Celle de Dieu...
Pas celle de Rodin..
Mais celle, élaborée par certains économistes pour parler, dans leur domaine, de l'harmonie et des progrès créés par le jeu libre des marchés.
A.Smith, considéré comme le père de l'économie moderne, fut l'initiateur de cette notion, qui fit florès au XIX siècle, reprise par les néo-classiques à leur manière, plus récemment par les néolibéraux et qui n'est pas encore absente de certains esprits aujourd'hui.
Elle désigne dans son esprit la théorie selon laquelle l'ensemble des actions individuelles des acteurs économiques, guidées (par définition) uniquement par l'intérêt personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien commun.
Malgré les critiques régulières de cette métaphore, notamment par des économistes comme le prix Nobel d'économie Joseph E Stiglitz, qui invite à nouveau en 2003 à ne pas surestimer la portée de ce concept : « Si c'était une vérité absolue, la morale n'aurait plus aucun contenu. Nous n'aurions jamais à nous demander : qu'est-il juste de faire ? Il nous suffirait de nous poser la question : que voulons-nous faire, qu'est-ce qui nous ferait plaisir ? On pourrait dire que les entreprises ont été nourries avec ce double langage.
Ou bien Robert Shiller, prix Nobel 2013, qui pointe la responsabilité de ce genre de politique dans la crise économique de 2007-2008, crise qui a nécessité l'intervention massive et coordonnée des États et des banques centrales pour en limiter les effets dévastateurs.
Selon Smith, ce n'est pas l'altruisme qui fonde l'intérêt général, mais bien au contraire, c'est la recherche de son égoïsme propre qui est source de richesses communes: « Le produit du sol fait vivre presque tous les hommes qu'il est susceptible de faire vivre. Les riches choisissent seulement dans cette quantité produite ce qui est le plus précieux et le plus agréable. Ils ne consomment guère plus que les pauvres et, en dépit de leur égoïsme et de leur rapacité naturelle, quoiqu'ils n'aspirent qu'à leur propre commodité, quoique l'unique fin qu'ils se proposent d'obtenir du labeur des milliers de bras qu'ils emploient soit la seule satisfaction de leurs vains et insatiables désirs, ils partagent tout de même avec les pauvres les produits des améliorations qu'ils réalisent. Ils sont conduits par une main invisible à accomplir presque la même distribution des nécessités de la vie que celle qui aurait eu lieu si la terre avait été divisée en portions égales entre tous ses habitants ; et ainsi, sans le vouloir, ils servent les intérêts de la société et donnent des moyens à la multiplication de l'espèce. »
Sans prendre à la lettre cette affirmation, il y a bien cette croyance toujours latente, surtout entre deux crises, que l'ordre économique donné est dans l' "ordre des choses" et que, malgré les dysfonctionnements et les injustices, il ne peut être que positif et facteur de progrès.
Mais quel ordre économique?
Livré aux seules lois du marché, on a pu voir où nous menait et ou nous mène la "spontanéité" des marchés
Une main invisible qui ne serait créée que pour les besoins de la cause, par les intérêts des seuls puissants, des plus favorisés par un système qui leur profite. Les analyses de certains avaient déjà pointé le problème lors de la terrible crise de 1929. Mais Hayek, nouveau phare du néolibéralisme et ses épigones ont oublié les leçons, dénonçant toute action publique régulatrice, arbitrale.. Pourtant, la régulation, qui ne va pas de soi, est nécessaire. l'histoire économique le montre abondamment. Encore faut-il que les instances publiques, l'Etat, soit des arbitres neutres, sans connivence avec les intérêts affichés ou masqués.
Ici comme ailleurs, le diable se cache dans les détails, les subtilités idéologiques, les fantasmes et les constructions imaginaires après-coup.
Et si Dieu n'avait pas de main? Et si le désordre n'était pas consubstantiel à la marche d'un capitalisme à courte vue? Et si la spéculation, la finance, qui a pris le dessus sur l'économie réelle, n'était pas un risque majeur pour tous?
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