__ Inertie hospitalière
__ Folie du prince__ Ehpads: suite
__ Ubuesque!
__ Unions "sulfureuses"
__ Faut bien vivre...
__ Suède: privatisations santé
____ * Revue de presse
CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
__ Inertie hospitalière
__ Folie du prince__ Ehpads: suite
__ Ubuesque!
__ Unions "sulfureuses"
__ Faut bien vivre...
__ Suède: privatisations santé
____ * Revue de presse
Deux mots sur l'origine des mutations et des dégradations du système [notes de lecture]
Depuis au moins 2005, le mal s'approfondit dans les système de soin de notre pays, pour arriver aujourd'hui dans cet état de crise majeure, reconnu par tous, même verbalement une fois à l'Elysée, la crise de la covid ayant servi de révélateur. qui ne prend pas pourtant les mesures qui s'imposent pour éviter un glissement plus sérieux encore. La fuite de certains personnels hospitaliers est un révélateur inquiétant de dysfonctionnements que certains soignants voyaient venir depuis longtemps. Le "grand corps malade" l'est surtout du fait de ses mutations purement gestionnaires, de son lean management accentué, de ses choix technocratiques, de la perte progressive de sens qui affecte de plus en plus les rapports médicaux et hospitaliers. L'exemple suédois est en cours...
Les petits gestes et les immenses enjeux
Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, dit un proverbe chinois. On le sait mieux maintenant, même si tout nous pousse à ne pas le voir ou à ne pas y croire: sur notre terre finie et à la peine, qui de plus se modifie rapidement sous nos yeux, Le dogme de la croissance infinie, qui est encore bien ancrée dans le système économique en vogue et dans la plupart des croyances et les comportements individuels, ne résiste pas au simple examen de bon sens. _____Ce ne sont pas l'addition de quelques gestes individuels ajoutés les uns aux autres qui vont modifier la logique d'un système qui fonctionne en aveugle depuis le début de l'ère industrielle, sous la loi du profit capitaliste, qui changera fondamentalement les choses. Marginalement sans doute, à condition que tous "jouent le jeu" de manière convaincue, raisonnée, non punitive. Il ne s'agit pas de "sauver la planète" (qui en vu d'autres), mais plutôt de permettre à l'humanité de se perpétuer autrement, plus solidairement, plus sûrement, par quelques gestes citoyens nécessaires, comme réduire sa consommation d'eau, limiter drastiquement son bilan carbone, diminuer son train de vie, etc... Ce n'est pas une question de morale, de bons sentiments, mais une impérieuse nécessité éthique et politique politique, car il va falloir agir sur les leviers qui commandent la course folle au développement toujours plus effréné aux biens dont la production met en péril les conditions d'une vie décente, d'une vie tout cours...Il y a une logique économique qui doit s'inverser, et non pas seulement être modifiée à la marge. Et vite! Qui s'y attèlera? comment agir pour entraîner une conviction assez large pour être capable d'entamer cette mutation générale et consentie? Immense défi!
Dès les années 1970 déjà, la question de fond était soulevée: sur sa lancée irréfléchie dans la course au développement et à la richesse: l'humanité court un péril mortel, mettant en danger les conditions de son propre développement. Sauf virage rapide et peut être improbable, l'histoire des hommes n'est pas assurée de durer, du moins dans des conditions relativement sereines. L'économie n'est pas une connaissance dogmatique, mais se développe selon les présupposés et les mécanismes qui lui donne son aspect à un moment donné de l'histoire. Elle est question de choix, qui peuvent être revus et corrigés, en fonction de ses effets. Le dépassement du capitalisme, du moins sous ses formes actuelles, n'est plus sujet tabou pour de plus en plus d'économistes qui ont intégré la dimension historique et humaine dans leur schémas de pensée. Le productivisme seulement conditionné par la valeur du PIB, est à repenser de fond en comble. Consommer moins, consommer autrement doit devenir non seulement tendance, mais nécessité. Sans auto-punition, mais par raison, par réflexion. Encore faut-il que les décisions politiques suivent et que les convergences internationales se dessinent rapidement, malgré les inégalités de développement. C'est là que le doute peut s'installer, concernant l'efficacité de l'effet d'entraînement des pays les plus volontaristes, soutenus par des opinions les plus éclairées et les plus déterminées. Enorme pari, qui ne peut attendre encore des décennies... "....L'écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes? voilà u lne question clé, car, quoique nous faisons, si le système ne change pas, ce ne seront que quelques gouttes d'eau dans l'océan. Cette question est d’autant plus pertinente, lorsqu’on sait à quel point il peut être difficile de prendre des décisions radicales, capables de répondre aux urgences, dans