(Petite revue de presse)
...Passée assez inaperçue mais révélatrice de l'état du pays.
Pour la masse des Algériens, cette nouvelle élection préfabriquée laisse, une nouvelle fois un goût amer.
A en juger par le faible taux de participation, c'est l'indifférence ou la révolte qui a une nouvelle fois dominé, symptôme de l'impuissance à réformer des institutions sclérosées., un pouvoir monopolisé par une caste se reproduisant invariablement, un chef d'Etat qui n'est plus qu'un symbole malade.
Que les Algériens boudent les élections n’est pas une nouveauté. Ils avaient été officiellement 43 % à se déplacer pour les législatives de 2012 et 35 % pour celles de 2007. « On a pris l’habitude de ne pas croire à ces chiffres gonflés, déplore le sociologue Nacer Djabi de l’université d’Alger. Mais cette fois-ci les autorités ont peur d’une désaffection massive. » « L’abstention est une attitude politique face à la fiction politique qu’est l’assemblée populaire nationale, rien n’émane de cette chambre d’enregistrement du pouvoir », estime le politologue Hasni Abidi, directeur du centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. « Ces élections sont une formalité politique mais le pouvoir qui souffre d’un déficit de légitimité démocratique a besoin de la vitrine d’une assemblée issue du suffrage direct, explique-t-il. Cette fois-ci il est inquiet. »
Sans signification, ces élections formelles passent pour une mascarade aux yeux de nombreux Algériens désabusés.
Jusqu'à quand durera cette défaite du pouvoir, qui retarde le plus possible les échéance inéluctables, notamment le tabou de la disparition d'un chef d'Etat "sous perfusion"?
«Le discrédit jeté sur le pouvoir est énorme, estime le politologue Belkacem Benzenine. Il doit absolument entendre le message de cette élection, celui de cette autre Algérie, jeune et majoritaire, qui ne croit plus en lui.»
"En dépit des nombreux appels au vote, la campagne électorale est restée morne. Non seulement l’Assemblée est considérée par beaucoup comme une simple chambre d’enregistrement, sans pouvoir réel, mais les privilèges, notamment financiers, associés au statut de représentant du peuple nourrissent un sentiment de défiance vis-à-vis des politiques.
Interrogé fin avril dans le cadre de la campagne, un habitant d’Alger, chauffeur de taxi, expliquait : « le Parlement ne sert à rien. Les lois ne sont pas débattues. Ce ne sont pas les députés qui votent. On voit bien que certains se servent de ces fonctions pour s’enrichir. On n’est pas dupes. »
Les jours précédant le vote, les appels à boycotter se sont multipliés sur Internet avec pour certaines vidéos de youtubeurs engagés plusieurs millions de vues cumulées. Leur audience a été suffisamment importante pour provoquer des réactions officielles.
Autre signe de la nervosité des autorités face à une éventuelle abstention massive : fin mars, dans une circulaire intitulée « Charte pour une couverture médiatique éthique et équitable des élections », le ministre de la communication, Hamid Grine, appelait sans ménagement les médias à ne pas donner la parole aux partisans du boycottage.
Dans quel contexte économique et social le scrutin se tient-il ?
Nombre d’Algériens estiment avoir des préoccupations plus urgentes. La chute des prix du pétrole, depuis juin 2014, a ébranlé les équilibres macroéconomiques du pays. En l’espace de deux ans, l’Algérie a perdu 70 % de ses revenus liés aux hydrocarbures, sa principale ressource.
L’Etat, qui n’a pas anticipé le chantier de la diversification économique, se voit contraint d’augmenter les taxes, de diminuer les importations, de couper dans les investissements publics et de commencer à réformer le système social.
La politique en Algérie n'a jamais été simple et elle est toujours difficile à comprendre, tant la transparence fait défaut.
Tristes élections législatives en vérité, à l'ombre de l'obscurantisme, alors que ce pays jeune a de nombreux atouts pour être dynamique et prospère.A force de cadenasser pouvoirs et privilèges, les "responsables" préparent à coup sûr un avenir difficile.
Faut-il partager le pessimisme de cet Algérien?
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