lundi 5 mars 2018

L'art du storytelling

Gouverner, c'est paraître, disait quelqu'un.
                                                                 Pour le meilleur ou pour le pire.
              C'est reste vrai dans une large mesure.
      César savait travailler son image pour gagner les faveurs de Rome.

Louis XIV à lui seul était un théâtre sur la scène deVersailles.
  Qu'on pense, à l'extrême, à la scénographie du nazisme orchestrée par Goebbels
       Gouverner ou vouloir le faire, c'est aussi parler, avoir recours à l'imaginaire, comme  Montaigne mais aussi Pascal l'avaient déjà remarqué, à un jeu de rôle, à une certaine mise en scène, qui séduit et neutralise toutes critiques et renforce l'adhésion.
   Utiliser la stratégie de la parole, des apparence physiques, des symboles, de la rhétorique pour gouverner. Machiavel ne disait pas autre chose, par simple constat:
    Ce qui compte pour le pouvoir n’est guère ce qui est vrai du Prince, mais ce que les gens pensent qui est vrai de lui: le renom est le premier instrument du pouvoir pour le Prince.
L’important, pour le Prince, est de ne paraître que ce qu’il lui faut paraître, non nécessairement ce qu’il est
         Le pouvoir est donc largement un problème de re-présentation, jusqu'à un certain point. Qu'on songe à Georges Bush, habillé en pilote de la Navy, appelant à la croisade contre l'empire du mal irakien
     Tout pouvoir s'accompagne d'une dose de représentation , de récit de soi de mise en scène
   Shakespeare nous présente, grâce à l’action des images, le spectacle même du pouvoir, la destinée de la puissance royale, dans une fiction qui devient la réalité elle-même, un miroir symbolique où le roi-spectateur peut admirer toute sa force et tout son pouvoir
           Le Président Macron est aussi le roi du storytelling,,. à sa manière.
               Sachant utiliser un  discours construit avec art.
   On voit poindre un  think différent, chez le premier de cordée:        « Nous nous adressons à tous ceux qui voient les choses différemment. Ceux qui suivent une vision, pas un chemin. Tandis que d’autres sont distraits par la nouveauté, vous vous concentrez sur ce qui est essentiel. Même avant que vous ne puissiez voir comment, vous n’avez jamais douté que nous puissions changer les choses. Et puis nous avons changé les choses ensemble, encore et encore. Ce sont les optimistes comme vous qui font progresser le monde. Continuez donc à voir les choses différemment. Gardez l’idée qu’il existe toujours une autre ou même meilleure façon de faire. Vous êtes la différence entre le monde tel qu’il existait et le meilleur endroit qu’il va devenir. Etre différent, c’est la seule chose à propos de nous qui ne changera jamais’’.
       Il est sur tous les fronts, occupant tous les terrains, ne dormant pas ou peu. Chaque jour un nouveau projet, chaque semaine une nouvelles mesure, ses troupes s'époumonant à le suivre. Il s'agit d'aller vite, de court-circuiter les analyses de fond et les critiques, de créer à tout moment un effet de sidération.
       Macron fait (aussi)son storytelling.
Enfin, presque...Il y a mieux.
   Certes, pas comme Poutine, le super tsar de la mise en scène, mais beaucoup plus habilement, avec un sens étudié de la figuration, comme lors de son entrée royale dans la cours du Louvre le jour du couronnement, comme son parallélisme établi avec Clemenceau.
    Mais tout le monde ne tombe pas sous le charme du regard franc et clair, de l'audace affichée des propos, de la détermination sans faille, des discours parfois séduisants mais purement rhétoriques.
   Et tout pouvoir finit par s'user, confronté à des limites et des obstacles parfois créés par lui-même.
        Pas facile d'être grand communiquant, d'être acteur de son propre rôle....jusqu'à l'excès.
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