un moment où les positions hégémoniques du néolibéralisme font pression pour conserver une politique des « petits pas ». Le philosophe et juriste Sam Adelman a ainsi montré que le principe même du « développement durable » repose sur des objectifs de croissance économique, rigoureusement incompatibles avec les défis de l’urgence climatique. Si la question peut paraître un brin provocatrice, remettre en question le modèle économique de croissance basé sur un extractivisme matérialiste qui transforme biens, vivants et humains en ressources, semble nécessaire. D’autant que dans beaucoup de cas, lorsque l’écologie est prise en considération, elle relève du greenwashing. Ou, pour le dire autrement, l’écologie elle-même devient une ressource pour la communication et le marketing, avant d’être transformée en politique ambitieuse. Pour le professeur Pieter Leroy, qui enseigne la politique environnementale aux Pays-Bas, la réponse est claire : notre organisation politique ne nous permettrait pas de pouvoir répondre dignement aux effets liés au changement climatique. Même lorsque des grands conglomérats proposent de baisser la consommation d’énergie par exemple, cela sert d’abord des buts économiques et financiers....En 2004, la politiste Wendy Brown associe les difficultés et les écueils des démocraties contemporaines à l’essor du capitalisme néolibéral, en expliquant notamment que :« la rationalité néo-libérale […] soumet chaque aspect de la vie politique et sociale au calcul économique : plutôt que de se demander, par exemple, ce que le constitutionnalisme libéral permet de défendre, ce que les valeurs morales et politiques protègent et ce dont elles préservent, on s’interrogera plutôt sur l’efficacité et la rentabilité promues – ou empêchées – par le constitutionnalisme. »
Dans cette optique, où le constitutionnalisme libéral est à entendre comme l’exaltation des libertés individuelles face au pouvoir étatique, le politique ne devient qu’un instrument au service de la rentabilité – rendant de facto toute réforme écologique et environnementale difficile à implanter, à partir du moment où elle menace des intérêts économiques et financiers immédiats. Un peu plus tard, en 2009, la professeur de science politique Jodi Dean va encore plus loin dans un ouvrage qui propose une critique de la version néolibérale des démocraties. Selon elle, les démocraties se retrouvent menacées par une confusion entre libre expression et stratégies de communication ; en d’autres termes, rien ne permet de distinguer les intérêts de celles et ceux qui utilisent leur droit à la liberté d’expression dans la sphère publique. Ainsi, la sphère publique démocratique représente un véritable marché de la liberté d’expression où se mêlent tendances énonciatives, stratégies de persuasion, fabrication du consentement, opinions privées, argumentations élaborées et influences médiatiques. Cette confusion ne devient compréhensible et lisible qu’à l’aide d’un réel outillage critique, qui peut permettre à chacune et chacun d’exercer ses droits citoyens ; hélas, cet outillage n’est pas accessible à tous et il est difficile de l’appliquer dans le bruit ambiant. Au sein de ce marché de la libre expression émerge alors non plus une démocratie réelle, mais une illusion de démocratie, réduite à une incarnation simpliste de liberté d’expression publique et d’abondance de production de messages. Cette analogie du marché n’est pas innocente : elle témoigne, une nouvelle fois, de la gémellité entre économie de marché capitaliste et démocraties contemporaines, soulignée entre autres par le politologue allemand Wolfgang Merkel, dans un article particulièrement lumineux paru en 2014....." _____________________________
1 ___ L'habit ne fait pas le député:
Cravate ou pas à l'Assemblée? "....Si l’habit ne fait pas le moine, la cravate fait le député pour l’élu LR Éric Ciotti, qui a solennellement écrit jeudi 21 juillet à la présidente de l’Assemblée nationale pour se plaindre des tenues “relâchées” portées par les députés de la France insoumise dans l’hémicycle. Un combat qui a inspiré l’élu insoumis Louis Boyard, benjamin (métropolitain) du Palais Bourbon. Dans un courrier reprenant quasiment mot pour mot celui de son collègue de droite, le député du Val-de-Marne demande à Yaël Braun-Pivet de mettre un terme à “l’arrogance vestimentaire” qui sévit selon lui à l’Assemblée nationale. Dans son viseur, des “tenues onéreuses” et autres “costumes aux prix exorbitants”. Des habits qui témoignent selon lui d’un “luxe indécent au regard de l’explosion de la pauvreté dans notre pays”. Louis Boyard considère que ces costumes “renvoient une image déplorable” de la représentation nationale, et appelle donc la présidente de l’Assemblée nationale à se saisir de cette question dès la semaine prochaine lors de la réunion du Bureau de l’Assemblée, exactement comme l’a demandé Éric Ciotti dans son courrier....."
