dimanche 29 mars 2020

Parenthèse

Nous vivons entre parenthèses
                     Et nous perdons le mode d'emploi de nos vies ordinaires, condamnés à en réinventer de nouveau. C'est le temps de l'extra-ordinaire.
  En plein paradoxe. Il nous vivre  solidaire dans l'isolement. Solidaire par nécessité, de manière plus ou moins assumée, avec des tensions et parfois des souffrances lourdes. Ne plus pouvoir visiter des proches, les assister, les enterrer dignement. Il n'y a pas que Romeo qui ne parle à distance à Juliette que par skype, situation pénible mais non dramatique. Les beaux jours refleuriront..
  Il y a pire, dans les logements minuscules, les Ehpad, la double peine dans les prisons surpeuplées, les peuples déjà exclus depuis longtemps, pestiférés de notre temps.
    Les injonctions contradictoires nous déchirent, même si nous pouvons les juger nécessaires. Il faut bien que l'économie, surtout alimentaire tourne au ralenti, pour ne pas ajouter des drames au drame. Mais quel besoin de continuer à construire des Airbus, quand tous les avions sont cloués au sol et que la reprise des marchés tarderont? Plus rien ne presse à Flamanville, les besoins en électricité chutant drastiquement.
   On invente des parades, on construit des barrages. Mais on peut douter de leur efficacité, étant donnés les intérêts en jeu et les mauvais coups déjà prévisibles. On se souvient de 2008 et des sauvetages floués.
  Le coeur encore chaud de l'économie mondiale est atteint et sera affecté plus sévèrement avec son système de santé défaillant, ses décisions drastiques tardives et la dispersion des décisions.
    Ne parlons du cinglé criminel de Brasilia qui met en péril son peuple, mais ne se remettra pas sans doute de sa folie bornée, encouragée pas des Evangélistes, qui n'on rien retenu de l'affaire de Mulhouse.
    Il ferait bien de relire Boccace, faisant un tableau surréaliste de la célèbre peste de  Florence et en tirant quelques leçons de vie à sa manière..
       « C'était alors l'usage que dames, parentes ou voisines, s'assemblassent dans la maison du mort pour y pleurer avec celles qui appartenaient directement à sa famille [...] et ses pairs, avec toute une pompe de cierges et de chants funèbres, le portaient sur leurs épaules jusqu'à l'église choisie par lui avant de mourir. Ces usages, après que la fureur de la peste eut commencé de croître, cessèrent en totalité ou en grande partie et des usages nouveaux les remplacèrent. Car non seulement les gens mouraient sans une nombreuse assistance féminine, mais beaucoup d'entre eux quittaient cette vie sans témoins. » (G. Boccaccio, Décaméron, éd. de Ch. Bec, Paris, Livre de Poche, 1994, p. 42-43)
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          Une pratique mortuaire, toujours présente à Béthune, insolite pour l'étranger,  témoigne encore d'une époque où des laïcs prenaient en charge, à leurs risques et périls, l'enterrement des pestiférés.
  A Bergame, il n'y a que des camions militaires qui "évacuent" le plus rapidement possible les corps vers les incinérateurs débordés...Une mort industrielle.

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