mardi 31 août 2021

Casser le thermomètre?

___ Bonnes feuilles.   De la bienveillance (suite) 

                Que les inégalités se transmettent et se renforcent à l'école, surtout dès les premiers apprentissages, voilà un constat qui a été depuis longtemps établis. Tous les enfants ne font pas partie des "héritiers", tout au long de leur parcours scolaires, même si des exceptions existent toujours. Malgré ses idéaux proclamés, l'école ne (peut) fait pas tout, malgré ses "remédiations" diverses et variées, malgré les promesses rarement tenus ou non suivies de moyens.. Donner plus à ceux qui ont moins n'est pas la panacée. Tout dépend des conditions. Les problèmes majeurs sont le plus souvent escamotés, quelle que soit la volonté des enseignants en première ligne. L'école est en panne, l'école est malade (le néo-bac en témoigne)et la volonté de prendre à bras le corps le problème tend à s'adapter ou à se dissoudre sous des propos lénifiants ou fatalistes tendant souvent à escamoter le problème. La "bienveillance" n'est pas la panacée. La priorité n'est plus celle de Jules Ferry. Malgré les discours officiels et les réformes constantes.   


                   
  "....République », « excellences », « bienveillance » : des trois mots choisis par le ministre de l’éducation nationale, M. Jean-Michel Blanquer, pour lancer sa première rentrée, en septembre 2017, c’est le dernier qui surprend. Depuis Jules Ferry, on ne saurait parler de l’école sans invoquer la République. L’excellence est également entrée dans le vocabulaire quotidien des établissements scolaires. Elle désigne le souci de l’institution, partagé par une partie des enseignants, de ne pas concentrer les efforts et les moyens de manière disproportionnée sur les élèves en difficulté au « détriment » des autres. Traduisant la volonté de se montrer attentif, avant tout, à ne pas défavoriser les favorisés, ce mot est devenu l’expression officielle — quoique euphémisée — justifiant les écarts de réussite scolaire.        Il reste donc la bienveillance. La notion s’est répandue dans les collèges et les lycées en quelques années. Inspirée de la politique du care, diffusée en France notamment par Mme Martine Aubry, elle a été défendue par le ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon en 2012, dans le cadre de la concertation « Refondons l’école de la République », préalable à la loi du même nom. La bienveillance apparaît aujourd’hui comme l’un des piliers des « bonnes pratiques » défendues par l’institution. Une formule peut en résumer laphilosophie : « Chaque jeune a besoin d’encouragement chaque jour. » Sans cette pédagogie compréhensive, l’élève serait mis dans l’incapacité de réussir et, ainsi, d’envisager une orientation heureuse.  Le message est clair : professeurs sévères, en déployant au quotidien la panoplie du découragement (sourcils froncés, remarques acerbes, notes exagérément basses), vous portez la responsabilité première dans l’échec de centaines de milliers de chrysalides qui n’attendaient qu’un geste pour se faire papillons. Ou comment promouvoir, dans le débat sur l’école, des questions de posture plutôt que de structure. La mise en orbite du thème de la bienveillance dans l’univers éducatif a ainsi pour intérêt premier d’escamoter les causes réelles de l’échec scolaire.     Formidablement adapté à la cure d’austérité imposée au service public — cette « bienveillance » ne coûte rien à l’État —, il en est aussi le parfait paravent, puisqu’il détourne l’attention de questions qui manquent singulièrement d’élégance, tels le nombre d’heures de cours dispensées ou le nombre d’élèves par classe. C’est sous la présidence de M. François Hollande que la psalmodie moralisatrice a fleuri. Le pédagogue se mue en animateur « L’enseignant crée les conditions bienveillantes et sécurisantes pour que tous les enfants (même ceux qui ne s’expriment pas ou peu) prennent la parole, participent à des situations langagières plus complexes que celles de la vie ordinaire ; il accueille les erreurs “positives” (…). Ainsi, il contribue à construire l’équité entre enfants en réduisant les écarts langagiers. » Pour venir à bout des inégalités