mardi 23 juin 2020

Too big to fall?

Hypothèses pour demain
                                    Trop énorme pour sombrer...
      ...Disait-on des très grosses banques pendant la crise de 2008.
         Les Etats ne pouvaient que les soutenir, car leur importance était telle dans l'économie que leur effondrement auraient entrainé celle de pans de production d'importance et de manière massive. Donc il fallait les sauver, quelles que fussent leurs erreurs et leurs fautes, dans une économie où la finance avait pris le premier plan.
    Toutes proportions gardées, on peut dire la même chose de la chute des économies actuelles, bien que les causes soient complètement différentes, sans oublier que beaucoup de banques ne sont pas si  solides que cela, à commencer pas la Deutsche Bank, et qu'il faudra peut-être dix ans pour se relver.

    Il faut sauver l'économie, c'est une évidence, ainsi que ses fondamentaux. C'est déjà en route, ça se discute encore au niveau d'une Europe qui semble sortit de sa torpeur et de ses égoïsmes. Mais pour combien de temps le mot d'ordre "quoi qu'il en coûte" pourra-t-il tenir?
   Sauver l'avenir ou le changer, en réorientant l'économie et en inventant de nouvelles productions porteuses d'avenir: un immense défi nous attend, mais personne n'est sûr qu'il soit réussi dans ses grandes lignes, tant sont grandes les forces qui tiennent au monde d'avant, tant l'Etat a perdu de pouvoir pour mettre le pays sur de nouveaux rails, même s'il se fait pour un temps stratège. Macron n'est pas Roosevelt.
  Nous sommes à un point de bascule où tout peut devenir possible et où il est difficile d'anticiper quoi que soit, même s'il n'est pas interdit d'espérer. Mais sans trop rêver. L'urgence crée la nécessité, mais elle peut être aussi pleine de risques...
  Comme dit un analyste, dans une approche très ambivalente:  
          ".... Pour que ce monde d’après advienne, il faudrait une modification substantielle des fondamentaux de notre mode de vie et de notre modèle de développement économique. Et, disons-le tout de go : ces dimensions ont peu de chance d’évoluer en profondeur.
Non seulement parce que nos sociétés ont une inclination naturelle à l’inertie, mais aussi parce que notre système économique mondialisé est en quelque sorte devenu… « too big to fail » (trop gros pour échouer).   Cette expression, employée à l’origine pour les banques, traduit l’idée que la chute d’une organisation aura de telles répercussions que les pouvoirs publics ne peuvent plus se permettre de la laisser disparaître, quelles que soient ses difficultés.    Osons une rapide analyse articulée autour des principales catégories d’agents et de quelques exemples emblématiques qui semblent indiquer que c’est désormais l’ensemble du système économique mondial, qui n’a jamais été aussi interdépendant, auquel on peut dorénavant accoler l’étiquette « too big to fail ».   Résultante logique de plusieurs décennies d’accélération sur le front de la mondialisation économique et de la libéralisation des échanges commerciaux et financiers, jamais dans l’histoire nos économies n’ont été aussi interconnectées. Les chaînes de valeur sont fragmentées à l’échelle de la planète, les dettes publiques et privées sont toujours plus largement détenues par des intérêts étrangers, le prix des matières premières se détermine sur des marchés financiers globalisés, et les grandes entreprises visent un marché d’emblée mondial, et ne réalisent plus qu’une faible part de leurs activités dans leurs pays d’origine.   Ce niveau d’intrication inédit a rendu les grandes économies mondiales plus interdépendantes que jamais. Ainsi, la crise sanitaire de la Covid-19 nous a privés de nombreux biens de consommation dont une part substantielle du processus de production se trouve délocalisée à l’autre bout de la planète.    Réjouissons-nous toutefois. C’est parce que nos économies sont interdépendantes et que la crise sanitaire n’a épargné aucune d’entre elles que nous ne devrions pas connaître, même au plus fort de la crise économique qui se profile, une récession aussi forte qu’elle n’aurait pu l’être.    En effet, l’ensemble des États et des banques centrales ont décidé, dans des temps record, des injections massives de liquidités pour soutenir l’économie, en s’affranchissant d’ailleurs de tous les dogmes de maîtrise des déficits publics qui ont guidé leurs politiques ces dernières années.    Certes, des asymétries existeront, et certains États étant plus durement touchés que d’autres manipuleront le levier budgétaire avec moins de parcimonie. Mais dans l’ensemble, à la sortie de la crise sanitaire, les grandes économies de ce monde se seront davantage endettées… auprès d’elles-mêmes, de leurs populations, et d’investisseurs étrangers. Et le bilan de la plupart des banques centrales sera hypertrophié....      Bien naturellement, cette analyse pourra être interprétée selon le prisme du réalisme par certains, de la dystopie pour d’autres. Comme toute vision prospective un rien provocatrice, elle n’a pour autre objectif que d’ouvrir le champ des possibles, de heurter nos imaginaires et d’inviter à l’introspection et la réflexivité.    Il n’y a pas de fatalité à ce que nos sociétés, que nous avons présentées comme profondément enclines à l’inertie, reproduisent à l’identique les schémas du passé.    Mais, c’est précisément parce que les forces de rappel sont multiples et puissantes, qu’aucun changement structurel majeur ne pourra advenir sans un élan volontariste partagé entre les sphères politique, entrepreneuriale, et citoyenne. Le « monde d’après » sera ce que nous déciderons d’en faire, collectivement. Pour le pire, mais peut-être bien, pour le meilleur....."
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