Sur les retraites (suite)
On ne nous dit pas tout... Dans ce dossier complexe et/ou mal présenté ou réfléchi, différents aspects ignorés ou cachés apparaissent au grand jour. Un collectif de fonctionnaires indépendants fait entendre sa voix, en faisant apparaître des aspects encore peu discutés d'un projet largement contesté pour son opacité et sa brutalité à plusieurs égards. A la lumière du système suédois, très contesté, ou italien, qui installe beaucoup d'anciens dans la précarité. Paradoxe: même le très libéral The Economist abonde dans le sens d'une remise en question du projet macronien, qui continue, sous la pression de la rue, à être modifié, mais à la marge. S'agit-il de "sauver les retraites"?
____ "....Concrètement et pour faire court : les chiffres de Bercy sont purement et simplement trafiqués. Les services du ministère du budget ont prévu un gel des effectifs des fonctionnaires jusqu’en 2027 ainsi qu’une diminution de leur pouvoir d'achat de l’ordre de 11 %, sauf pour la fonction hospitalière. Donc pas d’augmentation du point d’indice, et gel des primes jusqu’en 2027. Le tout basé sur une inflation moins forte que celle que nous connaissons et allons connaître en 2023. Ce qui implique que ces 11 % sont en outre sous estimés. Étrangement, ce gel des rémunérations, avec son corollaire qui est le gel des recrutements, s’inscrivent en porte à faux avec l’accumulation d’annonces faites par nos ministres ces douze derniers mois, nous promettant plus de policiers, plus d’infirmières, plus de militaires, et de meilleurs salaires dans l’Éducation Nationale. Autrement dit : à quoi correspondent vraiment ces hypothèses apparemment farfelues ? Serait-ce de réelles prévisions planquées sous le tapis ou plus prosaïquement des chiffres bidouillés volontairement pour arriver aux conclusions voulues quant au déficit du régime des retraites, préambule à la nécessité affichée de la réforme en cours ? ..." On retrouvera le détail ici. Un brouillard entretenu? ___ Un épouvantail? ".... On se souvient qu’en septembre 2007, en Corse, François Fillon avait proclamé être « à la tête d’un État en situation de faillite ». Et, après le début de la crise de la zone euro en 2009, cette figure de style avait pris la forme d’un chantage : il fallait accepter les réformes ou plonger dans la faillite. C’est aussi dans ce cadre qu’a été imposée la réforme de 2010. Mais ce chantage à la faillite pose un double problème à ceux qui le manipulent. Outre qu’il n’est guère crédible, il ne peut exister sans ramener la responsabilité à la gestion du système de Sécurité sociale, autrement dit aux promoteurs des diverses réformes portées depuis 1987. Un État en faillite est un État qui, ne pouvant honorer le paiement de ses intérêts, perd l’accès aux marchés financiers, ne peut refinancer les obligations arrivant à échéance et doit donc logiquement suspendre ses paiements et restructurer sa dette. C’est un événement qui n’est pas si rare qu’on le croit, mais qui touche d’abord de « petits » débiteurs (on peut penser à l’Argentine ou à la Grèce par exemple). Pour une raison simple : la dette publique est aujourd’hui la matière première du système financier. La faillite d’un gros émetteur conditionne donc la faillite générale du système qui, comme en 2008, perdrait un moyen d’assurer ses liquidités sur les marchés. La solution serait alors une intervention des banques centrales pour… empêcher la faillite. C’est ce qui s’est passé en 2012, quand la BCE a empêché, par du rachat de dette, la contagion vers les « gros émetteurs » de la zone euro, notamment l’Italie. C’est la fameuse devise financière : si je dois 10 dollars, c’est mon problème, si je dois 1 million de dollars, c’est le problème de mon créancier. Paradoxalement donc, la masse de dette publique qui s’est accumulée et qui est souvent présentée comme le signe d’un risque imminent de faillite représente une forme de garantie pour les États. Avec près de 3 000 milliards de dollars de dette publique, la France dispose du troisième stock mondial après le Japon et les États-Unis, et a donc le potentiel de faire exploser, en cas de faillite, le capitalisme mondial. Autant dire que cela n’arrivera pas. Évidemment, il n’y a jamais de garantie absolue, mais c’est une donnée du problème toujours évitée : en cas de chute vertigineuse de la dette française, la question de la stabilité financière mondiale se posera. C’est une réalité que les ratios dette publique sur PIB, constamment utilisés, ne peuvent pas traduire. En réalité, un ratio d’endettement japonais ou français n’a pas le même sens qu’un ratio zambien ou grec. Mais surtout, cet argument de la « faillite » est absurde à plusieurs niveaux. D’abord, par les montants concernés. Le gouvernement évoque le chiffre, par ailleurs contestable, d’un déficit cumulé de 150 milliards d’euros sur 20 ans. Aurore Bergé, député Renaissance, prétendait récemment « ne pas savoir faire » face à cette charge supplémentaire. Il s’agit évidemment d’une plaisanterie. La crise sanitaire a apporté à l’État et à la Sécurité sociale un surcoût de 440 milliards d’euros. Il n’y a eu aucun problème à lever cet argent sur les marchés, ni à en assumer le coût sur l’avenir. Un surcoût de 7,5 milliards d’euros par an pendant 20 ans en moyenne ne représente aucune difficulté insurmontable pour l’État français qui a levé 280 milliards d’euros l’an dernier sur les marchés. Au reste, si un vrai problème de financement pouvait se poser, il serait alors aisé de trouver de la ressource dans la politique de soutien au secteur privé qui, selon le dernier calcul de l’IRES (Institut de recherches économiques et sociales), avoisine 160 milliards d’euros par an. Il devrait être possible d’y trouver les 7,5 milliards d’euros nécessaires sans déséquilibrer le budget. D’autant que le gouvernement vient précisément de supprimer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises pour un montant équivalent. Bref, il n’y a là rien qui puisse précipiter la « faillite » de l’État français...." ______________________________
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