vendredi 12 janvier 2018

Aventures amazoniennes

Jeff, tel qu'en lui-même.
                              Qui arrêtera le roi du e-commerce dans son irrésistible ascension?
     Jeff Bezos, devenu l'homme le plus riche du monde, défié par Alibaba, la deuxième fortune chinoise, paraît-il, transhumaniste à ses heures, n'est pas un e-commerçant comme un autre.
   C'est aussi un prophète libertarien, annonçant un e-avenir radieux, grand donateur du think tank libertarien Reason Foundation.
   Le killer des petits libraires, surtout aux USA, mais pas seulement. suit un chemin favorisé par les exceptions fiscales qu'on lui accorde, au Luxembourg ou ailleurs.
   Plus il monte dans le firmament des plus grands , plus il veut monter, en visant maintenant le monde des grands distributeurs de la planète. Le livre, c'est devenu annexe.
     Mondialisation oblige. Les Etats ne pèsent pas lourds, hésitant à limiter les ambitions du mastodonte. Il faut dire qu'il crée de l'emploi, même s'il robotise à grande vitesse. Et il a les faveurs des consommateurs-rois, qui veulent des produits toujours moins chers et toujours plus vite livrés.
    De l'autre côté du décor, c'est un management sans pitié, la loi de la jungleÀ l'ère du travail rare, des diplômés surqualifiés et déclassés, les candidats se bousculent. Le turn-over n'est pas un problème. En outre, à lire l'article du NYT, les amazoniens semblent plutôt contents de leur sort. Certes, confie cet ancien « leader », "j'ai vu pleurer à leur bureau presque tous mes collègues", mais il ressort de tout cela que, pour la plupart des cadres, "Amazon reste le meilleur endroit où ils ont détesté travailler". 
    Paradoxe de la servitude volontaire, qui dessine un avenir inquiétant.
Mais le serial investisseur Jeff Bezos est sans état d'âme sur l'avenir de l'information, sur laquelle il a quelques ambitions.
   Ses stratégies sont claires pour construire un empire toujours plus grand.
       Un management implacable, pas seulement à l'égard du personnel. (*)
  Certains sont admiratifs, d'autres n'ont pas envie de rire, face à cette politique de dumping tous azimuts de la terre brûlée, sous couvert de modernisme marchand. Le monopole est l'objectif, négation du capitalisme lui-même.
  C'est le NYTimes lui-même qui met le doigt là où ça fait mal.
               Mais les arbres ne montent pas jusqu'au ciel...
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  (*)  "Amazon n'est pas une simple multinationale, c'est un modèle de société liberticide:...la véritable spécificité d'Amazon n'est pas la pénibilité du travail dans ses usines – beaucoup d'usines ou de chantiers ont des conditions de travail terribles et Amazon n'est pas un cas isolé. La spécificité d'Amazon, c'est son organisation interne impitoyable pour l'humain, élaborée à partir de son infrastructure informatique, avec ses bornes wi-fi disséminées partout, ses caméras de surveillance, son contrôle total de l'individu, de la productivité ainsi que son paternalisme maison très idéologique. La spécificité d'Amazon, c'est que son infrastructure informatique complexe a pour objectif d'exploiter à outrance la machine qui réalise les opérations les plus complexes des entrepôts : l'être humain. Beaucoup bavardent à propos de la robotisation future d'Amazon. Seulement pour l'heure, l'exploitation d'intérimaires est beaucoup, beaucoup plus rentable. D'autant qu'à la différence d'un robot, un intérimaire ne se remplace pas quand il est cassé. Amazon le congédie et il est immédiatement remplacé par un autre chômeur...."
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