samedi 18 avril 2020

Afrique piégée

    Désendetter, dans notre intérêt aussi.
                                                    Le fantôme de la dette revient en force, à l'heure où certains pays, déjà en grande difficulté, sont en train de sombrer dans les circonstances actuelles.
  C'est en Afrique que le problème se pose de la manière la plus aiguë, ou du moins dans une partie notable de ce continent:
        "....Pour une majorité d’Etats africains, en effet, seule l’annulation de la dette publique extérieure pourrait éviter un effondrement économique, alors que son remboursement engloutit en moyenne 13 % des revenus des Etats (selon l’ONG britannique Jubilee Debt Campaign).   Fin mars, les ministres africains des finances avaient déjà demandé 100 milliards de dollars à la communauté internationale pour lutter contre le Covid-19, dont 44 milliards affectés au remboursement de leurs dettes et de leurs intérêts. Pour l’instant, le FMI et la Banque mondiale appellent seulement à suspendre le remboursement des emprunts des pays les plus pauvres auprès des créanciers bilatéraux,.."
              Suspendre ou annuler? Sur ce point porte le débat. Un tiers de ce qu'exporte l'Afrique sur le plan commercial sert à payer la dette. On voit bien qu'un simple suspension ne résoudrait rien à terme.  Ce n'est pas hors de portée, étant donné les engagements formels déjà pris par les nations les plus favorisées, qui ne sont pas toues désintéressés. Le FMI et la banque mondiale pourraient enfin avoir une rôle positif, à l'encontre notamment des fonds vautours.

      La descente aux enfers des économies africaines risquent d'empirer et de nous revenir en boomerang. 
         "...L'Afrique, citée par Emmanuel Macron, est très représentée dans la catégorie des pays en développement endettés en monnaie étrangère. Sur le continent, le virus Covid-19 a été jusqu’ici identifié dans 52 pays sur 55. Plus de 15 000 cas étaient recensés le 14 avril (contre 600 le 19 mars), avec plus de 800 morts. C’est en Afrique du Sud, en Égypte, en Algérie, au Maroc et au Cameroun que l’on compte actuellement le plus de personnes infectées, selon les chiffres officiels. Qu’ils soient plus ou moins affectés par la pandémie, tous les États du continent sont confrontés au même problème, crucial : trouver de manière urgente de quoi prendre en charge les malades, mais aussi affronter le désastre économique qui accompagne la pandémie. Le défi est immense en raison de la précarité de leurs systèmes sanitaires et la fragilité de leurs économies, peu développées. 
    Pour la plupart d’entre eux, la crise économique est déjà là : la chute des cours et du volume des exportations des matières premières, dont beaucoup sont fortement dépendants, se fait durement ressentir. Le prix du cacao a diminué de 12 %, celui du coton de 22 %, le cuivre de 21 %, etc. L’effondrement de plus de 50 % du prix du pétrole a l’effet d’un coup de massue pour les pays producteurs, pas encore remis de la baisse de 2014. Le niveau actuel des cours empêchera ceux d’entre eux ayant conclu des programmes avec le FMI d’honorer leurs engagements. Les pays vivant du tourisme voient le niveau de leurs ressources dégringoler. Le continent est par ailleurs victime de sorties de capitaux : les investisseurs ont déjà retiré 83 milliards de dollars des pays émergents pour les ramener vers les pays riches, un chiffre sans précédent. « Cette pandémie aura des répercussions économiques considérables en Afrique subsaharienne », a prédit le FMI. Le cabinet de conseil américain McKinsey a calculé que la croissance du PIB du continent pourrait perdre de 3 à 8 points de pourcentage. Environ 20 millions d’emplois sont menacés, selon une étude de la Commission de l’Union africaine. ..."
      Une dette publique qui a une histoire, dans les rapports inégalitaires anciens avec les pays développés, surtout depuis la libéralisation des échanges, qui a vu l'Afrique prise au piège de nos pratiques commerciales. Le libre échange absolu et dogmatique prôné par l'OMC a été mortel pour les économies africaines, tenues à baisser toujours plus le coût de leurs matières premières.
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