samedi 9 juin 2018

Ils avaient la banane

Cela sera moins vrai demain
                                                  Les Antilles, îles de rêve, deviennent-ils des enfers sanitaires?
       Au nom de la banane présentée comme « mieux que bio ».
    Les alertes ne datent pas d'hier.
  Beaucoup avaient dénoncé les retombées du chlordécone sur les sols, l'eau, la population
Mais les autorités avaient fait la sourde oreille.
     Le scandale sanitaire éclate de plus en plus au grand jour.
  Jusqu'ici les patrons béké ont profité d'une situation qui les avantageait au détriment des ouvriers des bananeraies, avec la complicité des instances gouvernementales, qui n'ignoraient rien de la haute toxicité du produit bon marché, abondamment .répandu.

   Perturbateur endocrinien reconnu, le chlordécone poursuit ses ravages, comme nulle part ailleurs.
 Déjà un record du monde en Martinique pour le cancer de la prostate. Mais il n'y a pas que ça. Il y a la mer.
       Une surexposition aux pesticides aux effets durables, étant donnée leur nature:
... Le docteur Luc MULTIGNER est chercheur à l’INSERM de Rennes et au CHRU de Pointe-à-Pitre/Abymes en Guadeloupe. Il a révélé que le chlordécone est le toxique le plus répandu dans les cours d’eau aux Antilles et dans le sang des Antillais ; environ 90 % des Guadeloupéens sont contaminés. Selon lui, ces deux particularités sont exceptionnelles car une population entière n’est que très rarement touchée sur une même période de référence par un même toxique. Ce même chercheur affirme que des épidémiologistes, généticiens, cancérologues, et autres spécialistes du monde entier ne cessent de s’intéresser à la contamination globale des populations Martiniquaises et Guadeloupéenne du fait de la pollution globale de leur biotope.
Le Dr MULTIGNER estime en outre que le retentissement politique aurait été très différent, si ce territoire se situait en France métropolitaine....
   Une "bombe à retardement" en Martinique pour 20 générations estiment certains spécialistes.
      Au nom de la concurrence, on était peu regardant en haut lieu sur les effets sanitaires
  Et les dégâts ne sont pas que sur terre.
 
     Il savaient, mais les pressions commerciales prévalurent.
...La Martinique est fortement contaminée par le kepone, suite à son utilisation sans restriction sur les plantations de bananes. Malgré l'interdiction faite en 1990 en France métropolitaine, le puissant lobby des planteurs a fait pression pour pouvoir continuer à utiliser le kepone jusqu'en 1993, soutenant qu'il n'existait pas de pesticide alternatif (ce qui a été contesté depuis).  L'île voisine de la Guadeloupe est également contaminée, mais moindrement. Depuis 2003, les autorités locales ont restreint la culture des sols et d'autres activités (pêche, vente de volailles/oeufs...) en raison de leur contamination.
En 2010, on sait qu'en Martinique et la Guadeloupe le taux de cancer de la prostate est l'un des plus élevés au monde et que les ouvriers des bananeraies connaissent souvent des problèmes de stérilité masculine (délétion de la spermatogenèse).
   Un décret interdit la pêche jusqu'à 500 mètres au large des côtes ; la zone d'interdiction serait passée en été 2013 à 900 mètres. En janvier 2013, le port principal de la Martinique, Fort-de-France, est barré par des pêcheurs qui réclament des subventions pour les aider à poursuivre la pêche aux langoustes. Le 15 avril, une centaine d'entre eux manifestent dans le chef-lieu.
   L'industrie bananière a usé de son influence pour différer l'interdiction du chlordécone, qui n'a été effective aux Antilles qu'à partir de fin 1993 (voire jusqu'à l'écoulement effectif des stocks). Les dérogations, demandées par les parlementaires et accordées par les ministères, ont prolongé l'usage d'un produit interdit au-delà de la date de son retrait d'autorisation de vente (1er février 1990)
Selon l'INRA et l'Afsset (devenue ANSES depuis sa fusion avec l'AFSSA), dans 2 rapports évoqués le 24 août 2010 par l'AFP et le journal Le Monde, puis mis à disposition du public sur le site de l'Observatoire des résidus de pesticides (ORP), le ministère français de l'Agriculture n'a pas ou peu tenu compte des nombreuses alertes sanitaires et environnementales et a privilégié les intérêts économiques (culture bananière) sur l'environnement et la santé dans sa gestion du dossier, alors que dès 1977 des études mettaient en évidence les risques écologiques et sanitaires de ce produit. En 1979, l'OMS classe ce produit comme cancérogène possible, ce que confirme l'INSERM en juin 2010, dans le Journal of Clinical Oncology, pour le cancer de la prostate.
En janvier 2018, le syndicat CDMT des personnels de l’Agence régionale de santé de Martinique écrit une lettre à la Ministère des Solidarités et de la Santé afin de lui faire part de pressions subies par les agents pour « limiter l'information du public au strict minimum »....
                                                                      Il n'y a pas que les abeilles qui sont menacées.
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