samedi 29 juillet 2023

Gentrification galopante

 Cachez- moi ces pauvres, que je ne saurais voir...

                Il est loin le temps où les classes sociales cohabitaient dans les quartiers de grandes villes, comme à Paris. Depuis un certain nombre de décennies, à commencer par de grandes villes américaines, un processus d'embourgeoisement affecte les centres urbains les plus importants, mais pas seulement, aux dépens des classes les plus modestes ou même  moyennes, qui se voient peu à peu dans la nécessité de s'installer toujours plus en périphérie.


La gentrification "...c'est devenu un terme négatif, un terme repoussoir. Après, certaines municipalités ou certains pouvoirs publics encouragent la gentrification tout en se défendant de le faire. Parce que c'est des politiques aussi qui vont consister à requalifier, à rénover des quartiers populaires, voire à attirer d'autres populations. Les populations dites créatives. N'en reste pas moins que cela renforce des inégalités, ne serait-ce que dans l'accès au logement, tout bonnement."  Quentin Lhui, lors d'un micro-trottoir, tombe sur deux personnes, qui travaillent dans une association à Pantin, qui porte sur le lien social, et l'une d'elles déplore la relégation des habitants déjà installés : "Ce sont aussi beaucoup de gens qui se retrouvent sans logement dans des villes dans lesquelles ils étaient bien au départ et où les logements étaient peu chers. Donc on travaille sur les quartiers prioritaires de la ville de Pantin, notamment les Courtillières et c'est vrai qu'ils ont construit de nouveaux immeubles là-bas qu'ils étaient très fiers d'inaugurer. Mais au final, c'est aussi délaisser les gens qui sont là depuis longtemps et qui réclament plus de confort et qui ont des immeubles qui tombent un peu en ruine et qui ne sont pas bien entretenus." Selon Sylvie Tissot, la racine du problème, elle est à la fois dans la question du marché de l'immobilier, dans la question de l'intervention de l'Etat, dans le manque de construction de logements sociaux. Elle explique le lien entre mixité sociale et logement social : "La mixité sociale telle qu'elle est entendue, souvent, elle est entendue comme : il faut moins de logements sociaux, il faut moins de pauvres, il faut moins de personnes racisées. Moi, ça me pose un problème. Encore une fois, je pense qu'un des freins à la gentrification, peut-être même le seul, c'est en effet que des populations modestes, voire pauvres, voire très pauvres, puissent continuer à habiter dans ces quartiers, donc il faut du logement social."                                                                                                                                                  _____ Le problème n'est pas qu'économique, foncier, il est aussi politique. C'est assez net dans certains quartiers de Paris comme Neuilly, à Londres ou à New York, où Harlem est devenu un quartier "tendance". Le quartier Barbès est un exemple récent. Habiter au coeur des grandes villes tend à devenir un luxe. L'"entre-soi" est parfois cultivé à l'extrême. Les rapport de domination sont bien là à l'oeuvre.

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