Si on avait pris plus de temps et ne pas se contenter de régler quelques problèmes financiers, nécessaires mais insuffisants. C'est loin du compte même, aux dires de ceux qui quotidiennement oeuvrent dans le domaine du soin, à quelque niveau que ce soit.
Ce n'est pas rien. Mais on est très en retrait de ce qui était légitimement attendu, même si des mesures complémentaires sont annoncées pour un avenir encore incertain. L'essentiel même n'est pas abordé, comme le signalent ceux qui souffrent toujours des nombreux dysfonctionnements d'un système qu'on a voulu rentable, au prix d'une grande désorganisation, de grandes souffrances au travail et même de "désertions", de fuites de personnels soignants, devenues préoccupantes, d'engagements massifs de médecins étrangers généralement sous-payés.
Ce n'est pas en faisant seulement du quantitatif, en améliorant des revenus (qui n'arrivent pas encore au niveau de la moyenne européenne) que l'on va sortir d'une trop longue crise. La qualitatif, le plus crucial, reste à traiter. En profondeur.
Dire qu'il y a encore des attentes est le minimum. Sur des points essentiels, tout reste à faire, notamment comme s'y engage le ministre, sur l'organisation de l'hôpital, les lits, le personnel, l'organisation du travail, la formation...»
Et le problème de la formation médicale, le manque parfois très problématique de médecins dans de nombreux secteurs... Tout cela fait partie d'une logique d'ensemble qu'il faudra refonder.
Le sentiment de satisfaction, qui s'est exprimé çà et là, est loin d'être unanime:
"Pour le moment historique, on y est pas du tout", tacle Jean-Luc Jouve, chef de service d'orthopédie pédiatrique à l'hôpital de la Timone à Marseille et membre du collectif Inter-Hôpitaux. "Ces 183 euros sont encore loin des 300 euros que l'on demandait pour que la France ne soit plus parmi les mauvais élèves des pays de l'OCDE en matière de rémunération des paramédicaux". En pleine manifestation sur l'avenue du Prado à Marseille, Jean-Luc Jouve prévient : "Le Ségur est terminé mais notre volonté de sauver l'hôpital public est intacte. On ne se laissera pas faire!". De nouvelles majorations sont en outre envisagées pour les heures supplémentaires, le travail de nuit, du dimanche et des jours fériés, tandis que des mesures seront prises pour développer l'intéressement collectif. "Rien de concret !", lâche le chirurgien marseillais qui se dit "déçu". "C’est un geste clivant qui ne concerne quasiment que les paramédicaux. Une manoeuvre politique pour désamorcer le mouvement", estime-t-il.... l'élément fondamental de nos demandes est sa refondation pour une meilleure prise en charge des patients et le retour à une certaine qualité de vie au travail… Or toutes ces questions ont été complètement éludées par le gouvernement". .... L'accord promet également des "recrutements". Si le nombre exact n'est pas écrit noir sur blanc, l'exécutif "part sur une création de 15. 000 postes", a prévenu Olivier Véran dans un entretien accordé dimanche aux quotidiens du groupe Ebra. "Encore un effet d'annonce, une parole creuse", lance Hugo Huon, infirmier à Paris et membre du collectif Inter-Urgences. "Sur ces 15.000 créations d'emplois, 7.500 sont en réalité déjà budgétés, mais non pourvus. Seuls 7.500 sont créés". ....Quid des ouvertures de lits que demandent les soignants depuis plus d'un an et demi, de la tarification à l'acte qui conduit l'hôpital à être chaque jour un peu plus rentable ? "Il n'y a rien sur la gouvernance ni la refondation systémique de l'hôpital. Toutes ces demandes fondamentales n'ont pas trouvé de réponses", pointe le chirurgien marseillais Jean-Luc Jouve. Le Président avait pourtant promis, "un plan massif pour l'hôpital" en mars dernier alors que l'épidémie de Covid-19 dévoilait au grand jour les maux de l'institution. "Il faut relancer des discussions, mais je crois que le prochain enjeux, pour nous hospitaliers, ce sera en 2022…", souffle Hugo Huon, du collectif Inter-Urgences. La désillusion est palpable. Et la contestation finalement loin d'être éteinte...."
Certains expriment plus que de la désillusion et de l'insatisfaction, mais de la colère.
Bref, on est loin du compte et c'est un travail de refondation qui doit être fait pour parer à toutes les défaillances qui font boules de neige, malgré les rustines ajoutées sans cohérence. Cela dépasse la question des rémunérations, comme on peut le voir dans le film Hippocrate, entre autres.
Halte à l'absurde course au financement, instaurée dans une logique managériale où faire du chiffre est devenu trop souvent l'obsession des comptables qu'on a placé en haut lieu. La logique du marché a fini par prendre le dessus:
"...C’est en 2004 que la tarification à l’activité (T2A) a été introduite par le ministre de la Santé Jean-François Mattei. Cette réforme a bénéficié à l’époque d’un étonnant consensus droite-gauche avec l’influente Fédération hospitalière de France dans un rôle de "go between". Cette réforme était pourtant aux antipodes de l’éthique médicale et des valeurs pluriséculaires de l’hôpital public. On a voulu imposer une logique de marché à un service public et faire de l’allocation des moyens un levier de restructuration de l’offre de soins. Il faut désormais travailler plus pour gagner plus ! Il faut faire de l’activité à tout prix. Les médecins transformés en chefs de pôles gestionnaires doivent désormais soigner les yeux rivés sur leur compte de résultat ! Quinze ans après, l’hôpital public est à terre et les hospitaliers dans la rue...."
Oui à la restauration de vrais lieux de soin, dignes de ce nom, qui ne découragent pas le personnel soignant et qui ne fasse du malade, du patient, une sorte de client. Non à la bêtise managériale qui a sévi trop longtemps. Battre le fer tant qu'il est chaud, comme disait Véran lui-même. Ne plus donner le pouvoir aux directeurs-managers, les yeux sur leurs tableaux excel....
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