Comment désembourber une Europe enlisée?.
Ou comment faire du neuf avec du vieux?
Notre flamboyant Jupiter a fait grosse impression sur le public allemand.
Gros contraste avec la terne Mutti, certes pour lui rassurante, mais d'un charisme, disons, limité.
En bon élève, Emmanuel est venu chercher son prix à Aachen, haut-lieu de l'empire carolingien. Un Charlemagne encore instrumentalisé.
En frère prêcheur, il a diffusé une bonne parole d'actualité mais incantatoire: « N’attendons pas », « n’ayons pas peur », « ne soyons pas faibles », « ne soyons pas divisés »...
Formules très vaticanes
Tout le monde est resté poli, même les fossiles comme Trichet...
Mais Angela ne devait pas être tout à fait à l'aise dans ses gros souliers quand le très illustre Elyséen est venu ébranler un sacro-saint dogme économique germanique, fondement de puissance relative, ardemment défendu par le ci-devant Schäuble et son successeur, dans le contexte de la doctrine de l'ordolibéralisme.
Là, chapeau au Président! Il fallait le dire. Pour une fois,Macron tape juste. La Chancelière a fait une réponse de Normand...
Depuis le temps que beaucoup d'économistes tirent la sonnette d'alarme, pas forcément de "gôche" et pas forcément français. Le pays de Goethe ne doit pas sa prospérité (relative) qu'à sa seule vertu . Paradoxe; Berlin exporte trop.
Faire "bouger" l'Allemagne sur la question des excédents budgétaires et de ses choix économiques de fond est une ardente et urgente nécessité.
Même si les ambitions européennes volontaristes de Macon montrent ses limites, il a eu raison de dénoncer publiquement le « fétichisme » budgétaire de Berlin, source d'une bonne partie du marasme économique de beaucoup de pays voisins. Il est urgent de changer de braquet, de sortir d'une politique restrictive basée sur un
Or la "La trajectoire budgétaire allemande pour les prochaines années, présentée la semaine passée par le nouveau ministre des Finances Olaf Scholz (SPD), est d'ailleurs tout aussi rigoureuse que celle qu'appliquait le conservateur Wolfgang Schäuble, connu pour sa ligne orthodoxe.Alors que sa dette passera sous la fameuse barre des 60% du PIB dès 2019, Berlin veut continuer d'enregistrer un excédent d'au minimum 1% dans les prochaines années. Pour ce faire, l'investissement va baisser d'ici 2022, tout comme le poids des dépenses militaires dans le PIB, alors que les recettes devraient augmenter de 60 milliards d'euros sur la même période, selon le Handelsblatt.
Cette ligne rigoriste-ultra-productiviste, dans le contexte monétaire actuel, ne peut pas durer sans renégociation. Mais le patronat allemand compte sur la Chancelière pour tenir la ligne.
Cest une mauvaise nouvelle pour l’économie européenne selon l'Institut Friedland: "Dans un monde où chaque pays possède sa propre monnaie et où celle-ci peut fluctuer librement, l’adaptation du niveau extérieur de la devise a tendance à rééquilibrer les échanges et les soldes (si la devise de l’Allemagne était toujours le Deutsche Mark, l’appréciation de ce dernier aurait mécaniquement dégonflé les surplus extérieurs du pays et aurait évité une accumulation de déficits intenables). Mais dans le monde de la zone euro, où des pays économiquement aussi différents que l’Allemagne et la Grèce partagent une monnaie commune, l’euro en tant que devise de l’Allemagne est sous-évalué alors qu’il est surévalué en tant que devise de la Grèce. Ce phénomène exacerbe les déséquilibres et cela permet de comprendre les appels de nombreux économistes pour que l’Allemagne augmente son niveau d’investissement (link is external), sa consommation ou son niveau de dépense publique.
En tout état de cause, un accroissement du surplus budgétaire allemand est une mauvaise nouvelle pour le reste du monde et particulièrement pour la zone euro. N’étant, par ailleurs, pas tenable dans la durée, il n’est donc pas souhaitable de l’ériger en modèle, sauf à ignorer une loi de base de l’économie à savoir que les surplus des uns sont les déficits des autres."
Ce n'est pas en faisant ce que l'Allemagne exige de nous et des autres qu'une solution pourra naître (c'est ce qu'à fait Hollande en vain), mais en changeant globalement l'orientation du projet européen, en y intégrant l'Allemagne, en allant à contre-sens d'objectifs qui n'ont d'européens que de nom: le tir de barrage préventif dans la presse allemande contre d’éventuelles revendications à venir d’Emmanuel Macron. Ainsi le grand hebdomadaire Der Spiegel titrait à la Une le 12 mai dernier “Cher Macron”, en jouant sur le mot cher, avec en sous-titre : “Emmanuel Macron sauve l’Europe… et l’Allemagne doit payer”. Quant à la chancelière, elle a immédiatement fait savoir qu’elle ne pouvait rien faire pour réduire l’excédent extérieur allemand dû, selon elle, à des éléments qui ne dépendent pas de son action : l’excellence des entreprises allemandes combinée à la politique monétaire trop laxiste de la Banque centrale européenne.
Revenir à une part de souveraineté bancaire, monétaire, notamment, semble bien une nécessité. . On doute que Macron veuille aller jusque là.
La BCE, dans ses opérations de sauvetage, se heurte aux limites de sa politique monétaire
Alors, un triste sacre européen ou une nécessaire relance verbale? Warten wie mal...
En tout cas, surtout à l'heure où le tsar de Washington dicte ses oukases, on aurait aimé quel le Président évoque la situation de l' Europe vassalisée.
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