de maîtrise du langage, les stratèges de la rue de Grenelle misent donc sur l’amabilité de l’enseignant. Lorsqu’il écrit, l’élève doit pouvoir s’appuyer sur « des remarques toujours bienveillantes relatives au texte initialement produit ». _____Au collège, des personnels de direction morigènent ceux qui ont eu le malheur de mettre un zéro pour un devoir non rendu, et demandent aux enseignants de terminer leur appréciation trimestrielle de l’élève par un mot positif. La préconisation pourrait s’entendre si elle ne tendait à substituer à la mission d’émancipation de l’école l’impératif d’épanouissement personnel : « L’école maternelle est une école bienveillante (…). Sa mission principale est de donner envie aux enfants d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité (5). »      ____L’injonction suscite des comportements paradoxaux chez les enseignants : sarcasmes et fatigue face au nouveau leitmotiv de l’institution, mais aussi porosité à ce discours culpabilisant. Confrontés à la difficulté de la tâche, désemparés, parfois, ils peuvent être sensibles à ce qui, sous couvert de progressisme, constitue en réalité un renoncement. « Si l’on veut diplômer davantage d’élèves, il faut passer d’un système d’enseignement qui trie pour que les meilleurs parviennent aux formations d’excellence à un système “bienveillant” qui décide de faire réussir de façon variée des élèves reconnus dans leurs habiletés plurielles », affirmait ainsi un rapport de l’inspection générale en 2013 (6). Dans l’académie de Lille, un collège a choisi de nommer son projet d’établissement « collège des intelligences multiples ».....,,             ____Talents, potentiels, intelligences, habiletés… La déclinaison de ces termes escamote la réalité de la hiérarchie des savoirs et des aptitudes scolaires, et sa conséquence : une place plus ou moins enviable sur l’échelle sociale. Leur utilisation trahit — et diffuse — une conception essentialisée des élèves, déconnectée de leur classe sociale. Plutôt que de chercher à comprendre l’échec scolaire pour mieux le combattre, cette conception l’entérine et le badigeonne de considérations morales pour mieux le faire accepter comme inéluctable. Ces discours pseudo-égalitaires ont pour objet de justifier le renoncement de l’institution scolaire à faire accéder les enfants des classes populaires aux savoirs légitimes.         De son côté, le lycée Henri-IV, dans le 5e arrondissement de Paris, maintient le cap. Jusqu’à la rentrée de septembre 2018, soit avant la réforme du lycée, il mettait à disposition des élèves entrant en classe de première une liste d’ouvrages en guise de « conseils de lecture ». En français, pour le seul chapitre « Réalisme et naturalisme », on dénombrait quarante-trois titres. Sans compter les nouvelles naturalistes d’Émile Zola, Guy de Maupassant, Joris-Karl Huysmans… À quand une pétition d’intellectuels pour exiger le respect des « habiletés plurielles » des enfants de la bourgeoisie parisienne ?                  ___Cette promotion de la bienveillance fait écho à l’instauration, à tous les échelons du système scolaire, de l’évaluation par compétences. Toutes deux convergent pour masquer les ratés de la massification scolaire. Le souci de la bienveillance conduit par exemple, en primaire, à nommer des élèves responsables, chaque semaine, de multiples missions dénuées d’objectifs cognitifs, telles qu’essuyer le tableau, ramasser les cahiers, mettre en rang ses camarades avant l’entrée en classe, etc., instaurant une confusion prégnante entre le savoir à acquérir et les tâches à effectuer.  Dès lors que celles-ci sont évaluées en tant que telles, comme une forme de « savoir-être », dans les référentiels de compétences désormais généralisés à tous les échelons de l’institution scolaire, l’enfant sociable et volontaire pour éteindre les lumières et baisser les persiennes a tout lieu de croire, et sa famille avec lui, qu’il remplit sa part du contrat. Même s’il ne maîtrise pas la lecture.     ___L’offensive contre l’évaluation des élèves à travers une notation chiffrée — remplacée par un système complexe d’évaluations par compétences — relève de la même logique. Impulsée par l’Union européenne, l’évaluation par compétences est aujourd’hui généralisée en primaire et dans un grand nombre de collèges. Les bulletins se présentent désormais comme d’interminables tableaux égrenant des « compétences » divisées en « domaines », eux-mêmes segmentés en « items » aux contours particulièrement flous : « écouter pour comprendre un message oral, un propos, un texte lu » ; « acquérir et comprendre le sens des mots »… Ils sont devenus illisibles. La prise de conscience des inégalités scolaires, source de désillusion brutale pour les jeunes issus des classes populaires, se déplace du collège vers le lycée, où la note perdure.                                                                                                      _____L’idée de briser le thermomètre pour faire baisser la fièvre n’est pas nouvelle. Mais elle est aujourd’hui déclinée de manière systématique, à toutes les étapes du parcours éducatif. Soit le cas d’un élève de troisième ambitionnant de décrocher son brevet des collèges. Appelons-le Florian. Depuis la session 2017, le diplôme est noté sur 800 points. Quatre cents points sont attribués dans le cadre d’épreuves se déroulant en fin d’année scolaire. Les 400 points restants résultent du niveau de maîtrise des huit composantes, chacune notée sur 50, d’un « socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Ces composantes ne correspondent pas au cadre de travail connu de l’élève (la discipline). Cela oblige les enseignants à travailler dans l’approximation afin de fixer le « positionnement » de chaque élève pour chacune des huit composantes du socle (par exemple : « les méthodes et outils pour apprendre », « la formation de la personne et du citoyen »). L’opacité ne s’arrête pas là. En effet, pour chaque composante du socle a été fixée une échelle à quatre valeurs attestant le niveau de maîtrise atteint : « insuffisant » (10 points sur 50), « fragile » (25 points), « satisfaisant » (40 points) et « très bonne maîtrise » (50 points). Même si Florian est archinul en anglais, le décompte retenu lui garantit au minimum 20 % des points possibles. Très bon en mathématiques — mais pas excellent —, il obtiendra cependant 100 % des points pour la composante en question. Et si, en dépit de ce barème améliorant par lui-même les résultats des élèves — mais pas leurs connaissances —, Florian risquait d’échouer, il pourrait compter sur les interventions répétées des personnels de direction dans le sens d’une rectification à la hausse des évaluations effectuées par les enseignants. Les taux de réussite des élèves dans le cadre des divers examens constituent en effet des éléments-clés dans l’évaluation du travail des principaux et des proviseurs par les directeurs académiques des services de l’éducation nationale (Dasen, ex-inspecteurs d’académie) et les recteurs.                  _____Avec les réformes du lycée et du baccalauréat prenant effet à la rentrée 2019, M. Blanquer prolonge cette tendance. La notion de « parcours » individualisé des élèves — censés choisir leurs « spécialités » — mime la liberté en omettant les données structurelles : toutes les spécialités ne sont pas enseignées dans tous les lycées. Là encore, l’équivoque règne sur l’obtention du futur diplôme : contrôle continu, épreuves communes (certaines en classe de première, d’autres en terminale), épreuves terminales (certaines en classe de première, d’autres en terminale). Heureux celui qui saura y voir clair — ou plutôt, heureux celui qui sera informé. L’injonction contradictoire est forte pour le lycéen invité à choisir ses spécialités alors qu’une sélection sévère le place sous une évaluation permanente.  L’école de la IIIe République, solide et exigeante, dans laquelle les élèves auraient acquis la maîtrise des tables de multiplication et la connaissance des règles d’orthographe, relève largement du fantasme. L’ancien système de notation ne doit pas non plus susciter de nostalgie particulière. Le tri social des élèves existait déjà hier. Mais l’institution ne consacrait pas autant d’efforts à le rendre invisible....."  . [C. Dozier_ S. Dumoulin]         _______________________________