2 ___ Forêts françaises à reconsidérer:
"...Depuis deux décennies, on assiste en effet à une mortalité croissante des peuplements forestiers et à une baisse globale de leur productivité. Si la surface boisée en France métropolitaine ne cesse de croître depuis le milieu du XIXe siècle, c’est en raison du boisement – spontané ou artificiel – de terres agricoles, car la superficie occupée par des forêts anciennes, elle, ne cesse de diminuer. Ce « dépérissement », est généralement attribué aux modifications climatiques. Les sécheresses estivales récurrentes fragilisent les arbres et la douceur hivernale favorise les pullulations de bioagresseurs, en particulier les scolytes et les hannetons. Le changement climatique en est sans aucun doute une cause essentielle, mais il est aussi le révélateur d’écosystèmes forestiers fragilisés par des décennies de pratiques sylvicoles focalisées sur la production de bois. Non seulement la forêt française fixe moins de carbone par unité de surface, mais l’exploitation des peuplements dépérissants induit des émissions supplémentaires de CO₂ aggravant l’effet de serre et les changements climatiques associés..."
3 ____ Japon: La droite et les sectes
"... Tetsuya Yamagami a voulu attirer l’attention du public sur les injustices que l’Eglise de l’unification commet depuis des décennies. Curieusement, au Japon, les grands médias n’ont pas mentionné le nom de l’Eglise et se sont limités à parler d’« une organisation spécifique » jusqu’à ce que soient passées les élections qui se sont tenues deux jours plus tard. Pourtant, auparavant, les médias japonais avaient largement couvert les pratiques prédatrices de celle qu’on appelle aussi la « secte Moon ». Mais ses liens avec l’aile droite du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir, dont Abe était le leader incontesté, sont tabous. Cette dissimulation jusqu’à la fin d’un scrutin remporté sans surprise par le PLD, témoigne de l’influence du groupe religieux sur la vie politique nippone et de la capacité du parti d’Abe à museler les médias..."
4. ___ Le Pape chez les indiens...un peu tard.
"...Le pape François a demandé lundi 25 juillet « pardon pour le mal commis » contre les autochtones au Canada, notamment ceux placés de force dans les pensionnats pour enfants amérindiens gérés par l’Église, et a déploré que certains de ses membres aient « coopéré » à des politiques de « destruction culturelle ». « Je suis affligé. Je demande pardon », a déclaré le pape devant des milliers d’autochtones à Maskwacis, dans l’Ouest du Canada. Évoquant une « erreur dévastatrice », il a reconnu la responsabilité de certains membres de l’Église dans ce système où « les enfants ont subi des abus physiques et verbaux, psychologiques et spirituels »....
5 ___ Les flics français, des pionniers?
"...Le 15 mars 1667, par un édit signé à Saint-Germain-en-Laye, le roi Louis XIV confie au magistrat Gabriel Nicolas de La Reynie la charge inédite de lieutenant de police de Paris. La capitale française compte alors un demi-million d'habitants dont environ 30 000 larrons et mendiants. Pour faire face à cette engeance, il n’y avait jusque là que guets et gardes hérités du Moyen Âge et sans commandement centralisé. Le nouveau lieutenant de police va donc en premier lieu rassembler sous son autorité tous les corps de police (commissariats, prévôté de l'île, archers et exempts du guet, compagnie du lieutenant criminel) et se faire représenter dans les 17 quartiers de la ville par 48 commissaires de police. Avec une vision extensive de sa mission, il va faire installer l'éclairage dans les rues afin d'en diminuer l'insécurité. Il va aussi faire paver les rues et engager la lutte contre les incendies et les épidémies, faisant de Paris l'une des métropoles les plus propres d'Europe..."
