samedi 23 juin 2018

Sauvée, la Grèce?

Tirée d'affaires?
                       Si l'on en croit quelques titres quasi triomphalistes de grands quotidiens d'hier, le pays des Hellènes verrait enfin le bout du tunnel, la fin d'une longue période d'austérité maximale, du moins pas pour ceux dont les privilèges ont été soigneusement garantis, comme les armateurs , les banquiers, l'Eglise et l'armée.
   
 Ce serait donc, comme le titre un journaliste presque euphorique, la fin de la crise!
          Pierre Moscovici exulte: "La crise grecque s'achève ici, cette nuit. Nous sommes finalement arrivés au bout de ce chemin qui a été si long et si difficile. C'est un moment historique", s'est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. ...  Le ministre grec des finances Euclid Tsakalos fait un peu plus dans la nuance: "Pour que ça en vaille la peine, nous devons nous assurer que le peuple grec voit des résultats concrets", a-t-il ajouté.      
       Voilà une remarque  d'importance. Un allègement peut-être, que l'on pourrait si on veut qualifier d'"historique", mais c'était attendu malgré les réticences de l'Allemagne, et une surveillance renforcée qui va durer.
    Un quotidien du soir parle de "courage grec"...On n'est pas au bout des "efforts" et les souffrances du peuple grec, du moins pour la majorité, malgré quelques embellies partielles et locales, notamment dans le tourisme.
    Des échéances de remboursement plus étalées, oui, mais ce n'est pas, loin de là, le bout  de ce spectaculaire échec européen, dont certains organismes financiers ont bien profité ainsi que certains pays, dans une Grèce vendue à la découpe, comme ses ports et ses aéroports.
   Toujours sous perfusion, mais avec le souci de faire un exemple et la crainte du too big to fail, du risque pour certaines banques européennes.  L’optimisme officiel tient surtout à la résignation des créanciers face une situation devenue insoluble.  Et les marchés savent que près de 75% de la dette grecque est détenue par les pays de l'UE, le FMI et la BCE. Autant d'investisseurs fiables, aux côtés de qui il fait bon emprunter.....
   Une fin en trompe l'oeil donc, qui ne dupe pas les connaisseurs d'un dossier qu'on s'est acharné à déformer et à dramatiser. Pour faire un exemple.
  Le bout du tunnel n'est donc pas pour demain.
     Pour retrouver leur niveau de vie d’avant la crise, il faudra des décennies, voire plusieurs générations. D’autres réformes sont déjà annoncées : les seuils imposables vont notamment être encore abaissés, et une nouvelle version des régimes de retraites devrait aboutir d’ici à 2019, alors que beaucoup de retraités ont déjà vu leurs revenus divisés par deux.
    De même, l’Etat continue de se délester pour une bouchée de pain de ses entreprises publiques. Après les quinze meilleurs aéroports du pays, la société ferroviaire nationale doit être vendue, tout comme la compagnie d’électricité du pays ou encore le port de Thessalonique.
     La "sortie" du plan d’aide est surtout symbolique : la Grèce va rester dans un régime d’exception, avec une surveillance trimestrielle de la part de l’Union européenne. C’est comme dans un avion en pilote automatique, une fois que le programme de vol est appliqué, l’équipage n’a que très peu de marge de manœuvre....
   Les dégâts sont déjà considérables, les souffrances ne sont pas seulement physiques..
        Un dossier qui ne sera pas refermé de si tôt.
           La potion n'a pas encore produit tous ses effets, malgré les fortifiants.
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Voir: Retour sur la crise grecque_
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