Vers un avenir inquiétant
A Tel Aviv, c'est la stupeur. Pouvait-on imaginer une telle dérive il y a un an encore? Du jamais vu depuis la création de l'Etat. La droitisation de la société israëlienne arrive à un sommet. "...C'est avec stupéfaction et même incrédulité, que l'ensemble du pays a vu le nouveau gouvernement s'attaquer en premier lieu aux institutions judiciaires du pays et tout particulièrement à la Cour suprême, pourtant considérée dans le monde entier comme un modèle et comme le pilier de la démocratie israélienne. Deux hommes ont été chargés par Netanyahou de mener à bien cette «révolution judiciaire»: le nouveau ministre de la Justice Yariv Levine (Likoud) et le président de la Commission des lois de la Knesset, Simha Rotman. De quoi s'agit-il exactement? Il s'agit de faire passer une série de lois dont l'unique but est d'affaiblir au maximum les pouvoirs de la Cour suprême pour, en réalité, faire du pouvoir judiciaire un instrument du gouvernement (qui règne déjà sur le pouvoir législatif grâce à sa majorité). On n'évoquera pas ici la longue liste de lois annoncées, notons seulement les principales: d'abord la loi dont le but est de modifier la composition de la commission chargée de choisir les juges, pour que le gouvernement y ait une majorité lui permettant de choisir les juges de la Cour suprême qui lui conviennent; ou encore la loi interdisant à la Cour suprême d'invalider pour inconstitutionnalité des lois fondamentales votées par la Knesset; ou encore la loi permettant à la Knesset de revoter et faire passer, par une simple majorité de soixante-et-un députés, une loi invalidée par la Cour suprême..."
__ La colère d'une grand nombre d'Israëliens éclairés s'exerce tous les jours dans la rue, contrastant avec le mutisme gêné de beaucoup pays "amis", qui continuent à faire la politique de l'autruche. En France, un silence assourdissant, qui est parfois condamné en interne, mais qui divise aussi. On n'est pas sorti de l'alignement inconditionnel sur les décisions de Jérusalem, quelles quelles soient, sans que la situation palestinienne soit encore évoquée en France comme en Allemagne, avec la confusion toujours durable entre antisémitisme et critique légitime d'un régime dont d'ailleurs beaucoup ne sont pas croyants, et qui joue sur le même amalgame. Il reste encore tabou de critiquer l'Etat d'Israël, non pas pour ce qu'il est ou est devenu, mais pour ce qu'il fait. Beaucoup d'Israëliens n'ont pas ces pudeurs, à commencer par Haaretz. Les solutions de paix s'éloignent toujours plus. Les périls risquent de ne pas être seulement internes...______________
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