jeudi 18 avril 2024

Varia

__  Tensions

__ Reconstruire...

__ Retenue...

__ Gisements

__ Harcèlement

__ Mieux avant?

__Flamme olympique

__ L'autre guerre

__ Risque chinois

__ Pour ou contre?

__ Cauchemar soudanais

__ Merci  au gaz russe!

                       _____  VertigineuxExorbitant! Stratosphérique!  ou "indécent"  (comme disait Orwell)?  Il n'est pas le seul. La notion de méritocratie est en question.     C'est un effet spectaculaire du capitalisme néo-libéral et de la production ultra financiarisée, où les gros actionnaires sont rois.    __________  

L’annonce   ____________Selon Romaric Godin,"....L'annonce de la hausse de la rémunération possible du président du groupe Stellantis (fusion de Chrysler, Fiat et PSA), Carlos Tavares, a provoqué de multiples réactions, allant de la CGT à certains collectifs d’actionnaires. Le dirigeant pourrait, au titre de 2023, toucher 36,5 millions d’euros, soit 35,6 % de plus qu’en 2022 et 47,9 % de plus qu’en 2021.      La hausse est effectivement vertigineuse lorsque l’on sait que, sur la même période de deux ans, le salaire moyen du secteur privé en France a reculé de 2,5 % en termes nets. Selon la CGT, le salaire moyen nominal a augmenté sur la même période de 3,7 %, ce qui est inférieur, quel que soit le pays concerné, à l’évolution des prix. Surtout, depuis la création de Stellantis sous la direction de Carlos Tavares, le groupe a réduit notablement ses effectifs de plus de 8,8 %, soit plus de 26 000 postes en moins. Les dix millions d’euros accordés au président du groupe automobile au titre de la « transformation de l’entreprise » ont donc un revers en termes d’emploi.   ____Toutes ces considérations ne gênent pas le moins du monde Carlos Tavares qui est, évidemment, sûr de son bon droit, tant positif que moral. Dans un geste de dédain envers les critiques, il s’est contenté, lors de la visite d’une usine en Moselle, de déclarer : « Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai. » Façon de dire que ce salaire mirobolant est parfaitement légal et qu’il n’y a donc rien à redire à l’affaire.    Quant à l’aspect moral, Carlos Tavares a entonné la musique habituelle du mérite puisqu’une grande partie de sa rémunération dépend des résultats de l’entreprise ; la hausse de son salaire traduisant la bonne santé de celle-ci, mesurée par la croissance de ses profits. « 90 % de mon salaire est fait par les résultats de l’entreprise, donc cela prouve que les résultats de l’entreprise ne sont apparemment pas trop mauvais », a conclu le dirigeant qui semble donc bien se demander ce qu’on peut lui reprocher. ...


                            
Avec la financiarisation de l’économie, la propriété du capital est plus diffuse, mais le pouvoir de ce dernier n’est pas pour autant réduit. Il prend la forme de ce que Michel Aglietta appelle le « capitalisme actionnarial » qui concentre les pouvoirs entre les mains de « salariés » qui deviennent aussi centraux – et donc aussi bien rémunérés – que les capitalistes classiques, détenteurs directs d’entreprises. ...Le salaire de Carlos Tavares n’est donc pas qu’un scandale moral, c’est aussi et peut-être surtout le rappel du mécanisme profond de domination sociale dans lequel nous nous trouvons. La force qui mue la société présente est bien celle de l’accumulation du capital, c’est-à-dire de sa reproduction élargie. Et la ponction que prend, au passage, Carlos Tavares, n’est que la récompense de sa participation active à cette dynamique.    Il n’y a donc pas de contradiction entre la croissance de la rémunération de Carlos Tavares et les suppressions de poste ou la faiblesse des rémunérations des salariés de Stellantis. Bien au contraire, il s’agit là des sources mêmes de cette croissance. Et c’est précisément ce que ces dirigeants entendent par leur « mérite » : leur capacité à produire du profit, l’alpha et l’oméga des sociétés contemporaines.    Ce qui est intéressant, c’est que ces dirigeants sont eux-mêmes en compétition pour déterminer qui est le plus puissant parmi ces puissants. C’est pourquoi une des défenses de ces derniers, et encore dans ce cas de Carlos Tavares, est de demander qu’on compare leurs rémunérations non pas à leurs salariés ou au salaire moyen, mais aux autres dirigeants du même monde. Le président de Stellantis se compare ainsi volontiers à un « joueur de football » ou à « un pilote de formule 1 » pour justifier sa rémunération.   Mais ce « sport » est très particulier. Ce qui est récompensé ici, ce n’est pas simplement une performance physique ou personnelle, mais la capacité à produire plus de profit. En cherchant à être devant dans cette course un peu dérisoire aux salaires à millions, les dirigeants font fonctionner la logique capitaliste de l’accumulation. Ils sont donc eux-mêmes sous la domination permanente de cette logique. Leur pouvoir est donc conditionnel à l’acceptation d’un pouvoir plus grand qu’eux qui les pousse à agir comme ils le font...."             ________________________

