...Les vaches.
Comme tous les ans. A Versailles. Enfin, à la porte...Tranquillement. Mais cette année, c'est un peu agité, un peu beaucoup même... La colère est manifeste. les raisons en ont été partiellement données. Question de normes. De prix aussi, dans la concurrence devenue internationale de produits de base. Une autre politique agricole commune s'impose, pour reconquérir un minimum de souveraineté alimentaire an matière de quantité, de qualité et d'exigences environnementales. L'agriculture n'est pas une production comme une autre, soumise plus que jamais à des injonctions contradictoires. On parle peu de la diversité du monde paysan, selon les activités et les régions. Peu aussi des inégalités. Toutes les vaches ne vivent pas dans les mêmes conditions ou ne doivent pas répondre aux mêmes exigences. En Bretagne, par exemple, berceau de l'élevage intensif voulu par Pisani, pour des raisons historiques, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne et l'agriculture de firme tend à s'étendre. Ce que vise à décrire R. Legendre, ce qui ne plaît pas à tous.;;;
___ "...François Purseigle et Bertrand Hervieu, sociologues, qui ont publié en 2022 l’ouvrage Une agriculture sans agriculteurs (Les Presses de Sciences Po), font ce constat : « Sept exploitations sur dix en élevage porcin sont des exploitations de grande taille économique. Alors que les exploitations de taille moyenne étaient, il y a encore dix ans, majoritaires en Bretagne, les exploitations dites “grandes” représentent aujourd’hui 37 % des exploitations bretonnes. » "... Les chercheurs relèvent également que la filière porcine est celle où l’on recense le plus de holdings, des sociétés de gestion de patrimoine financier qui abritent des dizaines d’entreprises agricoles aux formes juridiques variées. Ce qu’incarnent les Le Bihan, Dartois, Kerdoncuff, Crespel. Tous producteurs de porcs. « Cette réalité, souvent niée, illustre l’émergence d’agricultures sans agriculteurs ou dirigées par des chefs d’entreprise éloignés de la figure traditionnelle du chef d’exploitation familiale », expliquent les sociologues. « Dans certaines régions comme la Bretagne, où des filières d’élevage se sont engagées dans un processus de concentration particulièrement net, le nombre d’exploitations de taille moyenne s’est même réduit de près de 40 % entre les deux derniers recensements [ceux de 2010 et 2020 – ndlr] », ajoutent-ils. Des fermes de plus en plus grandes, aux montages juridiques de plus en plus complexes. Et comme dans un jeu de vases communicants, les exploitations individuelles, elles, sont de moins en moins nombreuses. « Le scénario actuellement à l’œuvre est bien celui d’un accaparement des terres au détriment de candidats à l’installation », estime le rapport Sempastous, consacré à la régulation du foncier agricole. La fédération nationale des Safer confirme une tendance « vers l’agrandissement d’exploitations existantes plutôt que l’installation de nouveaux agriculteurs. Si ce mouvement se poursuit dans le cadre de l’accélération des départs en retraite, c’est le visage de l’agriculture française [et] la vitalité même des territoires ruraux qui sont en jeu ». Les entreprises agricoles de plus en plus importantes deviennent aussi trop grosses et trop chères à transmettre à un agriculteur ou même à un binôme d’agriculteurs. L’organisation du travail au sein des exploitations s’en ressent. La sous-traitance se développe à travers l’essor des entreprises de travaux agricoles (ETA). La Bretagne en compte 850 en 2023, soit près de 6 000 salarié·es. Les éleveurs ont de plus en plus besoin de déléguer des cultures pour se concentrer sur l’élevage...." La Fnsea n'est pas étrangère à cette évolution vers une agro-industrie à courte vue. Une impasse?...Changer de paradigme est un impératif. ___ Pratiques de rupture.___________________
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