lundi 30 août 2021

Quand ça dissone en nous

 Dissonance cognitive

                                       Ce terme en apparence un peu barbare a été désigné par Orwell par un autre  plus accessible et intuitif, celui de la double-pensée.
    Il désigne une situation psychologique où la conscience se trouve prise comme entre deux feux, en proie à une tension interne, parfois une vraie contradiction, qui nécessite un résolution dans un sens ou dans l'autre, du fait de l'inconfort que cela engendre.
    Imaginons la situation de la fable de La Fontaine, qui illustre un aspect de ce phénomène, pas si rare qu'il y paraît:
    La fable Le Renard et les Raisins d'Ésope. Dans cette histoire, un renard voit des raisins qui sont en hauteur et il veut les manger. Comme le renard est incapable de trouver un moyen de les attraper, il décide que finalement les raisins ne valent pas la peine d'être mangés, avec la justification que les raisins ne sont probablement pas mûrs ou qu'ils sont trop acides. (D'où la locution courante « les raisins sont trop verts »). Cet exemple suit ce schéma de comportement : si quelqu'un désire quelque chose, mais qu'il le trouve inatteignable, il réduit sa dissonance en le critiquant.
        Le concept de dissonance cognitive est aussi lié au fait qu'il est plus difficile pour un individu de corriger des idées acquises depuis longtemps que d'apprendre des idées nouvelles pour lesquelles il ne dispose pas encore d'un modèle ou d'un système de représentation.     C'est la raison pour laquelle l'"éducation" des enfants revêt autant d'importance pour les religions, pour les régimes politiques totalitaires et même pour les grandes marques de produits de consommation.
   "Plus un apprentissage a été difficile, malaisé, douloureux ou même humiliant, moins l'individu est prêt à remettre en cause la valeur de ce qui lui a été enseigné. Cela signifierait en effet qu'il a investi et souffert pour rien."
          __ "Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés." (Gaston Bachelard )
     De ses préjugés et de ses choix les plus spontanés, les moins analysés, les plus pulsionnels aussi.    ;Par exemple, je suis spontanément attiré pas des produits de consommation bon marché, mais je sais aussi, si je réfléchis un instant,  que leur fabrication a été faite dans des pays où les conditions de travail, de salaires, sont critiquables, et aussi que cette production se fait au détriment de la nôtre, entraînant un chômage à nos portes..Voulant faire des économies (par ex. sur un produit textile), j'entretiens objectivement les conditions d'une certaine précarité chez moi,.Cette contradiction interne est rarement résolue de  manière logique; cohérente; C'est le plus souvent les exigences du porte-monnaie qui l'emporte, le court terme sur le long terme, la coute vue sur l'analyse fondée.
.     Lorsque les croyances sont profondément ancrées, la plupart d’entre nous visent à les conserver intactes face à une réalité dérangeante. Nous mettons en place des processus psychologiques inconscients. Nous minimisons et oublions ce qui nous dérange, ou détournons notre attention, ou bien nous transformons et réinterprétons le réel de sorte que nos croyances restent intactes.
      Les croyances collectivement partagées sont prises pour des vérités indiscutables par tous, donc elles sont indiscutées. Même lorsque les faits démentent ces croyances, il vous faudra beaucoup de courage, d’abnégation et de détermination pour vous faire entendre et vous faire comprendre, surtout lorsque ces croyances infondées sont universellement partagées dans une communauté.
    Affronter de face ces croyances est plutôt risqué, voire contreproductif. Il faut éviter de provoquer le phénomène de dissonance cognitive chez votre interlocuteur. Instaurer un dialogue qui puisse déclencher un questionnement puis une prise de conscience semble à priori la meilleure solution, à condition de faire preuve de patience. C’est un combat de longue haleine.
   L’idée fondamentale de la novlangue, chez Orwell , dans le contexte politique, est de supprimer toutes les nuances d’une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l’influence de l’État, car le discours manichéen permet d'éliminer toute réflexion sur la complexité d'un problème : si tu n'es pas pour, tu es contre, il n'y a pas de milieu. Ce type de raisonnement binaire permet de favoriser les raisonnements à l'affect, et ainsi d'éliminer tout débat, toute discussion, et donc toute potentielle critique de l'État. Le phénomène de la double pensée  décrit la tension entre les valeurs et les impératifs exigés jusqu'à l'outrance par le pouvoir abusif.
    .Un enfant battu peut prendre paradoxalement la défense de ses géniteurs, si ceux-ci sont mis en cause pénalement pour leurs actes. Beaucoup d'Allemands devaient plus ou moins confusément se rendre compte, dès 1936, que le régime hitlérien entraînait un effondrement démocratique et développait une haine mortifère, mais les conditions d'époque, la peur et l'entraînement social les incitaient aussi à faire confiance à une parole qui promettait développement économique et ordre social.
      Entre le consommateur et le citoyen en nous existent aussi des tensions pas toujours apparentes, qui nécessitent des choix. Entre soumission, consentement.et réactions.
           Jean-Claude Michéa utilise le terme de « double pensée », repris de Georges Orwell, pour décrire la double logique libérale, qui fait d’un côté l’apologie d’un état de droit et de la libération des mœurs, et d’un autre côté, de l’économie de marché. Il met ainsi au jour les contradictions idéologiques de l’intelligentsia « de gauche ».
        Michéa tente de comprendre comment la gauche contemporaine a liquidé son fond idéologique (politique) sur la question sociale, pour reprendre à son compte les principales exigences de la logique capitaliste. Pour ce faire, il utilise le principe de la « double pensée » dont souffre Winston Smith dans 1984, d’Orwell, et l’applique à tous les penseurs sociaux-libéraux post-soixante-huitards. Il apparaît que cette intelligentsia est douée de la capacité de se mentir à elle-même en adhérant à deux propositions logiquement incompatibles : l’acceptation de l’économie de marché et la défense d’un libéralisme politique et culturel qui devient la « preuve » d’un engagement radical de gauche, le tout face à une droite chimérique qui aurait comme idéologie naturelle le néoconservatisme.
L’essai ne s’arrête cependant pas à la critique de la politique libérale, mais critique aussi ses conséquences : l’atomisation de la société en individualités égoïstes axiologiquement neutres afin d’éviter conflit entre les religions ou les idéologies. Face à cela, Jean-Claude Michéa prône l’éducation, l’amour du savoir, les liens de socialité primaires, la lutte contre toute volonté de pouvoir. Il met en avant la Common Decency c’est-à-dire les vertus populaires défendues par Orwell (la capacité de donner, recevoir, et rendre) et qui sont à la base des relations humaines.
          Pour prolonger:- Conformisme et soumission
 -Swann, un bel exemple de dissonance cognitive
-L’influence des théories conspirationnistes : pourquoi ça marche ?
-Comment une thèse discréditée conserve son influence
-Le rêve américain, dissonance cognitive et violence symbolique
           A lire aussi:
-Influence et croyances collectives
-Le mécanisme de la perte d’influence
La soumission librement consentie, Jean Léon BEAUVOIS, Robert-Vincent JOULE.
Les erreurs des autres. L'autojustification, ses ressorts et ses méfaits. Carol Tavris, Elliot Aronson.

Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens. Jean Léon BEAUVOIS, Robert-Vincent JOULE
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dimanche 29 août 2021

Juste en passant

__ L'enjeu du Panchir

__ De l'art et du gore

__ Comme un doute

__ "Paradoxe" israëlien?

__ C'est probable

__ D Day archives

__ Improviser: un art

__ Air rage

__ L'inconnu

__ Le pîège

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samedi 28 août 2021

Lisons, é-lisons-les!

 A l'assaut des livres!


            On peut se soigner par les plantes.
                                                           Mais aussi par la lecture, qui apaise les bleus de l'âme et offre tant  d'ouvertures. Contre le repli stérile et l'usure de l'esprit. Prendre de la hauteur.
                    Une liberté assurément.

                                                                                                              
Il n’y a jamais trop de livres ! Il en faut, et encore, et toujours ! C’est par le livre, et non par l’épée, que l’humanité vaincra le mensonge et l’injustice, conquerra la paix finale de la fraternité entre les peuples.
                      Emile Zola, Rome.

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Veni, vidi, Vinci

 PPP: Dérives d'un système    [Bis repetita]

                                                        Vinci, se déclarant premier groupe mondial de construction et de concession de services publicsétend son empire à l'international.
  Ses marchés explosent.
            Son gigantisme aux multiples facettes ainsi que certaines de ses méthodes posent problème.
   On l'a vu avec la distribution de la manne autoroutière par Villepin, critiquée par la Cour des Comptes et certains responsables politiques de premier plan.
    Une opération très juteuse, une rente abondante, grâce à la générosité de l'Etat, aux relations poreuses entre la direction de certains grands groupes et certains responsables ministériels.
"...Depuis la privatisation du réseau en 2005, des milliards filent dans les poches de concessionnaires privés. Une manne qui enfle à rythme constant, mais dont ni l’Etat, qui en aurait bien besoin, ni les usagers ne profitent.
  C’est une exception française. L’une de ces exceptions dont on n’a malheureusement pas envie de se vanter .
Notre réseau autoroutier, le deuxième en Europe avec ses 9 000 km – derrière l’Allemagne qui en possède près de 13 000 –, rapporte des fortunes. Mais, alors que l’Allemagne n’en retire que 4,5 milliards d’euros hors taxes (chiffres 2010), les autoroutes françaises génèrent 8,11 milliards d’euros par an. Le hic ? Depuis la privatisation du réseau en 2005, ce grassouillet pactole financé en partie par les impôts des citoyens, cette cagnotte qui enfle au rythme de 3 % chaque année, file dans la poche des concessionnaires..
."