L’annonce

L’annonce " ...L'annonce de la hausse de la rémunération possible du président du groupe Stellantis (fusion de Chrysler, Fiat et PSA), Carlos Tavares, a provoqué de multiples réactions, allant de la CGT à certains collectifs d’actionnaires. Le dirigeant pourrait, au titre de 2023, toucher 36,5 millions d’euros, soit 35,6 % de plus qu’en 2022 et 47,9 % de plus qu’en 2021.  La hausse est effectivement vertigineuse lorsque l’on sait que, sur la même période de deux ans, le salaire moyen du secteur privé en France a reculé de 2,5 % en termes nets. Selon la CGT, le salaire moyen nominal a augmenté sur la même période de 3,7 %, ce qui est inférieur, quel que soit le pays concerné, à l’évolution des prix. Surtout, depuis la création de Stellantis sous la direction de Carlos Tavares, le groupe a réduit notablement ses effectifs de plus de 8,8 %, soit plus de 26 000 postes en moins. Les dix millions d’euros accordés au président du groupe automobile au titre de la « transformation de l’entreprise » ont donc un revers en termes d’emploi....                                                                                                               Pour aller plus loin que ces épisodes récurrents d’indignation, il faut peut-être aborder le sujet sous une dimension plus large et s’interroger sur le sens de ces salaires astronomiques dans l’organisation sociale et économique actuelle. Et il faut alors partir de la réalité concrète de cette rémunération.  Le salaire de Carlos Tavares, s’il était de 36,5 millions d’euros sur l’année 2023 (une partie de cette rémunération dépendra de l’activité du groupe d’ici à 2025), représenterait une rémunération de 100 000 euros par jour. Si l’on fait – pour un moment seulement – abstraction de l’inégalité sociale que ce chiffre traduit, on ne peut que s’interroger sur l’usage réel d’une telle somme.                                                                   Personne au monde ne peut avoir « besoin » d’un tel salaire. Il est presque concrètement impossible d’avoir un usage réaliste de ces 100 000 euros quotidiens, surtout lorsque, en tant que dirigeant, une grande partie des dépenses est à la charge de l’entreprise.   Si cette somme n’a pas de fonction concrète, elle a donc une fonction symbolique. Au reste, les seules dépenses que l’on peut engager avec de telles sommes sont d’abord des acquisitions d’ordre symbolique, représentant des dépenses luxueuses. Mais ce qui compte, ici, c’est d’abord le potentiel d’acquisition de ce salaire, bien davantage que ce qui est réellement dépensé. C’est la puissance d’achat qui traduit la puissance sociale dans une société régulée par la marchandise.   Et c’est là le sens profond des inégalités entre ces salariés et la masse des autres. Les salaires à millions et leur croissance ont d’abord pour objet de montrer à la société qui détient les leviers du pouvoir. Car la puissance de l’argent est d’abord une puissance de pouvoir acheter du travail et donc de déterminer l’usage de la vie des êtres humains. Et comme par ailleurs cette puissance est elle-même issue de ce travail, la boucle est bouclée : les masses sont prises dans une domination en aval comme en amont.  C’est en cela que le salaire d’un Carlos Tavares n’a pas la même nature que le salaire d’un travailleur standard. Sur le plan purement légal, il est, il est vrai, salarié, mais sa rémunération est proche de ceux des détenteurs du capital. C’est un phénomène que l’économiste Branko Milanović a appelé « homoploutia » (soit, en grec, « richesse comparable ») : les revenus du capital et ceux du travail des positions les plus hautes s’alignent. Certains pourront y voir la preuve que la distinction entre capital et travail s’amenuise. Mais il n’en est rien..."

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