samedi 4 mars 2023

Le coût caché de la réforme

Epine dans le pied

                         Ce n'est pas moi qui le dit, mais toutes les études et les projections un peu sérieuses convergent: étant donnée l'épineuse question du décrochage subi par les seniors dans le monde du travail (ce sur quoi avait alerté le Président à une époque *), la réforme aura un coût et n'atteindra pas les buts proclamés en termes de (modestes) économies et de coût social.               "...Le rapport de deux ans de l'âge de la retraite  devrait se traduire par près de 100 000 chômeurs de 60 ans et plus supplémentaires selon une étude de l’Unédic portant sur la réforme de 2010... décaler l’âge légal à 64 ans est une chose, encore faut-il que les futurs retraités soient toujours en activité. Une étude de l’Unédic — qui vient d’être publié — révèle en effet qu’à 60 et 61 ans plus d’une personne sur quatre est inactive ou au chômage. Les femmes, peu diplômées, ayant des revenus modestes, ou en mauvaise santé sont particulièrement surreprésentéesle retour à l’emploi concerne le plus souvent les seniors les mieux insérés, particulièrement les cadres et professions intermédiaires. L’étude pointe ainsi un retour au travail plus difficile, depuis 2010, pour les seniors avec une durée d’indemnisation moyenne de 520 jours pour les plus de 50 ans, contre 340 chez les 25-49 ans....Quant aux dépenses d’assurance chômage consacrées aux seniors, elles ont flambé depuis 2010 : triplé pour les 60-61 ans avec plus 1,1 milliard d’euros, et presque doublé pour les 62-66 ans (+ 0,6 milliard). Au total, les dépenses d’indemnisation des plus de 55 ans ont augmenté de 38 % depuis 2010, et sont passées de 4,8 milliards d’euros en 2010 à 6,7 milliards d’euros en 2022. Quant au montant des allocations touchées par les seniors, l’indemnisation mensuelle du chômage pour les hommes est de 1 358 euros pour les 55-61 ans et de 1 749 euros pour les plus de 62 ans. Des sommes nettement plus faibles pour les femmes, 900 euros à 55-61 ans et 977 euros à 62 ans et plus...."     


                                                                             Le jeu en valait-il la chandelle? Le signe envoyé aux marchés financiers risque de ne pas correspondre aux objectifs annoncés et proclamés, dans le flou et la contradiction. Le chômage des seniors alourdit les dépenses
 L’exécutif va tout simplement déshabiller Pierre pour habiller Paul en reportant les dépenses des pensions de retraite pour les plus de 62 ans vers l’assurance-chômage. « Si le gouvernement affirme que la réforme des retraites va permettre de faire des économies importantes, tout comme celles de l’assurance-chômage, il omet de documenter le transfert de charges, avec la part augmentée de seniors au chômage jusqu’à 64 ans et plus », dénonce le communiqué, fustigeant « l’argumentaire pernicieux » de l’exécutif. Le syndicat a par ailleurs fait « des demandes de chiffrage » à l’Unédic. Les réponses, que Mediapart a également pu consulter, jettent une lumière crue sur les inégalités de genre, les motifs de licenciement des seniors ou encore les effets de la réforme de l’assurance-chômage, couplée à celle des retraites.  Mediapart l’a maintes fois documenté : les entreprises se débarrassent de leurs seniors, l’âge est ensuite un frein majeur du retour à l’emploi (à tel point qu’un tiers des chômeurs de longue durée sont aujourd’hui des seniors) mais le gouvernement persiste à vouloir reculer l’âge légal de départ en retraite..."                                                                Le temps d'apprendre à vivre doit-il passer à la trappe?  ______

         __ (*)   "Tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ça serait assez hypocrite de décaler l'âge légal." Et le président d'ajouter que "quand aujourd'hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans". En pratique, "c'est ça la réalité de notre pays", lance-t-il. Et conclut alors son raisonnement : "On va vous dire 'il faut maintenant aller à 64 ans'. Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans, les gens vous disent 'les emplois, c'est plus bon pour vous'. C'est ça la réalité, c'est le combat qu'on mène. On doit d'abord gagner ce combat avant d'aller expliquer aux gens 'mes bons amis, travaillez plus longtemps !'. C'est le délai légal, ça serait hypocrite. J'invite les gens qui, de manière simpliste, disent 'c'est ça la solution", d'abord à regarder notre société. On doit gagner la bataille du plein emploi."  (E. Macron conf presse 2019)    ______________

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