jeudi 1 mars 2018

L'hiver ne tue pas

 Ce n'est pas le froid qui tue
                                     Ce sont certaines conditions économiques et sociales.
      Des chiffres toujours approximatifs, souvent  "sous-estimés." 
  Le rude hiver est  un enfer pour plus d'un.
Pas seulement à Paris, mais aussi à Saint-Petersbourg ou au Québec.
 Le problème du logement est le problème de fond, problème politique par excellence. Il ne suffit pas de témoigner.
  Oui, aujourd'hui, en France, on meurt encore de froid.
 Sans parler de la précarité énergétique, invisible.
Pourtant, cet hiver n'est pas d'une exceptionnelle dureté par rapport à d'autres périodes.
      Le grand hiver de 1709 produisit une hécatombe sous Louis XIV, en débouchant sur une redoutable crise de subsistance et des famines, avec leurs conséquences politiques:
  Le début des années 1690 voit une alternance de grands froids et de canicules, ce qui entraîne l'une des pires famines connues : tous les registres paroissiaux enregistrent pour les années 1693-1694 une multiplication par trois ou quatre du nombre des décès, une baisse sensible du nombre des mariages et une diminution plus importante encore du nombre de baptêmes (par suite d'aménorrhées ou de dénutrition).
   L'historien du climat Emmanuel Leroy-Ladurie évalue à 1 300 000 le surplus de décès de ces années-là en France, sur une population d'environ 20 millions d'habitants.
    En 1708-1709, le pays, déjà épuisé par la guerre de la Succession d'Espagne, connaît un hiver exceptionnel, le « Grand Hyver » [orthographe de l'époque]. Le prix du blé est multiplié par plus de dix et ce n'est pas tout... On lit dans un registre paroissial de Tours : « Le pain était à peine sorti du four qu'il gelait, et le vin gelait visiblement en le versant dans le verre. On ne buvait qu'à la glace. On ne pouvait s'échauffer qu'avec le meilleur feu. On ne pouvait dans les rues distinguer les vieux et les jeunes parce qu'on avait pareillement la barbe et les cheveux blancs ». Le surplus de décès est évalué cette année-là à 600 000...
  Mais il ne fut pas le seul dans notre histoire, dont on garde la mémoire.
     Le climat n'a de sens que pour l'homme qui le subit et/ou s'y adapte.
                    Il n'existe qu'au cours d'une histoire dépassant l'échelle humaine.
        Tout jugement sur le climat à un moment donné de l'histoire, à un endroit donné, ne peut être que relativisé, comme est relative chaque épisode que nous nommons conventionnellement saison.
    Aujourd'hui, on entend répéter qu'il n' y a plus de saison, qu'il fait froid (après avoir fait trop doux, l'année précédente); mais ça ne date pas d'hier !
     L'illusion, du moins en parole, est toujours la même, à moins de prendre du recul et de relativiser.  Phénomène troublant: 
_Il fait plus chaud au pôle Nord qu’à Londres...
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