mercredi 24 août 2022

En parler encore

              Sortir d'un tabou

                                    Parler de la mort, surtout quand elle vous affecte au plus près, quand un (une) proche vous quitte, surtout après une longue fin de vie difficile où toute communication véritable est rompue, est une épreuve douloureuse. Bien qu'elle soir attendue et nécessaire, qu'elle soit condition de la vie, le déchirement est toujours présent.                                                                                                                                         La mort n'est rien pour nous disait Epicure. Au sens où se lamenter contre un processus  des plus naturels, faisant partie de la vie, de son fonctionnement et de son renouvellement normal, n'a pas de sens rationnel.  Et J.Brel chantait: Mourir, la belle affaire, mais vieillir...


 La vie -toute vie- n'existe que parce qu'il y a la mort.
Que cela plaise ou non. Mieux vaut l'apprivoiser, comme le suggérait Montaigne.
        Ce qui pose problème, à nous humains, c'est surtout la mort des autres, la mort des proches.   Surtout dans des circonstances imprévues et dans des conditions parfois dramatiques.
Surtout quand l'incertitude peut demeurer longtemps entre ce que l'on considère comme la sortie de la vie et l'entrée dans l' échéance fatale. C'est un effet, parmi d'autres, du développement d'une médecine de plus en plus performante, qui repousse toujours plus loin certaines limites, autrefois inimaginables.
    Le cas Lambert, comme d'autres, démontre comment des proches peuvent être dans une incertitude  dramatique lorsque des choix cruciaux doivent intervenir autour de celui qu'on appelle encore un vivant. A tort ou à raison. L'"acharnement" peut-il encore avoir un sens dans certains cas? Il y a beaucoup de confusions sur la notion d'euthanasie.
   Tout le monde se sent concerné par l'affaire sur-médiatisée et les avis peuvent diverger sur un cas qui est mal défini, en évitant de céder à l'hystérisation, à la confusion et aux dérives idéologiques, comme on le voit tristement sous nos yeux. Quand la personne devient instrumentalisée pour des causes discutables, voilà le pire. Alors qu'on attendait discrétion et respect.
   Une mère contestée, une épouse effondrée, des medias sur la brèche, des effets de manche,  et voilà tous les ingrédients d'un feuilleton devenu malsain et indécent.
   La complexité de l'affaire est évidente. Il y en aura d'autres.
  La question se repose: faut-il continuer des soins à tout prix, surtout quand on commence à être certain que l'issue heureuse est hautement improbable, que l'acharnement est déraisonnable?
 Les textes qui tournent autour de la fin de vie sont à revoir. On continue à mal mourir en France.

____En raison de l’actualité, M6 a choisi d’avancer ce mercredi 22 mai la diffusion du documentaire “Droit de mourir, un tabou français”, un film dense consacré au droit de choisir le moment de sa mort.
___  Un avis à chaud  de Jean-Luc Romero président de l'ADMD. ________________

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