         Ce qui est surtout en question, c'est le problème des concessionsqui sont la poule aux œufs d’or de ce groupe et d'autres.
 " Pour réduire le poids de la dette, l’Etat a de plus en plus recours aux Partenariats Public Privé, où des entreprises privées réalisent des missions de service public contre espèces sonnantes et trébuchantes.  
On a pu voir récemment toutes les limites de ce système avec l’écotaxe..." 
 « Il n’y a pas un scandale de l’ écotaxe, il y a un scandale Ecomouv », a dénoncé Joël Giraud, député radical de gauche lors de la séance des questions d’actualité. Le sénateur PS François Rebsamen demande une commission d’enquête parlementaire pour mettre au clair les conditions d'attribution de ce partenariat public-privé. Il avoue avoir des « doutes sur la création de cette société censée collecter l’écotaxe ». __ Une usine à gaz, monstre de complexité, enfant de la privatisation des autoroutes]
     Les PPP, engagés sous Raffarin, suite au modèle anglais, sont en plein essor, avec emballements coûteux et dérives manifestes.
                     Pour éviter le développement de la rente aux dépens des services publics et de l'argent du contribuable, il est urgent d'instituer de nouvelles formes de contrôle.
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vendredi 27 août 2021

Une valeur sure?

 Ça se discute.  

                    – « J’ai une règle de vie pour les femmes et pour les hommes comme pour les structures, c’est la bienveillance » E.M.)

          _____Qui serait contre la bienveillance dans l'absolu?     Il va de soi qu'elle mérite d'être considérée comme un pilier nécessaire au coeur des relations humaines parfois difficiles dans certains cadres institutionnels où des rapports hiérarchiques risquent toujours de créer des tensions ou parfois  des abus entre les individus.   Elle ne va pas de soi, dans la dureté régnant au coeur d'institutions ou d'organisations où les relations sont souvent loin d'être satisfaisantes, ne serait-ce que pour l'efficacité des performances attendues. Que ce soit au sein de l'entreprise ou surtout de l'institution scolaire.                                                            ____ Mais la "bienveillance" est devenue une valeur trop   proclamée depuis peu pour ne pas être interrogée. C'est assez clair à l'école, où il est de plus en plus demandé officiellement aux enseignants d'être "cool" laxistes "bienveillants" envers les élèves, surtout ceux qui posent le plus de problèmes, même les plus rebelles ou résistants aux formes essentielles d'apprentissage. "Surtout pas de vagues"...L'injonction est claire. Il est demandé de fermer les yeux ou de surnoter, par crainte de parents consuméristes ou vindicatifs ou de mauvaise réputation de l'établissement, comme le déplorent nombre d'enseignants sur le terrain, comme Patrice Romain, chef d'établissement, ou bien d'autres.    ____La "bienveillance" est détournée de son sens initial pour venir justifier un laxisme institutionnel qui s'est installé peu à peu, un abandon progressif par l'Etat de sa mission la plus haute; instruire. Avec la rigueur et les exigences nécessaires. Ce qui n'exclut pas attention et souci de progression.                     Quand l'école n'instruit plus, ou si peu, elle  pratique surtout le "bienveillance", lâchant du lest sur beaucoup de tableaux. Quand derrière une notion en elle-même positive se cache autre chose, il y a du souci à se faire sur le niveau de culture des générations qui viennent et pour la citoyenneté future. Le laxisme ambiant favorise l'épanouissement d'un nouveau cache-misère. Le "care" a ses limites... La notion de bienveillance est une notion souvent équivoque et pout le moins floue, qui peut fonctionner comme un piège.


