Il fallait s'y attendre.
L' intégrité n'est plus ce qu'elle était et François perd les pédales.
Voilà le châtelain bientôt obligé de rentrer sur ses terres.
Malgré son obstination et ses imprécations.
On sent le roussi.et même le cuit. A moins que...Mais les miracles sont très rares de nos jours...
Mais à toute chose malheur est bon. Il va pouvoir enfin s'occuper du château un peu délaissé. Les travaux ne manqueront pas au début du printemps.
Saint et martyr, il pourra se remettre avec bonheur à ses activités jardinières pour retrouver la sérénité, le contrôle de ses nerfs.
La nature n'attend pas. Et elle ne ment pas...
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Il est des rapprochements historiques qu'on ne peut s'empêcher de faire:
Sous le Second Empire, une brochure électorale du comte Joseph Dominique Aldebert de Chambrun, en Lozère, disait :"si nous faisions la part de nos faveurs, le comte aurait nos voix, la comtesse nos coeurs »...
L'essor de la démocratie parlementaire au XIXe siècle n'a pas convaincu les nobles d'abandonner la politique. Ces anciennes élites, souvent monarchistes, s'employèrent à être élues sous la république. Elles habitaient le château familial, plus ou moins constamment, et prétendaient avoir une légitimité naturelle à représenter les gens de leur pays. L'attachement de populations locales et rurales aux notables faisait de leur élection la «ratification de l'autorité sociale évidente...ils dépensent et se dépensent pour la communauté: gérer la mairie, accomplir les formalités administratives d'une population souvent illettrée, tenir un compte pour les pauvres chez les commerçants, pourvoir aux oeuvres de bienfaisance de la paroisse.
Dans l'ombre de ces grands élus, l'épouse aidait. La baronne de Mackau assistait ainsi son mari, l'un des chefs du parti conservateur: elle ouvrait le courrier, etc...
La discrétion s'imposait, mais pas au point de commander d'être invisible. Il fallait que la bienfaisance contribue à la popularité de l'époux et donc à son élection, comme s'y employait la
comtesse de Chambrun en Lozère. L'association conjugale s'imposait si bien dans l'entreprise politique que de riches élus bourgeois imitaient ce modèle. Les notables payaient de leur poche ces largesses intéressées sans en avoir l'air. Si quelques maris, probablement, y voyaient un bon moyen
d'occuper leur épouse avec les pauvres, les enfants, les bonnes soeurs et le curé, la division sexuelle du travail était aussi nécessaire pour dissocier la générosité de l'intérêt. L'entreprise notabiliaire montrait l'exemple des vertus familiales et de l'altruisme. Cette économie enchantée du dévouement se maintint tant que les fortunes le permirent. Et tant que le droit ne donna pas à ces largesses le parfum de la corruption....
Les choses ont beaucoup changé: les femmes ont le droit de vote et sont éligibles, la charité privée a disparu - trop coûteuse, mal acceptée et faible -quand le clientélisme se nourrit de ressources publiques. Mais les épouses d'hommes politiques sont toujours mises à contribution, plus ou moins selon les couples, pour accompagner l'élu dans les manifestations officielles ou mondaines, pour jouer les intermédiaires, transmettre les doléances, voire. ouvrir le courrier..
A bien des égards, les anciennes châtelaines auraient pu se reconnaître dans le tableau que M. François Fillon dresse des activités de son épouse: «le courrier l'agenda, la préparation des interventions dans la Sarthe et la représentation de l'élu lors d'événements locaux» (conférence de presse du 6 février 2017). Et même au-delà, si l'on en croit Gala: «Elle participe aussi bien à la vie religieuse de la paroisse qu'aux événements culturels tels que le Festival de musique baroque .» À une différence près, toutefois: les épouses d'autrefois n'étaient pas rémunérées.
M. Fillon s'apparente étrangement à ces anciens châtelains, jusqu'à avoir acheté le manoir deBeaucé, dans la commune de Solesmes dans la Sarthe, un département de vieille tradition notabiliaire, et même à avoir mis des terres en'métayage. Quoi de plus naturel qu'un professionnel de la politique - tellement professionnel qu'il n'a jamais eu d'autre activité - fasciné par l'honorabilité des anciens châtelains? Évidemment, un train de vie de noble coûte cher, comme beaucoup de propriétaires l'ont éprouvé au point de renoncer aux vieilles demeures familiales. Des nouveaux riches ont souvent pris leur place avant de passer la main à leur tour, sauvant ainsi une partie du patrimoine. ( Alain Garrigou)
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