N'exagérons rien.
Ce n'est pas une révolution. Mais une petite mutation interne, un peu tardive, un peu timide, mais peu attendue.
Quelle mouche a piqué le FMI, qui semble commencer à amorcer un début de virage vers un certain bon sens, en prenant ses distances, du moins théoriquement, avec des dogmes qui en ont fait un des temples du néolibéralisme?.
Il semble devenu peu à peu plus pragmatique.
On l'a vu récemment dans le cas ce la Grèce où il finit par se trouver en désaccord avec le rigidité de l'Eurogroupe, concernant le remboursement de la dette.
Il se place aujourd'hui dans une critique timide de ses présupposés et de ses dogmes friedmano-thachtero-reaganien des années 80, le néolibéralisme, notamment en ce qui concerne « l'ouverture accrue au marché des capitaux (qui) figure en permanence comme un facteur de risque ».
Un retour aux sources de l'esprit de l'institution à ses débuts, conforme à une de ses définitions d'origine?: "Le Fonds monétaire international (FMI) encourage la stabilité
financière et la coopération monétaire internationale, et s'efforce
aussi de faciliter le commerce international, d'œuvrer en faveur d'un
emploi élevé et d'une croissance économique durable, et de faire reculer
la pauvreté dans le monde. Le FMI est gouverné par ses 189 États
membres, auxquels il rend compte de son action." était-il écrit.
Une modeste sortie de la nuit néolibérale?
« Pourquoi le néolibéralisme est-il sorti plus fort de la crise ? »
La question, posée notamment par le sociologue et politiste britannique
Colin Crouch, est le point de départ du nouveau livre de Pierre Dardot
et Christian Laval.
Le philosophe et le sociologue, tous deux
enseignants à l’université Paris Ouest-Nanterre-La Défense, ont déjà
publié plusieurs ouvrages à quatre mains, parmi lesquels Commun en 2014 et La Nouvelle Raison du monde en 2009. Ils récidivent avec un ouvrage intitulé Ce cauchemar qui n’en finit pas. Comment le néolibéralisme défait la démocratie, publié aux éditions La Découverte.
Réactivant leurs analyses montrant que le néolibéralisme est devenu une « raison-monde »
ayant pour caractéristique d’étendre et d’imposer la logique du capital
à toutes les relations sociales jusqu’à en faire la forme même de nos
vies, ils s’intéressent dans cet ouvrage à la manière dont la « cage de fer » a encore gagné en puissance. Au point de nous entraîner dans une « sortie de la démocratie »
où la gestion de « la crise » n’est plus un état passager, mais un mode
de gouvernement et une façon d’accroître l’emprise des logiques
néolibérales sur les sociétés européennes, comme l’épisode grec de l’été
dernier a achevé de le montrer...
Une logique qui est en venue à l'asservissement de l'Etat aux exigences de la puissance des marchés.
Une
logique que l'on connaît bien: toujours plus loin dans la
déréglementation, au nom du sacro-saint marché, d''absence totale de
protectionnisme minimum, de compétition intra-européenne sans solidarité, dans la course au moins-disant social. Le piège de l' Eurozone continue à fonctionner, envers et contre tout, contre les principes de leurs fondateurs, en dépit des échecs.
L'Europe est devenue le dindon du libéralisme économique.
.... A l'heure où le FMI,
où certaines de ses instances, commence à remettre en question les
dogmes friedmaniens en usage jusqu'ici, à s'interroger dans son jargon
sur certaines orientations considérées jusqu'ici comme incontournables,
sans alternatives, il est permis d'espérer une extension de cette sortie de l'aveuglement:
...En résumé, les avantages de certaines des
politiques importantes du programme néolibéral semblent avoir été
quelque peu exagérées. Si dans le cas de la baisse des obstacles à la
circulation financière, certains flux de capitaux tel que
l’investissement étranger direct semblent avoir l’intérêt qui leur est
prêté, pour d’autres, en particulier les flux de capitaux à court terme,
les avantages pour la croissance sont difficiles à percevoir,
considérant les risques de plus grande volatilité et de crise. Dans le
cas de la consolidation budgétaire, les coûts à court terme en termes de
baisse de la production, de bien-être et de chômage plus élevé ont été
minimisés, et l’opportunité pour les pays avec plus de profondeur
fiscale de vivre avec une dette élevée et de laisser les ratios
d’endettement se réduire à la faveur de la croissance, ont été
sous-estimés. » Au chapitre des inégalités, l’article est moins allusif.
« L’inégalité croissante des revenus est associée à l’ouverture
financière et à l’austérité, leurs effets distributifs créent une boucle
de rétroaction négative..."
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