samedi 8 décembre 2018

Point de suspension....

...Des luttes?
                Une journée décisive, peut-être. Mais personne ne peut vraiment le savoir.
    Nous vivons au coeur d'un mouvement inédit, à l'issue incertaine. Comme toujours dans l'histoire.
 La colère politique et sociale est, par nature, ambiguë mais elle a aussi ses causes et peut aussi, à certaines conditions, être source d'avancées significatives. La réappropriation du pouvoir par une masse qui en est largement privée ne peut être une mauvaise nouvelle, surtout dans le contexte actuel.
  Le problème est celui de l'organisation, de la convergence et de la fécondité d'un mouvement...en marche.
La reconnection est à l'ordre du jour. Le monarque doit redescendre dans l'arène.
    Sans lien social, pas de société debout. Les 3%, c'est est un mirage comptable dangereux, comme le reconnaît maintenant le FMI.

      Un tournant?  Peut-être...
    Comme le note cette brève et partielle synthèse, avec laquelle on peut, du moins partiellement, être en accord, Il y a des moments où les grilles de lecture traditionnelles ne sont d’aucun secours pour comprendre ce qui se passe. Où les outils de pensée habituels mènent à des impasses. La période actuelle, au potentiel insurrectionnel, est de ceux-là. Les profils des manifestants, les modes d’action, les alliances, les revendications : le mouvement des « gilets jaunes » échappe aux interprétations toutes faites des responsables politiques et des éditorialistes défilant sur les plateaux de télévision. Personne ne peut anticiper sur quoi débouchera la journée de samedi 8 décembre, l’« acte IV » de la mobilisation la plus insaisissable de la décennie, après l’accélération des explosions de violence au cours des dernières semaines.
Armé de ses présupposés technocratiques, le pouvoir ne comprend rien des événements qui se déroulent sous ses fenêtres. Face au surgissement de rage, il a perdu le « cap ». Le silence d’Emmanuel Macron, qui laisse Édouard Philippe en première ligne tout en le court-circuitant, fait transparaître la panique au sommet de l’État.
Signe d’un état d’anxiété extrême, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, évoque une journée qui « se profile avec inquiétude, mais sérénité ». Dramatisant à outrance, l’Élysée dit craindre la mobilisation d’un « noyau dur de plusieurs milliers de personnes » qui se rendraient à Paris « pour casser et pour tuer ». Ce discours du pire, allié à des demi-mesures fiscales qui ne répondent pas à l’urgence sociale, risque d’enflammer les manifestants plutôt que de les apaiser. Il révèle à quel point l’exécutif, qui est pourtant le seul à même de dénouer la crise, n’est plus maître de la situation.
Que vont produire sur des esprits surchauffés l’envoi des blindés dans les rues de Paris, alors que l’usage pléthorique et débridé des flashballs et des grenades assourdissantes GLI-F4 a déjà provoqué d’irrémédiables blessures ? Que vont produire les images des 153 lycéens de Mantes-la-Jolie à genoux et mains sur la tête après leur interpellation « collective » ?
Seul le retour au terrain permet de donner à voir ce qui a lieu ici et maintenant. C’est le pari de Mediapart depuis le début du mouvement : multiplier les reportages partout en France, aller à la source, recueillir les témoignages (voir par exemple ici et ). Tous nos journalistes sont à pied d’œuvre pour faire entendre les voix, toutes les voix, sans a priori. À nos analyses sur les raisons économiques et sociales de la fronde, puisque Emmanuel Macron est en train de payer le prix de sa politique fiscale en faveur des plus riches, s’ajoutent nos mises en perspective historiqueséclairant l’expression des colères. Avec un objectif : saisir le présent dans toute sa complexité et trouver du sens là où le bruit médiatique plaque des interprétations réductrices....
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