Et pourtant ils savaient!..
Errare humanum est ...perseverare diobolicum. La chute ultra rapide de Kaboul sous la poussée talibane, à la suite d'une reconquête de la majorité du pays à grande vitesse, n'aurait pas dû étonner l'administration US sur l'essentiel du processus. On pourrait établir un certain parallèle avec le 11 septembre, qui ne se serait sans doute pas produit s'il avait été tenu compte des nombreux signaux et informations venus des services secrets à l'intérieur et à l'étranger. Mais il y avait des dissensions et des luttes d'influences au coeur de la CIA elle-même, qui ont neutralisé toute investigation approfondie et une parade adaptée possible. Il y aurait bien d'autres exemples à citer sur les défaillances d'une puissance présentée souvent comme suréquipée, notamment en matière d'informations et d'équipements militaires.
Des experts eux-mêmes, même parfois au sein de l'armée, n'ont pas été écoutés quand ils sonnaient l'alarme depuis plus de dix ans déjà, prévoyant l'échec inéluctable du projet néoconservateur, en Afghanistan comme en Irak. Le gigantisme, la naïveté, l'incompétence ont régné en maître sur fond d'ignorance du terrain et des peuples. L'aveuglement, l'hubris ont pris le pas sur l'analyse. Le chaos était inévitable, reconnaît-on maintenant au Pentagone, qui livrait encore il y peu des armes sophistiquées à l'armée fantoche et corrompue créée à grands coups de dollars, qui s'est volatilisée ou a été retournée en quelques jours. Le mensonge était sur toute la ligne. "....Il y avait des déclarations officielles rassurantes et récurrentes des responsables politiques et militaires américains : la guerre en Afghanistan est en passe d'être gagnée. Et il y a la réalité, celle que ces mêmes responsables admettaient en privé : la guerre en Afghanistan est perdue, nous ne savons pas ce que nous faisons. Le quotidien américain The Washington Post a publié lundi une enquête sur la façon dont les gouvernements américains qui se sont succédé depuis 2001 ont menti et refusé de reconnaître publiquement ce qu'ils savaient d'un conflit enlisé dans un pays qu'ils ne comprenaient pas. Les révélations, de l'ampleur des «Pentagon Papers» qui décrivaient la réalité du conflit au Vietnam, se basent sur les interviews de 400 responsables politiques et militaires américains. Elles ont été réalisées par l'inspecteur général John Sopko, chargé de superviser la reconstruction en Afghanistan (Sigar) pour le Congrès. Le Washington Post les a obtenues après trois ans de bataille devant les tribunaux.«Nous étions dépourvus d'une compréhension de base de l'Afghanistan […] Si les Américains connaissaient la magnitude de ce dysfonctionnement…» reconnaissait en 2015 Douglas Lute, responsable pour l'Irak et l'Afghanistan au Conseil de sécurité nationale. Lancée en octobre 2001, la guerre a coûté depuis près de 1 000 milliards de dollars (902 milliards d'euros) aux Etats-Unis et 2 400 soldats américains ont été tués. «Qu'avons-nous obtenu pour un billion de dollars ? Cela valait-il le coup ? Après la mort d'Oussama ben Laden [en 2011], je me suis dit qu'il était probablement en train de rire dans sa tombe en pensant à ce que nous avons dépensé», dit un ancien soldat des forces spéciales passé à la Maison Blanche...." _____ On ne peut pas ne pas faire le parallèle avec les mensonges de Bush, via le général Colin Powell, et la propagande qui fleurit pour justifier l'opération vietnamienne qui fut le fiasco que l'on connaît. La force, l'aveuglement, les intérêts à court terme. et le cynisme font souvent bon ménage, hélas..... _____________________
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