Liaisons dangereuses
2011: on se souvient de l'intervention lybienne,et de l'opération Unifed Protector, dans la quelle N. Sarkozy joua un rôle majeur. Intervention largement critiquée après coup en interne comme en externe. Le grand droitdelhommiste BHL y avait joué avec zêle le rôle de conseiller du prince. Et plus.
Ce qui devait se produire se produisit. Kadhafi avait prévenu Tony Blair sur les risques émanant de démantélement, Pas plus que Hussein ou Assad, le "guide" n'était un enfant de choeur, mais finalement, la France paie au prix fort cette intervention biaisée et intéressée, comme Washington son aventure irakienne.
L'ami de Tripoli, un si bon client, reçu en grande pompes à Paris, à qui on voulait vendre du nucléraire, devint rapidement l'homme à abattre, laissant dans le pays un chaos dont on n'est pas sorti, avec ses conséquences sur les flux migratoire du Sud et la diffusion incontrôlée d'armements de toutes natures jusqu'en Afrique subsaharienne, dont profitèrent des groupes radicaux, au Mali ou ailleurs. Des bases floues, des réticences et rapidement des conséquences assez prévisibles. Cette guerre dans l'urgence provoqua au moins une remontée du Président dans les sondages, comme pour M.Thatcher avec l'affaire des Malouines. L'habillage politique fut habile sur le coup.
Les incidences n'on pas fini de se faire sentir. La Libye est vite devenue un problème au cœur de toutes les inquiétudes. Les regrets ne servent plus à rien. On peut lire dans JeuneAfrique ou sous la plume deJean-Bernard PINATEL des analyses sur la situation confuse et chaotique qui continue à régner à Tripoli. Si toute le vérité ne se trouve pas dans le résultat d'une longue enquête, il devrait s'en trouver suffisamment pour remettre en cause les dessous des cartes élyséennes, les liaisons dangereuses évoquées depuis quelques années.
.....Six ans après le renversement et la mort du colonel Kadhafi, la France paie au prix fort une guerre dont Nicolas Sarkozy fut l’initiateur et le plus ardent protagoniste. La Libye est devenu un « impératif de sécurité national, régional et international », a souligné Emmanuel Macron, mardi 25 juillet. Deux semaines plus tôt, le 11 juillet, Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères après avoir été durant tout le quinquennat Hollande ministre de la défense, décrivait en ces termes la situation devant les députés: « La Libye souffre de l’absence d’État et de l’anarchie qui en découle […]. Ce pays est source de grands périls pour nous » (lire son audition ici). En résumé, deux pouvoirs se combattent en Libye, l’un à Benghazi, l’autre à Tripoli. Des milices armées rivales développent et vivent des trafics de drogues, de pétrole, d’armes et de migrants. Cette crise déstabilise dangereusement les pays voisins et, en premier lieu, la fragile Tunisie. Elle a diffusé dans une large partie du Sahel, les arsenaux du régime de Kadhafi ayant permis d’alimenter tous les groupes radicaux de la région. Cette guerre « préventive », revendique Bernard-Henri Lévy, qui fut le plus fervent publiciste de Nicolas Sarkozy, a été déclenchée en détournant l’esprit comme la lettre d’une résolution de l’ONU, ce qui donne aujourd’hui encore de solides arguments à la Russie et à la Chine… Gérard Longuet était le ministre de la défense de Nicolas Sarkozy pendant la guerre. Que dit-il aujourd’hui ? « La Libye, ce n’est pas un sujet totalement serein. Nous avons fait une guerre. Ce que nous avons laissé pose problème. Si je devais parler publiquement de la Libye, cela remettrait en cause les images d’Épinal. » Le ministre n’en dira pas plus. Il est vrai que toutes les demandes d’une commission d’enquête parlementaire en France qui aurait pu l’obliger à témoigner sous serment et à être interrogé ont été rejetées… Barack Obama, qui avait accepté, sur pression insistante d’Hillary Clinton, de soutenir l’opération franco-britannique, concédera en avril 2016, dans un entretien à The Atlantic, avoir commis avec la Libye sa « pire erreur », comparant la situation à un véritable « merdier ». Des responsables américains puis britanniques, mais aussi de grandes ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch, expliqueront que la guerre a été déclenchée à partir de fausses informations. Les fusillades et bombardements de populations civiles par des avions de Kadhafi ? Aucune preuve. Une colonne de chars avançant sur Benghazi pour procéder à un massacre général ? Faux. Les chars n’entrèrent jamais dans la ville. Le chaos libyen est une histoire française, celle d’un président de la République aux abois. Ce fut d’ailleurs la principale conclusion d'une enquête de la commission des affaires étrangères du parlement britannique qui, en 2016, a rendu publics ses travaux sur les prémices de cette guerre, jugeant elle aussi que cette intervention « n’était pas fondée sur des renseignements exacts » (lire ici notre article sur ce rapport). .... ___________________________
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