vendredi 3 février 2023

Ukraine: ligne de crête

 Hypothèses et incertitudes

                                       Est-on dans un moment de bascule, dans ce conflit qui redouble en intensité et qui voit une reprise en main des forces russes décidées à forcer la main sur le terrain, quoi qu'il en coûte. Oui, si l'on en croit les observateurs et les analystes les plus avertis. La détermination poutinienne se renforce, à coup de désinformation et de troupes nouvelles, même mal préparées. Est-on dans ce conflit à la croisée des chemins? La résilience ukrainienne est devenue plus incertaine, sans que l'on puisse diagnostiquer un vrai recul, malgré des signes de débordements. En tous cas, le fossé se creuse dans cette quasi-guerre civile, où la scission est devenue irrémédiable. Les hésitations de l'"Occident" à s'engager davantage, que l'on peut comprendre, fragilisent la détermination de Kiev.                                                  Une phase plus brutale s'engage (*), dont on voit mal jusqu'où elle pourrait mener, combien de temps elle pourrait durer. Toutes les hypothèses sont possibles.  On ne sait jamais comment finit une guerre...                                                                                                                                   (*)"....En Allemagne, un dernier tabou est tombé avec l’annonce, historique, par Olaf Scholz que Berlin livrerait des chars Leopard à Kiev. Mais pour en arriver là, il y a eu bien des tergiversations, raconte Die Zeit. La décision a été prise en concertation avec les alliés, a expliqué le chancelier allemand. Comprendre : les Américains, décrypte l’hebdomadaire. C’est important. “Car rien n’est simple face à un risque d’escalade, écrit Die Zeit. Pendant que Scholz et Biden tentent de deviner les lignes jaunes de Poutine afin de ne pas s’attirer un retour de bâton fulgurant, Poutine attise la peur en brandissant de manière plus ou moins directe la menace nucléaire.”                        Où cela s’arrêtera-t-il ? L’Ukraine est-elle en mesure de gagner la guerre ? En tout cas, l’Occident fait tout pour, estime The Guardian, qui évoque une “phase cruciale” du conflit. “L’envoi de plus de chars occidentaux ne signifie pas que la guerre est désormais presque finie, souligne le quotidien britannique. Elle va encore durer des mois, pour ne pas dire des années.” Ce qui change c’est que l’attitude des Occidentaux s’est durcie, et que les chars confèrent un avantage militaire à l’Ukraine qui “pourrait être décisif”.     En attendant, les Russes, qui avaient essuyé plusieurs revers fin 2022, reprennent du terrain et intensifient leurs bombardements sur les cibles civiles. Soledar, le Verdun ukrainien, est tombé. Et la bataille de Bakhmout s’annonce tout aussi terrible.              Face à ces difficultés Volodymyr Zelensky a d’ores et déjà demandé la livraison d’avions et de missiles longue portée. Pour l’Ukraine, il s’agit de reconquérir les territoires perdus en 2014 : la Crimée et l’intégralité du Donbass. Les Occidentaux sont-ils prêts à aller jusque-là ? Rien n’est moins sûr, même si le New York Times affirmait encore récemment : “L’administration Biden estime désormais que si l’armée ukrainienne arrive à montrer à la Russie qu’elle peut menacer sa mainmise sur la Crimée, cela renforcera la position de Kiev dans des négociations futures.” Si, le 30 janvier, Joe Biden a exclu de livrer des F-16 à l’Ukraine, les Européens, eux, sont moins catégoriques, à en croire le Financial times et The Guardian. Le pas aurait même été déjà franchi… en secret. Selon Dziennik Gazeta Prawna, la Pologne aurait déjà livré “plusieurs” avions de combat MiG-29 à l’Ukraine en pièces détachées. On est bien loin de la fin du conflit..." (Claire Carrard)

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