lundi 19 septembre 2016

L'aplomb est un art...

Qui se travaille...
                            De l'audace, toujours de l'audace!...
  Dans l'arène politique, surtout en périodes sensibles, le verbe tend  à prendre le haut de la tribune, la politique étant souvent un sport de combat, comme le reconnaissaient déjà Machiavel et Swift à sa manière.
     Comme à la guerre, la vérité est la première victime d'affrontements parfois sans nuances et sans fleurs, surtout quand les enjeux de personnes supplantent les débats d'idées.
    Il y a ceux qui disent toujours jamais.
       En s'aventurant sur des terrains mouvants.
            En renvoyant la balle...
     Ceux qui oublient vite qu'ils ont ouvert la bouche trop vite.
       Outre la langue de bois et la rhétorique de circonstance annonçant ce qui ne se fera pas, il y a un pari sur l'effet du moment et l'oubli progressif de paroles lancées.
   Certes, la politique est l'art du possible, mais devrait être aussi l'art du courage et de la vérité, d'une certains exigence modeste de vérité, quoi qu'il en coûte.(*)
   Des paradoxes vivants  hantent notre politique spectacle, notre hyperprésidence en déclin, nos institutions dévoyées, qui fragilisent la démocratie, faisant oublier le goût du vrai (parfois seulement du mentir vrai).
                   Epiménide s'y retrouverait-il? 
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(*) ... Quarante-cinq ans plus tard, l'admonestation de Mendès n'a rien perdu de son éclat : nous vivons dans un système qui ne veut voir qu'une seule tête, étouffe le débat public, méprise le citoyen, dégrade la politique ; aujourd'hui comme hier...
     Venu à l'action publique dès la fin des années 1920 par admiration pour la rigueur efficace d'un homme de droite intègre, Raymond Poincaré (qu'il jugeait néanmoins trop éloigné des réalités sociales), Pierre Mendès France allait évoluer jusqu'à déclarer, en 1959, devant le nouveau parti socialiste autonome (PSA), auquel il devait adhérer après son exclusion du parti radical : « Le socialisme est le prolongement normal de la démocratie parce qu'il fait entrer dans le domaine des décisions politiques la vie économique et sociale qui s'en trouvait exclue dans le cadre libéral. »
    Admirateur de Roosevelt, il pensait qu'un contrat doit lier un responsable et ceux qui l'ont élu, pour sortir leur pays de l'ornière : définir une politique et en rendre compte, éclairer l'opinion plutôt que l'endormir, voilà ce à quoi il s'attela dès qu'il fut désigné président du conseil, en juin 1954, au lendemain de la raclée de Diên Biên Phu, quand la France apparaissait au trente-sixième dessous. Chaque dimanche, PMF allait se lancer dans une causerie radiophonique, histoire d'établir et de maintenir le contact avec ses mandants..
   Mendès, alors moderne dans son type d'intervention, n'annonçait pas la société du spectacle. Il croyait le pays majeur et les électeurs respectables. Il refusait le pouvoir à n'importe quel prix. Il affirmait : « L'intégrité dans la vie publique est au moins aussi nécessaire que dans la vie privée. » Persuadé, après Gambetta (discours au Théâtre du Château d'Eau le 20 octobre 1878), que « la République, c'est la forme qui emporte le fond », Pierre Mendès France causait parce qu'il avait quelque chose à dire....
    Il ajoutait: « L'usage de la télévision a entraîné une dégradation civique supplémentaire. Elle devait populariser, démocratiser la politique ; elle a, au contraire, reproduit sur une échelle plus vaste encore les défauts de l'ancien système. Le théâtre politique est plus ouvert mais plus faussé, plus falsifié, plus censuré que jamais. Il est plus que jamais un théâtre de vedettes. »...
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