samedi 2 juin 2018

EDF: zône rouge

Obstination dans l'erreur
                               Qui paiera la future facture du nucléaire civil?
    Des choix discutables et aventureux ont amené  le géant historique de l'énergie à des problèmes non anticipés, à une croisée des chemins difficile et à certaines impasses manifestes.
  Un récent débat public a mis une nouvelle fois en évidence certains errements, souvent reconnus et critiqués en interne.

        Que EDF soit endetté, rien de plus normal dans un société d'utilité nationale, qui fut subventionnée depuis son origine. Mais la nouvelle gestion, technocratique, sans débat parlementaire dès l'origine, dans le cadre de la financiarisation et de la privatisation exigée par Bruxelles, a débouché, depuis les années 1980-2000, sur des choix successifs qui posent aujourd'hui problème.   Des aventures spéculatives, à l'étranger notamment, ont compromis la santé du groupe.
   Le choix de l'EPR se révèle avoir être mal pensé et l'aventure française comme finlandaise pèse lourd dans la trésorerie. Une accumulation de bévues, d'erreurs et d'échecs qui compromet l'avenir du nouveau projet, qui semble bien compromis, alors que la direction l'annonçait naguère comme prometteur.
  Le fiasco de feu  Areva a aggravé les choses.
     D'autres pays voisins ont fait d'autres choix. prenant des chemins moins risqués et à terme moins coûteux. L'Allemagne, l' Italie, l'Autriche comme la Suisse..., chacune à sa manière, se désengagent ou renoncent. La Belgique se pose des questions.
   L'effet Fukushima n'a pas fini de se faire sentir.
  La question épineuse de l'enfouissement des déchets, notamment à Bure, n'est pas résolue et le coût astronomique des démantèlements à venir, dont on nous avait dit qu'il était provisionné, continue à susciter les interrogations. (*)
   Le talon d’Achille  du nucléaire civil français apparaît de plus en plus crûment.
  Les lendemains de l'aventure gaullo-messemerienne ne seront sûrement pas  comparables à l'emballement et l'euphorie officielle des années 1970.
           Comment sortir de l'impasse?
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(*)   Et pourtant, le temps du démantèlement est venu ou viendra très vite pour nombre de centrales, une opération lourde de conséquences financières et de choix douloureux, faute d'anticipation, de provisions pourtant annoncées, de préparations scientifiques et techniques.
     La France est le pays le plus dépendant de l’énergie nucléaire au monde : l’atome représente 75% de sa production électrique. Pourtant, aucun réacteur français n’a jamais été complètement démantelé, même ceux fermés depuis plus de trente ans. Un rapport d’une mission parlementaire paru le 1er février accable EDF (Electricité de France), qui aurait largement sous-estimé les coûts et la difficulté de la déconstruction de ses centrales nucléaires.
      « La mission d’information a abouti à un certain nombre de conclusions qui tempèrent fortement l’optimisme des responsables d’EDF qu’elle a pu rencontrer. » Voilà, en substance, le message lancé par les parlementaires qui ont rédigé le rapport d’information sur la « faisabilité technique et financière du démantèlement des installations nucléaires ».    En cause : la sous-évaluation des coûts et des difficultés techniques des opérations. Certains postes de dépenses ne sont même pas pris en compte dans les prévisions d’EDF, comme la remise en état des sols après le démantèlement des centrales, pourtant obligatoire selon la loi, ou encore le coût social du démantèlement (licenciements).   L’entreprise a promis que les comptes qu’elle présenterait le 14 février ont été modifiés selon les recommandations de la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC) formulées l’année dernière. Mais le rapport du 1er février construit sur la base de six mois d’enquêtes demeure alarmant...Le rapport parlementaire reproche à EDF d’avoir calculé l’ensemble des coûts de démantèlement de ses réacteurs à eau pressurisée (REP) sur le modèle de la centrale de Dampierre. Or, la diversité des situations ne permet pas d’extrapoler un coût total à partir d’un seul cas particulier – même si l’électricien s’est défendu, affirmant que les comptes qu’il présentera le 14 février seront ajustés en fonction des spécificités propres à chaque réacteur.  Le physicien nucléaire Bernard Laponche, qui a été interrogé par la Commission parlementaire, le rappelle : « en France, on n’a encore jamais fini de démanteler un réacteur ». La comparaison internationale apparaît donc comme le seul moyen d’anticiper le coût des démantèlements. Au niveau européen, les exploitants mettent généralement de côté entre 900 millions et 1,3 milliard d’euros par réacteur à démanteler. EDF, par contre, ne provisionne en moyenne que 350 millions d’euros par réacteur.  Exemple marquant de la probable explosion à venir de la facture du nucléaire français : la centrale de Brennilis (Finistère). Ses réacteurs à eau lourde ont fonctionné pendant moins de deux décennies. Leur démantèlement, en cours depuis plus de 30 ans, a vu son coût multiplié par 20 par rapport aux prévisions initiales d’EDF comme le constatent les parlementaires....
        Un dossier récent du Monde explore les entrailles du démantèlement nucléaire et donne une idée de l'immense chantier qui nous attend.
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