5 ___ L'empire du sucre
"....Walvin n’est jamais neutre face à son objet d’étude : il explique dès les premières pages à quel point le sucre corrompt et détruit les hommes, leur santé, leur environnement. L’ouvrage se lit ainsi un peu comme un réquisitoire, martelant que l’histoire du sucre est d’abord celle de la souffrance humaine et de l’exploitation, tant des hommes que de l’environnement. Mais cette étude se présente également comme une mise en garde contre les méfaits futurs et pluriels du sucre, qu’ils relèvent de considérations médicales ou de problématiques économiques liées au monopole de l’industrie agro-alimentaire...."
6 ___ Maux de l'hôpital en Europe.
"...La pénurie de soignants est généralisée, étendue au monde entier. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il manquera 15 millions de professionnels de la santé d’ici à 2030. Si les pays à revenu faible sont particulièrement touchés, tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, sont confrontés à des difficultés en matière de formation, de recrutement et de répartition de leur main-d’œuvre....."
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La colonisation française et ses profits
La possession des territoires conquis et occupés jusqu'à la décolonisation, pacifique ou non, a été pour la France une source de richesses en nature de toutes sortes, dans le domaine des produits agricoles et des matières premières. Mais régnait en Afrique, par exemple, une forme de fiscalité particulière, qui n'a pas peu contribué aux sourdes puis ouvertes oppositions à l'égard du colonisateur, qui avait besoin de certains progrès (routes, ponts, chemins de fer...) sur place pour le développement de ses propres intérêts économiques. "...la France a favorisé des modes de prélèvement bien spécifiques, rapidement rentables et relativement aisés à mettre en œuvre : taxes sur les monopoles de production ou de commercialisation sur des biens tels que l’alcool ; taxes sur les importations consommées par les résidents des colonies ; mais aussi impôts payés par les populations locales tels que l’« impôt de capitation ». Celui-ci consistait à exiger des chefs de village qu’ils collectent une somme forfaitaire auprès de chaque habitant en âge de travailler ou, au Niger et en Mauritanie, sur le nombre de têtes de troupeaux. Autre procédé rentable pour le colonisateur : le travail forcé, dédié à la construction des routes, ports et chemins de fer. On a ainsi calculé que l’impôt de capitation et le travail forcé constituaient en 1925 la moitié des recettes publiques en Afrique subsaharienne francophone. C’est seulement après la Seconde Guerre mondiale que des outils fiscaux plus modernes tels que les impôts directs sur le revenu ont été développés. En effet, à cette époque, la France a voulu accélérer les investissements publics dans ses colonies, et, même si les gouvernements d’après-guerre étaient prêts à financer ces dépenses publiques par des subventions, il est devenu nécessaire de développer de nouveaux outils de prélèvements fiscaux au sein des territoires colonisés.... les États nouvellement indépendants ont dû composer avec un mode de prélèvement hérité de la colonisation, dont seules les réformes mises en œuvre plus de 30 ou 40 ans après les indépendances ont semblé atténuer le poids..."
Les diverses formes d'impôts, dont les fruits revenaient in fine essentiellement au colonisateur avaient aussi pour finalité anthropologique déclarée de plier la personne colonisée, réputée "inférieure" et "paresseuse" aux exigences du travail productif, le plus souvent forcé, comme dans les colonies françaises et surtout au Congo belge, propriété personnelle de Léopold II. ____La politique coloniale de la France et ses mythes n' ont pas cessé de faire débat, encore âprement discutés, non sans idéologie, malentendus et ignorances. Même parfois dans les débats historiens. Se libérer d'un passé largement mythique demandera encore du temps et du courage..._______Les veinards!
En cette période de crise énergétique et de fortes tensions d'approvisionnement de carburants, notre fleuron national fait un effort sur les prix à la pompe: une petite baisse sur le prix de l'essence, le temps de voir passer l'orage ukrainien. C'est sympa, mais c'est surtout un acte commercial en passant, qui va sans doute affaiblir ses concurrents sur le territoire national, surtout les indépendants au fond de nos campagnes. La philanthropie n'est pas une valeur cardinale chez le géant pétrolier, qui voit loin et qui a les coudées franches en matière d'impôts dans son propre pays: pas d'impôts, c'est chouette, non? Tout cela malgré des profits records! On dira: oui, mais le groupe pétrolier n'est pas le seul à péter dans la soie. C'est vrai, mais cela ne légitime pas ses pratiques fiscales une peu particulières et la "générosité" de Bercy. C'est un peu l'arbitraire. Parmi les géants du Cac 40, la transparence n'est toujours pas de mise: "...Les plus prompts à donner le détail sont évidemment les sociétés qui font le plus gros chèque d'IS au fisc. Trois d'entre elles paient 1 milliard ou plus : LVMH, Crédit agricole et Vinci. Leur chèque est particulièrement élevé en 2017, année où une surtaxe exceptionnelle sur les grandes sociétés a été votée pour combler le trou créé dans les finances publiques par l'annulation par le Conseil constitutionnel de la taxe de 3% sur les dividendes voulue par François Hollande. Cette surtaxe a fait passer de 33,3% à 38,3% le taux de l'IS pour les entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse 1 milliard d'euros et de 33,3% à 43,3% pour celles dont le chiffre d'affaires dépasse les 3 milliards. Elle a pesé particulièrement sur le Crédit agricole, qui, du fait de sa structure mutualiste, ne versent pas – ou peu – de dividendes. Viennent ensuite Engie (393 millions), Orange et Hermès (autour de 200 millions d'euros), puis Bouygues (188 millions) et Total (160 millions). La surprise, c'est la vitesse à laquelle cet impôt décroît et sa faible ampleur par rapport aux résultats des groupes. Petit rappel du bénéfice net part du groupe en 2017 des entreprises citées ci-dessus : LVMH : 5,129 milliards d'euros__Crédit agricole : 3,649 milliards d'euros __Vinci : 2,747 milliards d'euros __Engie : 1,423 milliard d'euros ___Orange : 1,906 milliard d'euros _Hermès : 1,22 milliard d'euros __Bouygues : 1,085 milliard d'euros __Total : 7,656 milliards d'euros.... Même si ces groupes sont très internationalisés et tirent leurs bénéfices des marchés étrangers, les ordres de grandeurs paraissent bien faibles pour certains. Et plus on descend dans le tableau, plus l'écart est saisissant : Vivendi paie 84 millions d'IS, Dassault Systèmes verse 70 millions, Schneider Electric acquitte 60 millions pour des résultats compris entre 519 millions et 2,1 milliards. Michelin et Valeo paient respectivement un IS de 17 et 12 millions d'euros pour des résultats globaux de 1,7 milliard et 886 millions d'euros. "Dans l'industrie, les marges sont faibles en France et les impôts de production sont élevés", nous explique-t-on à l'Afep, l'association qui réunit les grandes entreprises françaises. N'empêche les chiffres sont étonnants. Sodexo, qui paie 7 millions d'euros d'IS en France pour un résultat de 723 millions d'euros, présente aussi la France comme un pays à faibles marges, faible rentabilité, contrastant avec les Etats-Unis ou le Mexique. Il faut donner un petit coup de chapeau aux groupes les plus transparents, comme Valeo, un des tout premiers à donner ces chiffres même s'ils peuvent paraître faibles pour la France. Michelin a aussi été rapide et précis. Ce qui n'est pas le cas des deux constructeurs. Tout d'abord Peugeot, qui ne paie pas d'impôt sur les sociétés en France du fait de reports déficitaires, et ce malgré un résultat de 1,9 milliard d'euros. Ensuite, Renault, 5,1 milliards de bénéfices, qui n'a pas daigné répondre, en dépit de son actionnariat en partie public et de l'image de jongleurs fiscaux que peut donner l'affaire Ghosn à l'Alliance Renault-Nissan. Un bon point aussi pour la Société générale, qui a été l'une des premières et des plus précises dans sa réponse, sans dissimuler qu'elle a reçu un chèque de près de 13 millions du fisc en 2017 grâce aux crédits d'impôt (CICE et PTZ) et à l'imputation de la perte colossale de Jérôme Kerviel. En revanche, BNP Paribas, qui affiche un bénéfice net de 7,8 milliards, n'a pas voulu nous indiquer le bon chiffre. En règle générale, les groupes discrets sur leur impôt sur les sociétés – comme Carrefour ou Peugeot – sont ceux qui n'en