vendredi 1 mars 2024

Quand se marient géographie et histoire

Limites de l'histoire traditionnelle.

                                L'histoire purement événementielle a sa nécessité et son utilité, mais révèle vite ses limites. Elle néglige le temps long dans lequel nous nous inscrivons et a tendance à faire l'impasse sur les facteurs matériels qui la conditionnent dans une large mesure, ceux que donnent la géographie au sens large, l'économie, le climat, etc...Depuis une centaine d'années, des historiens s'efforcent de resituer le flux des événements dans un contexte plus large, qui l'éclaire et le détermine souvent dans une large mesure. C'est vrai de la préhistoire, des nombreuses migrations humaines, avant même les événements ponctuels proprement dits, dont on peut suivre partiellement  le fil à partir de traces écrites ou non.  Depuis plus d'une cinquantaine d'années, des courants de recherche se sont penchés sur les liens complexes entre milieux et événements, dans une perspective plus holistique. Depuis l'Ecole des Annales en France, jusqu'aux recherches d'aujourd'hui, en passant par Leroy-Ladurie, dont l'intérêt pour le climat fut si éclairant. Une histoire plus "globale" en quelque sorte, où sont pris en compte les interconnexions humaines, le climat, les facteurs matériels, la géographie, les épisodes épidémiques, etc...dans leurs interactions complexes, ont toute leur place.                                                                                                                                                        Christian Grataloup nous livre aujourd'hui de nouvelles pistes dans une large et passionnante recherche; Il s'en explique ici. Dans le sillage notamment de Marshall Sahlins. Une histoire qui doit être toujours revisitée, au rythme des nouvelles connaissances des sources. [ A lire, comme moi en ce moment.]


                   "...Dans Géohistoire (Les Arènes, 2023), Christian Grataloup propose de revisiter le destin collectif de l’espèce humaine, indissociable d’une diversité interne remarquable par rapport à celle d’autres vivants.  
Ce faisant, le professeur émérite à l’université Paris-Diderot répond à toute une série de questions passionnantes : « Le Néolithique a-t-il été une catastrophe ? », « Des grandes découvertes chinoises auraient-elles pu se produire ? », « Et si l’échange inégal des microbes avait fonctionné dans l’autre sens ? », etc. Mobilisant des savoirs éclectiques sans se départir de sa rigueur universitaire, il montre comment le milieu des sociétés humaines a pesé sur leurs trajectoires, sans jamais les déterminer totalement.  Dans notre émission « Écrire l’histoire », Christian Grataloup insiste sur le caractère ouvert de l’histoire humaine. « Le point final de la géohistoire des humains sur la Terre n’est pas posé, insiste-t-il dans son ouvrage. […] Il reste encore au moins cinq milliards d’années avant que le soleil, devenu une géante rouge, ne calcine notre planète. Cela vaut la peine de mieux aménager notre maison commune, et d’en organiser l’usage d’une manière moins inégalitaire. »     __________

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