D'abord, recueillement et silence.
Des journalistes, emportés par leurs tropismes habituels, se sont précipités dans des bavardages imprudents et parfois indécents:
« ...On veut informer vite au lieu d’informer bien. La vérité n’y gagne pas. » Ce constat introduit l’un des tout premiers éditoriaux de Camus dans le Combat de
la Libération, le 8 septembre 1944, alors que l’Europe est loin d’être
libérée et l’Allemagne hitlérienne pas encore vaincue. Sous l’intitulé
« Le journalisme critique », il y défendait un « journalisme d’idées » dont le « commentaire critique », dans un scrupuleux respect de la vérité des faits, aiderait « à
la compréhension des nouvelles par un ensemble de remarques qui donnent
leur portée exacte à des informations dont ni la source ni l’intention
ne sont évidentes ... Être au rendez-vous de notre liberté, ce n’est pas ajouter au
désordre du monde l’affolement des peurs et l’excitation des haines, ce
voile d’opacité et d’ignorance qui accroît notre désarroi et accentue
notre malheur. C’est, au contraire, chercher à comprendre, exiger de
savoir, affronter la vérité, fût-elle douloureuse et dérangeante. Pour
être vraiment libres dans nos choix et autonomes dans nos décisions,
nous avons besoin d’y voir clair. Sinon, nous ne serons que les jouets
de nos illusions, emportés par la catastrophe qu’elles accompagnent et
précipitent..."
_____ Dans un premier temps, il y a urgence à se taire
Nous
avons assisté après le massacre qui a coûté la vie à 84 personnes le
soir du 14 juillet, à Nice, à une débauche de déclarations péremptoires,
de contradictions, et de solutions faussement radicales comme la
rétention administrative, dans des centres fermés « pour ceux qui représentent une menace ». Une proposition que s’est empressé de ressortir de ses tiroirs le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti.
Tout cela en vrac alors qu’on ne savait encore rien du tueur qui a
jeté son camion dans la foule. Les partisans de l’état d’urgence à
perpétuité devraient pourtant admettre que cette disposition
d’exception, en vigueur depuis le 14 novembre dernier, n’a pas empêché
l’attentat de Nice. Et que signifie, dans la bouche d’Eric Ciotti, « ceux qui représentent une menace
» et qu’il faudrait enfermer préventivement ? Le conducteur du camion
répond-il à cette définition, alors qu’il n’était pas connu des services
de renseignements, mais seulement de la police pour des actes de
délinquance ?
Le constat est accablant : aucune des mesures proposées
péremptoirement par ces personnalités politiques n’aurait évité le
carnage de Nice. Alors pourquoi cet empressement ? On a trop
l’impression que la priorité, en ces circonstances, est d’exister
médiatiquement. François Hollande n’échappe pas à ce soupçon. N’a-t-il
pas annoncé au milieu de la nuit la reconduction de l’état d’urgence,
alors même que cette disposition venait précisément de faire la preuve
de son inutilité..
Le pire serait-il devenu un business?
Puis tenter de comprendre ces folies meurtières.
C'est le temps des interrogations et des prises de conscience.
Revient la lancinante question: que faire?
Devant une radicalisation qui nous interpelle.
Que valent l' état d'urgence et l'opération Sentinelle?
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