jeudi 23 janvier 2020

Clair obscur

Du grand art
                        La retraite, c'est fou, le flou.
  En écoutant distraitement les propos de Philippe, tout paraît clair et même (presque) convainquant. L'assurance est de mise chez le juppéiste droit dans ses bottes.
  Mais, en grattant un peu, en prêtant attention aux détails, les choses le paraissent moins, jusqu'à l'obscurité.
 Un halo entretenu. Le brouillard s'épaissit.
    C'est même d'une complexité inouïe disent certains, même à droite.
On comprend que cela alimente une défiance largement partagée.
 L'actuel projet  ne semble pas dénué de ruses, pour gagner du temps sans soute dans l'incertitude générale et l'impréparation manifeste du projet. Travail d'amateur diront les autres, où les effets ont été pensés, mais pas les modalités, à moyen et à long terme.
   Malgré les promesses d'aménagement à la marge et sans doute très cosmétiques, le cap et les mécanismes du système restent dans la confusion. Malgré les mises en garde de certains proches, elle se poursuit. Et la valeur du point?
   Tour de passe passe, disent les uns. Manoeuvres disent les autres.
 Pour rendre les retraites aussi précaires qu'en Suède ou en Allemagne, oui en Allemagne, la "vertueuse", devenant des variables d'ajustement?
   Les directives européennes ne sont pas étrangères à ces mesures.
     " ...Double manœuvre, l’une c’est d’instaurer un âge pivot qu’on fait mine de retirer mais, alors que le mouvement social sera éteint, au cours d’une conférence réinstaurer un âge d’équilibre. L’autre manœuvre consiste à parler de l’âge pivot et de son retrait afin de mieux maintenir ce qui est le cœur de la réforme : la retraite par points. On peut noter au passage le rôle joué par la CFDT dans cette stratégie qui se concentre sur l’âge pivot afin de pas parler de la retraite par points dont elle est partisane et qui se traduira par une baisse générale des pensions..."
          "...On voit mal comment les organisations syndicales et patronales pourraient se mettre d’accord sur une solution alternative d’ici la fin du mois d’avril. « À la fin, on arrivera à une combinaison » entre l’âge pivot et la hausse des cotisations, confiait récemment un ministre, plutôt optimiste. En vérité, le chef du gouvernement a beau écrire vouloir « démontrer sa confiance envers les partenaires sociaux » en retirant provisoirement sa mesure d’économie, il sait pertinemment que la tâche qui leur a été confiée relève de la mission impossible.Cette méthode ressemble fort à celle qui avait utilisée au moment de la réforme des règles de l’assurance-chômage, provoquant, déjà, la colère de Laurent Berger, qui n’en a visiblement pas tiré toutes les leçons puisque, sitôt le courrier de Matignon rendu public, la CFDT a « salué » dans un communiqué « le retrait de l’âge pivot du projet de loi sur les retraites » qu’elle dit avoir « obtenu ». Retrait qui marque, toujours selon la centrale de Belleville, « la volonté de compromis du gouvernement ». De son côté, l’Unsa a elle aussi applaudi ce qu’elle qualifie d’« avancée majeure », estimant que « les échanges peuvent enfin démarrer ».
     "  ...Comme dans un régime par points, l’ajustement du niveau des pensions se fait automatiquement en fonction des contraintes macroéconomiques, on pourra aisément réduire les pensions, surtout si on impose de bloquer les cotisations sociales à 14% du PIB et qu’on cherche à réduire les impôts. Ainsi, au final, ce qui est espéré est de juguler ces prélèvements et dépenses pour augmenter à long terme de la part des rémunérations du capital (dont le gouvernement espère un surcroît d’investissement et de croissance). Comme les pensions « universelles » seront moins avantageuses, on incitera ainsi au développement de l’épargne retraite chez les fonctionnaires mais aussi chez les cadres du secteur privé, puisqu’au-delà de 10000 euros mensuels, il n’y a plus de droits à retraite ouverts, ce qui au passage obligera à trouver 3 à 4 milliards annuels pour payer les retraites des cadres d’aujourd’hui puisqu’une partie des cotisations de demain disparaissent[. Ainsi, la Légion d’Honneur offerte à Cirelli et l’oubli des quelques conflits d’intérêt de Delevoye avec le monde des assurances sont ce genre d’actes manqués fort révélateurs sur le plan symbolique..."
           Les fonds de pension ont de beaux jour devant eux.
                Comme disait quelqu'un de bien connu, qui passerait ici pour un sage:   "... Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage, dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l'âge légal. Quand, aujourd'hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver déjà à 62 ans...Mais on va dire: "Maintenant il faut passer à 64 ans?...Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans. Les gens vous disent: les emplois ne sont plus bons pour vous. C'est ça la réalité.. ...On doit alors gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens: "Mes bons amis, travaillez plus longtemps." Ce serait hypocrite...." (E.Macron, conf. de presse, 25 avril 2019)
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