Angela va se faire voir chez les Grecs et regrette...un peu
Le "mouton noir" aurait-il vécu? Il n'est pas si loin le temps de l'austérité renforcée qui mit le pays sur le flanc et une bonne part de la population dans un état critique, parfois au bord de la misère. Sans parler des institutions mises à mal ou placées sous contrôle et des bijoux de famille bradés à vil prix. La privatisation à marche forcée a été imposée: tout y est passé, des ports aux aéroports... C'était le lourd tribut que Berlin et les libéraux de l'Europe du Nord imposaient au pays hélléne, devenu "paresseux", tricheur et trop dépensier; l'enfant gâté qui n'avait pas joué le jeu des grands, en matière financière, à l'heure où la crise avait amené des banques, européennes notamment, à profiter de sa faiblesse, à commencer par Goldman Sachs. Pour sauver les banques, un régime draconien lui fut imposé. La cure toucha tous les secteurs, jusqu'au système de santé, presque ruiné. La nasse avait bien fonctionné. ___La dame de fer du Nord de l'Europe vient enfin de le reconnaître à mi-voix: Athènes a trop souffert, elle le regrette...(snif!..😭) Schaüble y a été un peu fort pour défendre le système néolibéral et le pouvoir des banques. Aujourd'hui, le regard a changé, comme par enchantement. Tout est sous contrôle. Le régime athénien est passé du "bon côté", les déficits n'inquiètent plus et on est prêt à tout vendre à Athènes, même l'armement le plus coûteux et le plus disproportionné pour ce petit état. Il faut dire que la donne a changé dans le secteur: la Turquie proche en inquiète plus d'un, la question des réfugiés aussi, que le nouveau régime essaie de parquer...Athènes est revenue "korrekt" pour les intérêts des pays vertueux du Nord et aussi pour l'Otan. Qui aime bien châtie bien...L'enfant turbulent est redevenu sage, soumis. Angela n'est pas angélique. Les faux-culs ont triomphé.
______Comment ne pas ironiser froidement sur ce retournement si rapide? "....Atthènes vient d’offrir un Noël anticipé à ses armées : vingt-quatre avions de combat Rafale et trois frégates dernier cri, en attendant des F-35 et des hélicoptères Sikorsky, sans oublier drones, torpilles et missiles. Les officiers grecs ne seront pas seuls à la fête puisque des groupes d’armement français, Dassault en particulier, comptent au nombre des principaux fournisseurs d’Athènes. Il y a six ans pourtant, les autorités européennes et le Fonds monétaire international (FMI) — la « troïka » — imposaient leur férule à un pays ruiné, asphyxié, ravalé au rang de protectorat. Ils passaient la moindre de ses dépenses à la paille de fer afin de contraindre la Grèce à rembourser une dette dont même le FMI admettait le caractère « insoutenable ». Encouragée par l’Allemagne, la « troïka » s’était acharnée contre les dépenses sociales. S’ensuivirent des hausses fulgurantes des taxes et des cotisations maladie, un report à 67 ans de l’âge de la retraite (dont les pensions furent amputées quatorze fois de suite), des baisses des allocations-chômage et du smic (de 32 % pour les moins de 25 ans), des hôpitaux bondés privés de moyens et de médicaments, etc. Les crédits militaires ne sont pas soumis à une vigilance financière aussi intraitable. Leur part est en effet passée de 2,46 % du produit intérieur brut (PIB) de la Grèce en 2015 à 2,79 % du PIB l’an dernier. Le record de l’Union européenne. Pour autant préparer la guerre, les Grecs doivent tenir à la paix... En vérité, le pays se juge menacé par la Turquie, qui multiplie les provocations en Méditerranée orientale et qui depuis bientôt cinquante ans occupe illégalement une partie de Chypre. Ce qui n’empêche pas les deux États rivaux d’appartenir à la même alliance militaire. Ni Berlin de compter au nombre des principaux marchands d’armes d’Ankara. En 2015, lorsque le « printemps d’Athènes » fut écrasé par les banques européennes, Le Figaro se distingua par sa férocité. Il estima que, même exsangue, la Grèce, un « patient qui préfère gifler son médecin », devait régler rubis sur l’ongle ses créanciers. Faute de quoi, s’indignait le journal conservateur, à qui la quasi-totalité des médias du pays emboîta alors le pas, « chaque Français paierait 735 euros pour l’effacement de la dette grecque » (1). À l’époque, cette dette s’établissait à 177 % du PIB du pays. En décembre dernier, elle a dépassé les 205 %. Mais Le Figaro a cessé de s’inquiéter pour les créanciers européens. Pourquoi ? Nul n’oserait imaginer que c’est parce que la Grèce a eu l’idée d’orienter ses emplettes vers les arsenaux du groupe Dassault, propriétaire du Figaro (2). Toutefois, le happy end ne sera complet que le jour où des sous-marins turcs achetés en Allemagne couleront des frégates grecques fabriquées en France. Athènes se résoudra alors sans doute à racheter aux Chinois, à qui il a dû les vendre sur injonction de la « troïka », des ports grecs où abriter ses navires. Et, le couple franco-allemand ayant démontré sa plasticité, l’autonomie stratégique de l’Europe sera presque réalisée…"
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