jeudi 15 décembre 2016

Brèches dans la mondialisation?

                                                                                                       [Notes de lecture]
        Déglobalisation en cours: un mythe?
                                                      Si la mondialisation n'est pas une tendance récente dans les échanges entre nations, la globalisation est un phénomène plus récent, en tant que marché étendu à quasiment tous les pays du monde, englobant échanges de biens, de produits, avec le minimum de protectionnisme, comprenant aussi la concurrence entre les prix, les coûts de productions, donc des salaires, tel que le préconise l'OMC, et s'appuyant sur une unification-homogénéisation des marchés et une monnaie d'échange de référence privilégiée.
       En ce sens, si une certaine mondialisation a commencé au XVIème siècle, avec des périodes d'expansion et de régression, la globalisation n'a pris son véritable essor qu'il  n'y qu'une trentaine d'années et s'est accompagnée d'une financiarisation de plus en plus généralisée de l'économie, la spéculation prenant le pas sur l'investissement.
       Le triomphe de ce phénomène toujours en expansion n'a pu se faire qu'avec la montée en force économique des nouvelles puissances que sont la Chine et les autres puissances asiatiques ainsi que par le développement des grandes compagnies transnationales, dont la logique de développement pousse à l'expansion trans-frontalière.
      Puissant levier de développement pour les pays les moins développées, qui ont trouvé là des moyens de production inédits, par l'ouverture de marchés toujours plus étendus, ce phénomène a produit aussi ses revers, ses effets pervers.
           C'est ce qu'ont bien décrit, depuis une dizaine d'années déjà,  deux journalistes du Spiegel, qui pointent l'autre face d'une globalisation sans frein, sous le signe du dogme ultralibéral, engendrant aussi déclassements, précarités, crises financières et autres désordres. Ils ne proposent pas un retour à un protectionnisme réducteur, mais lancent un appel pour une réglementation raisonnée des échanges, dans une autre logique que la loi de la jungle qu'engendrent finalement les principes de l'OMC, basés sur les vertus du marché tout puissant, qui serait à lui-même sa propre règle, contiendrait sa propre raison. Ce qui signifie en finir avec les abandons successifs des contrôles et arbitrages des Etats, réduits à leurs fonctions les plus basiques.
       La question est de redéfinit quelle forme de libre-échange équilibrée est possible sans mettre en péril des pans entiers de l'économie, comme cela continue à se produire dans nos pays qui ont misé sur les délocalisations pour faire baisser les coûts de production et bénéficier de biens à bas prix.
Un équilibre qui semble difficile à mettre en place aujourd'hui, après tant d'années de fuite en avant dans une logique inverse, avec le mythe entretenu d'un équilibrage mondial final.
  Ce qui pourrait contribuer à un certain retour à une maîtrise étatique semble être les impasses de plus en plus fortes dans lesquelles s'est enfermé le processus.
       C'est ce qu'analyse Natacha Polony et le Comité Orwell dans un essai récent, à la suite d'autres économistes (attérrés ou non)  et de la pensée assez prémonitoire de Maurice Allais, qui avait bien vu les problèmes et les contradictions de la religion du marché mondial généralisé. Sans une certaine forme de protectionnisme judicieux et intelligent, que l'Europe notamment  n'a pas mis en place et qui contribue à ses problèmes, ceux-ci ont toutes les chances de s'approfondir.
  Mais tout se passe comme si une certaine déglobalisation commençait à se mettre en place. La notion naïve de mondialisation heureuse, prêchée par A. Minc,  prend du plomb dans l'aile. L'explosion des inégalités et le laminage des classes moyennes a été largement analysés par J. Stiglitz, l'ancien chercheur de la Banque Mondiale, Branco Milanovic, par Ricardo Petrella.ou Saskia Sassen.
La question est de savoir jusqu'où ira ce phénomène et comment  sera conduite une autre forme de mondialisation. Sinon...
    Ce qui suppose une redéfinition des règles et de l'esprit de l'OMC.
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