Quand Bruxelles et Paris se rencontrent.
                                                      Mitterand l'avait déjà reconnu en privé: son pouvoir était réduit à peu de choses, surtout en matières des grandes orientations sociales et économiques.
     Les dogmes libéraux ont d'abord leur source du côté de la Commission, qui tente, avec plus ou moins de succès et de lenteur, de les imposer aux institutions de chaque pays engagé dans la logique des Traités, dont la logique n'a pas été reconnue par tous les peuples, quand il eut consultation. Pas cette Europe-là!
       ____  En plein mouvement social, la Commission européenne demande à Paris d'aligner sa législation sur les exigences du patronat, dans le contexte libéral qui est le sien, comme pour l'Espagne:
       ...  Les prescriptions de Bruxelles transmises mercredi ressemblent à s’en méprendre à un argumentaire du plus dogmatique des néolibéraux. « Dans
 le contexte actuel de chômage élevé, le coût du travail au salaire 
minimum risque de freiner l’emploi des personnes peu qualifiées, dit la Commission. Qui préconise de « veiller
 à ce que les réductions du coût du travail soient pérennisées et que 
les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec la création 
d’emplois et la compétitivité ». Traduction : que le salaire minium n’augmente surtout pas.
       Autre point sur lequel insiste la Commission, et qui est au centre de
 la loi travail : l’exigence de donner plus de libertés aux entreprises 
pour déroger aux accords de branches, qui protègent pourtant les 
salariés d’un rapport de force déséquilibré au sein d’un même secteur, 
et fixent le cadre – salaires, horaires, protections sociales... – dans 
lequel ils exercent leur métier. « Les réformes menées récemment 
n’ont donné aux employeurs que peu de possibilités pour déroger aux 
accords de branche. Cela concerne tous les aspects des conditions 
d’emploi, notamment les salaires, le temps de travail et les conditions 
de travail, et limite la capacité des entreprises à moduler leurs 
effectifs en fonction de leurs besoins », fait valoir la Commission. « Les
 dérogations aux accords de branche et aux dispositions juridiques 
générales sur les conditions d’emploi, par l’intermédiaire d’accords 
d’entreprise, pourraient être facilitées, en concertation avec les 
partenaires sociaux ». C’est justement ce que le gouvernement veut 
faire avec la nouvelle loi travail. Les recommandations de Bruxelles 
reprennent aussi textuellement l’argument selon lequel c’est la 
protection des salariés en CDI qui pénaliserait les précaire et les 
chômeurs… Sans expliquer par quel mécanisme une protection précarise...
    
Mais ce n’est pas tout. Le semestre européen demande aussi à la France d’ « entreprendre une réforme du système d’assurance-chômage afin d’en rétablir la viabilité budgétaire ».
 Et veut aussi que Paris réduise l’impôt sur les sociétés tout en 
augmentant la TVA. Rappelons que l’impôt sur les sociétés est prélevé 
sur les bénéfices d’une entreprise, tandis que la TVA pèse de la même 
manière sur tout le monde, que l’on soit salarié au Smic ou PDG 
millionnaire. Manuel Valls en fera-t-il son nouvel ordre de mission...
      Une logique que l'on connaît bien: toujours plus loin dans la déréglementation, au nom du sacro-saint marché, d''absence totale de protectionnisme minimum, de compétition intra-européenne, de compétitivité sans solidarité, dans la course au moins-disant social. Le piège de l' Eurozone  continue à fonctionner, envers et contre tout, contre les principes de leurs fondateurs, en dépit des échecs.
      L'Europe est devenue le dindon du libéralisme économique
                  Curieux, à l'heure où le  FMI, ou certaines de ses instances, commence à remettre en question les dogmes friedmanien en usage jusqu'ici,  à s'interroger dans son jargon sur certaines orientations considérées jusqu'ici comme incontournables, sans alternatives:  ...En résumé, les avantages de certaines des politiques importantes du 
programme néolibéral semblent avoir été quelque peu exagérées. Si dans 
le cas de la baisse des obstacles à la circulation financière, certains 
flux de capitaux tel que l’investissement étranger direct semblent avoir
 l’intérêt qui leur est prêté, pour d’autres, en particulier les flux de
 capitaux à court terme, les avantages pour la croissance sont 
difficiles à percevoir, considérant les risques de plus grande 
volatilité et de crise. Dans le cas de la consolidation budgétaire, les 
coûts à court terme en termes de baisse de la production, de bien-être 
et de chômage plus élevé ont été minimisés, et l’opportunité pour les 
pays avec plus de profondeur fiscale de vivre avec une dette élevée et 
de laisser les ratios d’endettement se réduire à la faveur de la 
croissance, ont été sous-estimés. »
Au chapitre des inégalités, l’article est moins allusif. 
« L’inégalité croissante des revenus est associée à l’ouverture 
financière et à l’austérité, leurs effets distributifs créent une boucle
 de rétroaction négative..." 
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