Quelles seront ses marges de manoeuvre, dans ce pays en partie en déshérence, où la violence, la loi des cartels et la corruption dominant le quotidien de nombreux Mexicains?
On peut se prêter à espérer, sur la base de l'exaspération populaire.
-A télécharger- |
Les cartels notamment défendront le pouvoir qui leur fut laissé sous la pression de la terreur, de la complicité et des intérêts financiers internes et externes.
Le Mexique peut sortir des ornières où la droite l'a mis depuis des décennies.
La moitié des Mexicains et le tiers des entreprises du pays déclarent verser des pots-de vin aux fonctionnaires. Selon la Banque mondiale, l’activité économique liée à la corruption aurait représenté 9 % du PIB en 2015 ! Le pays est malade du narcotrafic, comme l’illustre le taux record d’homicides en 2017 (25 339 homicides). Des meurtres en hausse de 58 % depuis l’arrivée au pouvoir de Peña Nieto en 2012, selon le site d’information indépendant Animal politico. L’élection de l’actuel président avait alors été facilitée par les lobbies pétroliers et Televisa, le n°1 des médias au Mexique, au détriment déjà de Lopez Obrador. La violence n’a pas non plus épargné la campagne électorale. Depuis septembre 2017, au moins 116 personnalités politiques ont été assassinées. et 400 agressées, toutes tendances politiques confondues, à un rythme qui ne cesse d’augmenter à mesure que le scrutin s’approche.
Les relations, déjà compliquées avec le voisin du Nord, vont devoir changer, pour sortir de la dépendance établie et, actuellement, avec les provocations de Trump
« Depuis quarante ans, avec des hauts et des bas, les présidents américains avaient toujours souligné l'importance du partenariat avec le Mexique, explique Andrew Selee, directeur du Migration Policy Institute de Washington et auteur de Vanishing Frontiers, un livre qui vient de paraître aux États-Unis et raconte comment les deux pays, au-delà des anathèmes, sont en réalité toujours plus interconnectés....
Malgré les dépendances largement unilatérales.« Mais avec Trump, dit-il, c'est la première fois qu'une administration reprend à son compte de tels propos sur les Mexicains...L'époque de l'immigration de masse des Mexicains est terminée, les études montrent par ailleurs que les immigrés commettent moins de crimes que les Américains, mais rien n'y fait : pour une partie du pays, le Mexique symbolise toutes les peurs, poursuit Selee. Donald Trump et ses soutiens n'en parlent pas de façon rationnelle. Pour eux, ce n'est pas un vrai pays, pas vraiment un voisin : c'est une métaphore des maux de la société, le miroir de leur interrogation sur la place des États-Unis dans le monde. ».....Lopez obrador a le projet de défendre les intérêts du Mexique. Ce discours « mexicaniste », qui remet en cause le suivisme des administrations précédentes vis-à-vis du voisin américain, est une des raisons majeures de sa popularité, dans un pays gangréné par les inégalités sociales, la corruption et une sanglante décennie de guerre aux cartels.
Cette « guerre contre la drogue », menée depuis 2006 et soutenue militairement par les États-Unis, n'a guère eu de résultats probants. Si ce n'est une spirale de règlements de comptes et un atroce bain de sang : 240 000 morts – dont la moitié sous le seul mandat du président sortant Enrique Peña Nieto –, 340 000 déplacés et de très nombreux disparus.
Depuis dix ans, le Pentagone américain fait ce qu'il veut au Mexique, poursuit Laura Carlsen. La guerre contre la drogue et la gestion de la frontière sont devenues les sujets principaux de la relation entre les deux pays. Pour beaucoup de Mexicains, c'est la preuve que leurs gouvernements successifs ont bradé l'intérêt national. » López Obrador n'a pas promis la fin de la guerre contre la drogue mais il est favorable, dit la chercheuse, « à un nouveau paradigme ». À part une amnistie pour les petits producteurs de drogue, ses projets en la matière restent toutefois peu précis.
Quant à l'immigration, « Obrador est sceptique sur le rôle de tampon migratoire que son pays joue pour les États-Unis », juge Andrew Selee, le directeur du Migration Policy Institute. « Le Mexique expulse aujourd'hui plus de ressortissants de pays d'Amérique centrale que les États-Unis. Va-t-il pour autant changer de politique ? Pas sûr, à moins que les politiques de Trump vis-à-vis des migrants ne placent ce sujet au cœur de l'agenda médiatique au Mexique. »
Une guerre qui est aussi économique.
On attendait le changement... Le narcoétat va-t-il enfin changer de nature, en restaurant l'Etat de droit?
Est-ce cette fois-ci l'occasion d'un tournant radical?
___________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire