samedi 23 juillet 2022

Tourisme toxique

Un problème qui revient en force

                                                       La sur-fréquentation  de certains lieux, en cette période de rebond touristique (re)commence à poser problème, Des édiles s'alarment même des effets à long terme de cette manne qu'ils ont souvent stimulée pendant des années pour redorer leurs blasons. Après certains grands sites, c'est le tour maintenant de villes plus modestes qui s'affligent des conséquences perverses, notamment dans l'immobilier, dont la population modeste paie les frais. Après une période de recul, la frénésie touristique a repris ses droits, même si les plus conscients perçoivent la nature des injonctions contradictoires de leur soif d'évasion.                                                                                                         L'épisode que nous vivons, avec sa paralysie des transports longues distances, sa contestation de certains de nos loisirs de masse, est assez propice à une mise en question des modes de déplacement à des fins de découvertes de nouveaux horizons, de plus en plus nombreux et inter continentaux, supposés nouveaux et attractifs, vendus sur catalogues au papier glacé. D'exceptionnel qu'il était, le voyage est passé dans le registre des biens de consommation ordinaires, pour une masse de plus grande de personnes de tous continents.

      Il s'est généralisé, banalisé. low-costé. Partir n'est plus partir.
  Il est devenu un produit d' appel, certains pays jouant sur le tourisme  pour gonfler leur PIB. Pas toujours avec discernement.
   Au risque de réduire le tourisme à des déplacements de foules grégaires qui ne voient rien ou presque, qui ne retiendront que quelques pixels embarqués ou quelques selfies, pour témoigner qu'"on y était".
   Voyage normalisé, voyages-spectacle, voyage banalisé, vite oublié, avant de préparer le suivant sur catalogue au papier glacé.
    Le low-cost et la guerre des voyagistes  a encouragé la tendance, comme le fast food a banalisé et dénaturé la nourriture. Tant qu'il y aura du pétrole....
     Le voyage de découvertes, lent, peu programmé, dans des lieux non courus, qui laissent des traces indélébiles, est devenu de plus en plus rare .
     Faire l'éloge du dépaysement vrai, de la découverte authentique, des rencontres non programmées est devenu de moins en moins fréquent. Ce dépaysement qui change en profondeur l'intériorité et renouvelle le regard.
      Un peu de tourisme, ça va....Mais on semble avoir dépassé le seuil de la déraison touristique.
          Mais les déferlantes touristiques dans les mêmes lieux en même temps vont tuer le tourisme.
 Et les incidences de ce phénomènes sur le milieu, urbain et/ou naturel, commencent à poser bien des problèmes, même au Machu Pichu, où l'on parle de contingenter la fréquentation, dans certains villes où le problème de l'eau devient crucial, dans d'autres, où l'hyper-fréquentation, festive ou non, perturbe fortement la vie locale, modifie le prix du foncier, entraîne indirectement  l' "exode" de populations, comme à Barcelone , à Venise ou à Dubrovnik. A  Amsterdam, c'est les "festivités" nocturnes qui gâchent tout.
   Si, dans une certaine mesure, il peut être bénéfique économiquement, comme en Tunisie, il peut aussi se révéler catastrophique très rapidement. Les cohortes de visiteurs pressés sortis en rang des bateaux de croisière, sans discontinuer les jours d'été, auront-elles raison des plus beaux sites de Santorin, dont les rues principales sont investies à prix d'or par les marchands de produits de luxe?...
       Il faut réapprendre à voyager, non comme hier, mais selon des formules à réinventer.
   Retrouver le plaisir durable et profond de la découverte, loin de la saturation des tours-operators vendeurs de produits finis, où la surprise doit être bannie, où le confort doit être assuré, où l'on achète d'abord "un prix". Low cost, low plaisir...
   Le Routard ne fait même plus rêver.
        Comment retrouver, à contre-sens des tendances frénétiquement consommatrices, le sens du voyage rare et de qualité. 
  Il ne s'agit plus de suivre les injonctions du voyager pas cher, mais de retrouver le sens de l'étonnement et de la découverte. Avec désir et lenteur. Parcimonieusement.
    Des voyages qui forment à la vie et ouvrent à soi-même, comme disait le vieux Montaigne qui a parcouru une partie de l'Europe... à cheval.

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