                             _____Complètement nunuche"..Certains sont plus sévères et critiquent ce "mauvais bon sentiment", ...." une valeur attractive, mais...."   Une  ....« Formule à la guimauve », « vision bisounours du monde », « dictature des bons sentiments »… Dans le monde magique du bien-être, tout n’est pas rose. Et c’est le cas de la bienveillance. Jugée suspecte, voire hypocrite, taxée d’arrondir les angles au lieu de véritablement prendre soin de l’autre, coupable de vouloir se substituer aux principes politiques de justice, la bienveillance est tombée de son piédestal. En témoigne, par exemple, le livre d’Yves Michaud, Contre la bienveillance (éditions Stock)paru il y a déjà 3 ans… Elle avait pourtant bien commencé, et force est de reconnaître qu’elle ne semble pas complètement oubliée, au vu du nombre de vidéos, d’articles ou de livres sur le sujet. Entre ses détracteurs et ses partisans, aussi bizarre que cela puisse paraître : la bienveillance serait donc devenue un sujet clivant, pas autant que le voile ou l’écologie, bien sûr, mais il faut quand même voir ce que cette pauvre bienveillance se prend… Moi qui voulais la critiquer pour sa « bien-pensance », me voilà prise de court par cette attaque en règle d’un énième bon sentiment.   Mais au fond, la question se pose : pourquoi elle, la bienveillance, et pas l’estime de soi, la fragilité ou l’instant présent, tous ces poncifs pseudo-philosophiques pour bien-vivre ? Pourquoi la bienveillance serait-elle pire qu’autre chose ? Y aurait-il une bonne manière de se développer.  Emmanuel Macron est l’un des premiers à avoir faire entrer dans l’espace public la bienveillance, et à la populariser comme disposition pas seulement interindividuelle, mais politique. On pourrait penser que critiquer la bienveillance revient à critiquer sa récupération politique, c’est le cas, je l’ai cité tout à l’heure, du philosophe Yves Michaud. L’égalité et la communauté pâtiraient, selon lui, de la promotion politique de la bienveillance. D’où sa critique. Mais qu’en est-il des autres ? Que reproche-t-on à la bienveillance ?    J’ai déjà pu citer son côté formel, hypocrite, et pas véritablement empathique ; on pourrait aussi pointer sa marchandisation qui en fait une valeur commerciale, et pas une vertu profonde… Pour ma part, je lui reprocherais de dissimuler, derrière une disposition affective à l’égard d’autrui, une veille, voire une surveillance d’autrui. Vouloir le bien d’autrui, rien ne me semble plus intrusif et contraire au bien d’autrui (car comment croire que l’on veut le bien d’autrui en le faisant en fait à sa place ?).   Je crois qu’à la différence, par exemple, de la fragilité, de l’instant présent ou de l’injonction à positiver, la bienveillance ne cache pas sa bonne intention, sa vision optimiste : la bienveillance est bienveillante, elle part d’une bonhomie de l’être humain pour aller vers le bien d’un autre être humain. Et rien d’autre. La bienveillance ne souligne pas une défaillance humaine, comme la vulnérabilité, elle ne révèle pas notre impuissance face au temps, elle ne pointe pas nos tendances pessimistes. Non, la bienveillance s’ancre dans le bien, veut le bien, tente le bien. Trop de bien, trop de bon, trop de bon sentiment. Ce qui est ainsi paradoxal dans cette attaque de la bienveillance, c’est qu’on la rejette pour ce qu’elle évoque, et pas pour ce qu’elle permet ou pas. Elle est le symbole du bon sentiment, gluant, sucré, écœurant. D’où vient donc cette hypocrisie à se jeter sur le soin, le souci de l’autre, l’empathie, l’écoute ou autre, et à rejeter la bienveillance ? Je crois qu’au-delà de désigner un bouc émissaire, il se joue, avec cette critique de la bienveillance, le dégoût du bon, comme je l’ai dit : du sucré, de la guimauve, de l’édulcoré. Bien vivre, prendre soin, pourquoi pas, mais en laissant croire qu’on n’est pas naïf sur la noirceur du monde, sur ses propres failles. Pourquoi ne pas assumer un côté culcul, bien-pensant, rose, bisounours ? Je me pose aussi la question à moi : pourquoi toujours s’en prendre au bien-pensant, au bien, et ne pas revendiquer son amour de la guimauve?..."                                                                    _____ La bienveillance n'est pas la complaisance par facilité ou par injonction. La nouvelle valeur promue par l'EN n'est pas au dessus de tout soupçon...plus par ce qu'elle masque que par ce qu'elle proclame. Et si on parlait d'exigences?....dans des rapports de confiance qui se construisent et n'endorment pas......
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