samedi 30 octobre 2021

L'ami américain?

Le "grand frère" est ingrat

                        Il n'est pas nécessaire d' avoir lu Machiavel pour s'apercevoir que les relations entre les Etats n'ont rien à voir avec celles qui caractérisent les rapports amicaux, encore moins familiaux. Hegel le répète aussi: les Etats n'ont de relations à d'autres qu'en fonction de leurs intérêts, à long ou à court terme, réels ou supposés, légitimes ou non. Ce sont des "monstres froids", même s'ils ont un vernis démocratique. C'est la base même du fameux "réalisme" en politique, qui est souvent loin du monde des sentiments humains, mais qui n'est pas nécessairement hostile, qui peut être associé à des alliances, durables ou de circonstance.                     ____ Des affaires récentes nous le rappellent, en ce qui concerne les rapports France/USA: celle de l'opération, humiliante pour nous, de Général Electric à l'égard de Framatome, opération industrielle mais politiquement inspirée, et celle du récent volte-face des Australiens qui renoncèrent in extrémis à un achat conséquent de sous-marins français, jugés finalement moins performants que ceux que proposaient les USA, soucieux d'avancer leurs pions dans le Pacifique face aux défis de la Chine. Biden essaie maladroitement de renouer un lien rompu avec Paris, mais avec quelle "maladresse"!           La récente affaire  des sous-marins australiens , les remous qu'elle engendre, même au sein des partenaires européens, vient nous rappeler que l'"amitié" entre Etats n'est qu'une façon de parler (même si on peut évoquer éventuellement de "bonnes relatons", toujours provisoires). Il ne faut pas se fier au vocabulaire diplomatique ni au langage convenu. Se rappeler que les Etats, dans le contexte international, ont d'abord des intérêts, politiques, économiques, géostratégiques, légitimes ou discutables.             .         ___Que les USA ait fait un choix qui n'est pas le nôtre, que l'Australie ait changé son fusil d'épaule, voilà qui ne devrait pas nous étonner, même si nous ne connaissons pas les dessous du dossier, malgré le courroux de Paris, qui aura peut-être un petit lot de consolation...Biden, qu'on plaçait au pinacle, pour le coup a fait du Trump. La Realpolitik s'est imposée.    On devrait se souvenir que ce n'est pas la première fois que les USA nous font de "mauvais coups" au cours de relations souvent assez mouvementées. Malgré Lafayette et le partage ancien d'idéaux communs. 


         ___  Il est utile de revenir sur le passé, comme le fait, de manière fouillée et intéressante, le livre de Branca:  L'ami américain.    Il met le doigt sur des rapports difficiles que nous ne connaissons guère ou que nous avons oubliées. Dans notre guerre au Vietnam à celle de l'Algérie, et même pendant la seconde guerre mondiale, l'oncle Sam nous a joué des coups pendables, évoqué dans les mémoires de De Gaulle ou dans certaines déclarations ultimes de Miterrand (« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. ») Sans parler de l'affaire irakienne ou syrienne...                                   "...Pourquoi de Gaulle refusa-t-il, en 1964, de présider les commémorations du vingtième anniversaire du débarquement allié en Normandie ? Parce qu'il se souvenait que, sans sa volonté farouche de faire échec aux plans de Roosevelt, la France ruinée de 1944 n'aurait pas été traitée autrement que l'Allemagne vaincue, privée d'une fraction de son territoire et placée sous administration militaire américaine. Pis, c'est sur une partie des élites de Vichy que, durant tout le confit, la Maison-Blanche avait misé pour barrer la route à l'homme du 18-Juin.   Grâce aux archives déclassifiées, mais aussi à des témoignages inexploités, il est désormais possible de raconter pour la première fois cette " guerre de trente ans " qui, de 1940 à 1969, opposa le Connétable de la France libre à la volonté de puissance des Etats-Unis. Alors que, aux instants les plus cruciaux de la guerre froide, le soutien du Général resta toujours acquis à Washington, le Département d'Etat et la CIA ont beaucoup tenté pour l'éliminer de la scène internationale. Du financement du FLN algérien au concours prêté à l'OAS, de l'espionnage nucléaire à la corruption d'une partie de la classe politique française, en passant par l'enrôlement d'Hollywood dans la croisade antigaulliste, Eric Branca raconte avec verve l'histoire secrète et inédite d'un conflit rendu d'une brûlante actualité par l'élection de Donald Trump...."                                                                                                                               Bref, les relations franco-américaines n'ont jamais été un long fleuve tranquille, même au sein de l'Otan, qu'il a fallu quitter un temps et dont on devrait abandonner le projet définitivement du fait de son caractère désuet et des aventures où cette organisation d'une autre époque peut encore nous entraîner contre notre gré et nos intérêts...Florence Parly manque de recul historique.______

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