jeudi 21 juillet 2022

Heureusement qu'il y a la clim'!

 Eh ben non! Pas si simple...

      Il s'en est vendu de ces appareils, depuis la première phase de la canicule! Et bien avant déjà, suivant une mode américaine apparue bien plus tôt, comme expression de la modernité.     C'est le rush sur les appareils magiques, plus souvent à petits prix.   Mais est-ce, objectivement une bonne idée, au delà de nos points de vue myopes ou à court terme? Surtout à l'heure où de redoutables problèmes énergétiques vont se poser crûment.   La clim a fait des "miracles" depuis qu'elle est devenue d'abord une mode américaine, introduite pas seulement pour des raisons de confort, mais de productivité, dans la plus grande insouciance des années 50. 


                                                                                                                                                             "...À chaque nouvelle vague de chaleur, les grandes surfaces commentent à l’envi l’explosion des ventes de clim, dont presque un million d’exemplaires ont été commercialisés en 2021 – 840 000 climatiseurs fixes, selon 60 millions de consommateurs, sans compter, donc, les équipements mobiles. Jusqu’en 2019, il s’en vendait environ 350 000 par an, soit moins de la moitié, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). En 2005, seuls 5 % des logements étaient équipés en climatiseurs. En 2020, un quart des ménages en avaient fait l’acquisition, toujours selon l’Ademe.  Pourtant, ces équipements de froid sont de grosses machines à fabriquer du chaud. Comme dans un frigo, le climatiseur pompe les calories dans l’air, qu'elle refroidit par un fluide réfrigérant, et rejette la chaleur vers l’extérieur. Résultat : il réchauffe la température extérieure et contribue en ville au phénomène d’îlot de chaleur urbain – le fait qu’il fasse plus chaud dans une agglomération dense que dans sa périphérie plus végétalisée.   Des chercheurs avaient calculé, en 2013, qu’un doublement de l’équipement en climatisation à Paris pourrait augmenter la température locale de 2 °C, essentiellement la nuit. D’autres scientifiques ont fait tourner des modèles et estimé que si Paris connaissait une vague de chaleur de neuf jours, et que les habitant·es s’en protégeaient en utilisant massivement la climatisation, cette consommation d’électricité représenterait 81 % de toute la demande d’électricité des bureaux et des logements (environ 105 gigawatts-heure par jour).                                     La climatisation est aujourd’hui responsable de près de 5 % des émissions d’équivalent CO2 du secteur du bâtiment, selon l’Ademe. Ce sont les fluides frigorigènes présents dans les équipements qui contribuent le plus fortement aux émissions de gaz à effet de serre, lors de leur fabrication ou à cause des fuites pendant la durée d’utilisation. Les gaz qu’ils émettent sont particulièrement réchauffants.         Ce bilan carbone de la climatisation est aggravé par les difficultés actuelles du parc nucléaire : en manque d’électricité pour répondre à sa demande, la France importe du courant de ses voisins européens – ce fut notamment le cas hier, lundi 18 juillet. Or « toute consommation supplémentaire appelle sur le réseau une centrale à charbon ou au gaz », explique Éric Vidalenc, directeur régional adjoint à l’Ademe dans les Hauts-de-France. « Tout kilowattheure de climatisation est un kilowattheure de gaz (de Russie notamment) importé en plus. Il est crucial de maîtriser les usages de climatisation. »                            Mais il insiste aussi sur une perspective rassurante, le développement de l’énergie solaire, « particulièrement adaptée à l’usage de la climatisation », puisque les panneaux photovoltaïques produisent le plus d’énergie quand ils reçoivent le plus d’ensoleillement.      Derrière les chiffres des usages apparaît une forte question éthique et politique : la climatisation bénéficie à certaines personnes, au détriment de toutes et tous. Plus des bureaux et des galeries commerciales sont réfrigérées, plus l’air extérieur se réchauffe. C’est un vrai enjeu de justice environnementale. Pour Éric Vidalenc, « avec la climatisation, on utilise l’air comme une décharge. On rend l’air public encore plus insupportable. Si vous marchez dans une rue où les bâtiments sont blindés de clim aux fenêtres, vous recevez de l’air chaud en continu ». Le confort privé de certain·es s’obtient aux dépens de tout le monde.       Or bien des personnes doivent subir les canicules sans moyen de s’en protéger : travailleurs en extérieur, qu’ils soient balayeurs de rue, éboueurs ou employés sur des chantiers. Mais aussi toutes les personnes à la rue. Ou encore celles habitant des logements non ou mal isolés. Vivre dans un quartier plus chaud multiplie par deux le risque de décès, selon l’Institut de veille sanitaire. La perte d’autonomie pourrait multiplier le risque de décès par un facteur de 4 à 10, et le fait de dormir dans une chambre sous des toits mal isolés par quatre.    Le profil des usagers et usagères de la climatisation est assez marqué socialement, comme nous l’apprend une étude de l’Ademe : plutôt des propriétaires de maisons individuelles (31 %) que des ménages en logement collectif (20 %). Plutôt des professions libérales, cadres et professions intellectuelles supérieures (37 %) que des ménages dont la personne de référence est sans emploi ou inactive (19 %). Et dans le secteur tertiaire, seuls 7 % des bâtiments d’enseignement sont climatisés, contre 64 % au sein des activités de bureau. Quant aux centres commerciaux, ils le sont quasiment tous.    Faut-il en finir avec la clim ? Il est peut-être trop tard pour se poser la question. Les températures augmentent si vite à notre stade de dérèglements climatiques, qu’il risque d’être difficile de se passer de sa puissance de rafraîchissement. Or, face à des chaleurs extrêmes, les plus vulnérables ont besoin d’être au frais pour ne pas succomber aux températures. Des chercheurs ont calculé qu’en cumulant la création massive de parcs et d’espaces verts, en améliorant fortement l’isolation des bâtiments, en les dotant de surfaces réfléchissantes, et en utilisant sobrement la climatisation (pas moins de 28 °C chez soi), la température à Paris la nuit lors d’une canicule pourrait baisser de 4,2 °C..."  (Merci à Jade Lindgaard)           _____________________

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