice. Les faits sont énoncés par le président :
un budget qui, comparé au PIB, se classe au 37e rang
européen. Des sous-effectifs permanents. Des restrictions de fournitures
insensées. Des locaux dans un état déplorable (cela fait ainsi plus de
10 ans que des travaux sont prévus au tribunal de Créteil, notamment
parce qu’on y trouve de l’amiante). Et des délais d’attente infinis pour
quiconque est en souffrance (un an ici pour un juge aux affaires
familiales, 30 mois pour avoir accès à un juge départiteur au Conseil
des prud’hommes de Bobigny, des instructions au point mort pendant des
mois, etc.).
Un greffier, membre de la CGT, Cyril
Papon, raconte les heures supplémentaires non comptabilisées ou payées
avec retard, la conscience professionnelle du corps dont les autorités
abusent, l’épuisement qui s’ensuit, les arrêts maladie.
Une
avocate du Val-de-Marne, Pascale Taelman, décrit l’aide
juridictionnelle (ce système d’aide aux plus démunis), le gain de 50
euros pour l'avocat (dont une grande partie partira en charges, lui fait
remarquer la procureure) qui représente un mineur devant un juge aux
affaires familiales. Le tout prenant généralement six heures de temps....
Où trouver l’argent nécessaire ? Jérôme Karsenti, avocat
d'Anticor, une association qui lutte contre la corruption, a sa petite
idée sur le sujet. « On évalue en France le coût de la corruption à
environ 80 milliards d’euros. Le budget du ministère de la justice est
de 8 milliards. » Si la lutte était un peu plus efficace, si les parquets poursuivaient un peu plus au lieu d’être un « adversaire »
dans les procédures, une partie de cet argent pourrait peut-être être
récupérée. Jérôme Karsenti décrit des juges d’instruction débordés, qui
font parfois appel à lui dans ces termes : « Il faut qu’Anticor se
constitue partie civile. Je suis seul. Le dossier est trop lourd. J’ai
besoin de quelqu’un pour m’aider… » Cette justice n’a même pas les moyens de traiter les dossiers dans leur intégralité : « Dans
l’affaire des marchés publics truqués du gouvernement Fillon, un
rapport de la Cour des comptes établit qu’une grande partie des
ministères étaient en faute. Mais le juge m’a demandé de choisir
certains ministères car il n’a pas le temps et les moyens de tout
instruire… »
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