paient pas......Reste un mystère : le groupe Sanofi, champion des bénéfices en 2017 avec 8,4 milliards d'euros, est muet sur son empreinte fiscale. Grâce à la concurrence fiscale entre pays pour attirer leurs activités, les groupes pharmaceutiques bénéficient d'une fiscalité avantageuse sur les brevets. En France, ils sont aussi parmi les plus gros bénéficiaires du crédit d'impôt recherche. Ils ont enfin des batteries d'experts fiscaux pour réduire leur facture. Est-ce suffisant pour annuler l'impôt sur les sociétés de Sanofi en France ? Si ce n'est pas le cas, seul un peu de transparence de la part du groupe dirigé par Olivier Brandicourt aurait permis de le savoir...." Total est particulièrement intouchable. Comme toutes les grandes multinationales qui ne sont plus guère attachées à leurs pays d'origine, même fiscalement, qui ont assez de puissance pour avoir parfois une profonde influences sur la marche de certains Etats et sur certaines de leurs grandes décisions, possédant souvent plus de moyens financiers que certains d'entre eux. Total a un vaste réseau d'influences, ses nombreuses filiales lui permettant d'être présent sous des formes diverses et dans des lieux multiples de par le monde des affaires, en particulier autour du domaine si crucial de l'énergie, aujourd'hui en pleine mutation. Mais pas seulement. Il est sur tous les fronts. Les affaires sont florissantes, mais sont loin d'être toujours claires de par le monde. Un groupe d'une puissance généralement mal mesurée. Un pouvoir quasi intouchable. Total-ment en prétendant ne pas s'immiscer dans les affaires des Etats, ne pas faire de la politique, ne pas influencer le monde de la recherche et de l'enseignement, par un lobbying qui ne dit pas son nom, au service de ses propres intérêts, contre les mouvements, parfois officiellement en place pour agir contre la puissance des pétroliers suivant leur logique propre et leurs visées à court terme, tout en se donnant bonne conscience. Le groupe est en fait très politique, dans un sens bien particulier.
"...Les entreprises polluantes ne sont plus les bienvenues au sein des universités. Une véritable mobilisation éclot en ce moment dans les établissements les plus prestigieux de France, à l'initiative d'étudiants qui rechignent de plus en plus à les rejoindre, une fois leur diplôme en poche. A Polytechnique par exemple, une grande partie d'entres eux s’opposent farouchement au projet du groupe pétrolier Total d'installer un centre de recherche sur le campus de l'école. L'entreprise parle d'un centre de recherches sur les énergies propres, mais les étudiants, eux, ne décolèrent pas. 61% d'entre eux ont voté contre ce projet, une révolution dans cette école où les élèves sont sous statut militaire. Soumis par ailleurs à un devoir de réserve, parler aux médias peut leur coûter leur diplôme. Europe 1 a tout de même pu interroger l’un d’entre eux, à condition de modifier sa voix. "Comment c'est possible que ce soit aussi gros et que personne n'ait vu le problème ? Le business majeur de Total, ça reste l'industrie pétrolière. Ils sont tout à fait capables d’influencer l’école, comme ils sont capables d’influencer la stratégie européenne sur les énergies", s'indigne-t-il ______Selon Le Monde, "...Total est une autorité souveraine d’un genre nouveau, capable de rivaliser avec des Etats et de générer un nouveau rapport à la loi. Elle est composée d’un réseau d’entités indépendantes partout dans le monde, via 882 sociétés présentes dans 130 pays. Aucun Etat n’est à même d’encadrer Total, puisque la firme évolue sur une échelle qui échappe à leur portée législative. C’est une firme qui, en étant éclatée et active dans un très grand nombre de secteurs, ne peut être réduite à sa seule filière pétrolière...." _______"...Christophe de Margerie [PDG du groupe de 2010 jusqu’à sa mort en 2014] disait : « Tant que ce n’est pas interdit, c’est permis. » Mais en affirmant « c’est légal », la firme ne dit pas que c’est parce qu’elle a parfois bénéficié de la complicité d’un Etat, d’autres fois parce qu’elle a profité de la passivité d’un parquet, d’un vide juridique ou de l’exploitation de la lettre de la loi au détriment de son esprit grâce à une armée d’avocats...." _______ "...Elle profite du fait que les filiales ne sont pas solidaires de la maison mère et qu’elles sont donc des entités autonomes qui répondent de la législation du lieu où elles sont actives. Quand Total dit qu’elle a agit légalement aux Bermudes, ça veut dire que sa filiale respectait le droit des Bermudes, celle du Qatar, le droit Qatari… " ___________